Nous y voilà presque alors que dès lundi se mettra en branle le dernier Grand Chelem de l'année à New York. Le point de mire principal se portera sur les performances du numéro 1 mondial Novak Djokovic puisqu'il essaie de remporter le Grand Chelem calendaire. Ce haut fait d'armes n'a été accompli que trois fois chez les hommes. Donald Budge en 1938 et Rod Laver en 1962 et 1969 sont les seuls noms que l'on retrouve dans cette catégorie si particulière, soit remporter les quatre Grands Chelems dans la même année en simple.

 

Après avoir échoué dans sa quête de Grand Chelem doré aux Olympiques de Tokyo, Novak s'est transformé en courant d'air sans doute pour d'abord se refaire un moral et aussi trouver la manière de regonfler son égo. Quoi qu'il en soit, tennistiquement parlant, il a tout ce qu'il faut pour écrire son nom dans l'histoire du jeu en plus de dépasser Roger Federer et Rafael Nadal en remportant un 21e Chelem. Ces deux-là sont absents tout comme le champion en titre Dominic Thiem, mais d'autres vont tout faire pour prendre la place. Daniil Medvedev, Alexander Zverev et Stefanos Tsitsipas se sont déjà rendus jusqu'à la ronde ultime dans ce genre d'exercice et semblent être les mieux armés pour grimper l'Everest. En entrevue ce week-end, Novak confie qu'il a hâte de commencer, qu'il est motivé au plus haut point, qu'il se devra de rester dans le moment présent et qu'il espère trouver l'étoile qui le guidera vers le Graal. Alors là, je suis émue, mais qui sait, cela ne serait pas une mauvaise chose que cette étoile le guide entre le boeuf et l'âne gris.

 

Quoique les surprises en Grands Chelems sont monnaie courante et c'est aussi ce qui rend ce genre de tournoi trépidant. Avec la chaleur, l'humidité et le format au meilleur des cinq manches chez les hommes, ce n'est pas toujours le mieux classé qui l'emporte, mais celui qui souffre le moins. En tout cas, épatant à Wimbledon en se rendant jusqu'en demies, j'ai hâte de voir si le 10e mondial Denis Shapovalov va rebondir après trois défaites d'entrée à Gstaad, Toronto et Cincinnati. Il affrontera mardi en milieu d'après-midi sur le Louis Armstrong, le très régulier Frederico Delbonis. Il faut que le Torontois redevienne constant et calme. Denis a souvent été épatant à Flushing Meadows, un endroit rempli de souvenirs qui je l'espère, vont l'inspirer et le propulser.

 

Félix Auger-Aliassime hérite du qualifié Evgeny Donskoy, 152e au monde qui participe à ce tournoi pour une 11e fois. Sa meilleure année c'est en 2013 alors qu'il entre directement dans le grand tableau et se rend jusqu'au 3e tour. Depuis, il vivote avec notamment une seule victoire pour trois défaites cette année sur le circuit de l'ATP. Il est régulier du genre robotique sans plus. Il faut tout de même se méfier car un qualifié avec trois matchs gagnés dans la canicule mérite le respect. Je me permets tout de même de me projeter au deuxième tour en croyant que le veillissant Feliciano Lopez y sera et puis le gagnant de Bautista Agut ou Nick Kyrgios pour la suite. Pourvu que FAA reste dans la continuité de Cincinnati, ça ira. Félix est prévu à 11 : 00 lundi matin sur le terrain 17. 

 

Vasek Pospisil qui tire le diable par la queue cette année avec seulement cinq victoires va peut-être relancer la machine dès le premier tour même s'il affronte la 28e tête de série, le talentueux Fabio Fognini. Dans un premier temps, grâce à son superbe tennis d'attaque, Vasek l'a battu deux fois sur deux, soit en 2015 à Wimbledon et encore plus intéressant, en Coupe Davis en 2019 sur le même genre de surface qu'à New York. Après un début d'année exceptionnel, Fabio est plutôt inconstant et moins lucide sur le terrain. Le match devrait avoir lieu mardi, mais l'heure n'est pas encore connue au moment d'écrire ces lignes.

 

Pour ce qui est des autres Canadiens Brayden Schnur, Peter Polansky et Steven Diez, ils se sont malheureusement inclinés dès le premier tour des qualifications. Milos Raonic est absent du tableau principal puisqu'il souffre encore d'une blessure à un talon. Milos n'a joué qu'un match depuis Miami à la troisième semaine de mars. Ouch...

 

Chez les dames, point de Serena ou de Venus, mais Bianca Andreescu foule à nouveau le site qui l'a propulsée parmi les étoiles planétaires en 2019. Elle avoue candidement qu'en pénétrant sur le terrain Louis Armstrong pour l'entrainement cette semaine, elle a ressenti la chair de poule l'envahir. Oui, il faut qu'elle soit inspirée à chaque match parce que toutes les filles veulent sa peau! Pour son premier duel, les organisateurs ont programmé Bibi sur le plus grand terrain de tennis au monde soit le Arthur Ashe, mardi, deuxième match en soirée après Djokovic, face à la médaillée d'argent en double féminin aux Olympiques, Viktorija Golubic 45e au classement du simple. Sans être très puissante, la Suisse est régulière, disciplinée et bouge assez bien. Puis, ce sera peut-être la petite Américaine Lauren Davis et après potentiellement la championne de Roland-Garros en 2017, Jelena Ostapenko, qui a mis un peu d'ordre dans son jeu pour se retrouver à la 29e place. On se croise les doigts, ce n'est pas un mauvais tableau et c'est bien ainsi parce que notre Canadienne a 2000 points à défendre à ce US Open.

 

Leylah Fernandez a quant à elle une revanche à prendre face à la qualifiée Ana Konjuh qui l'a battue difficilement à Madrid cette année, 6-4 au 3e set. Ce qu'il faut savoir, c'est que la Croate atteignait les quarts à New York en 2016 et qu'elle était 20e au monde. L'année d'avant, à 15 ans, elle a gagné deux majeurs chez les juniors à Melbourne et était annoncée comme une merveille à la Tracy Austin ou Martina Hingis. Sauf qu'à chaque balle qu'elle frappe, même à cet âge, Ana a ressenti une douleur au coude. Eh bien depuis trois ans, elle est presque toujours sur le carreau puisqu'elle a subi quatre opérations au coude droit, dont la dernière est la plus importante car il s'agit d'une reconstruction. Le genre de chirurgie surtout vu au baseball pour alléger la douleur des lanceurs. Vous vous doutez bien que Konjuh est coriace, dure au mal, déterminée et j'en rajoute: de 477e en début d'année, la voici 87e grâce à 34 victoires. Fernandez se devra d'être leader dès le départ et de ne jamais lever le pied. Ce duel aura lieu lundi dès 11 : 00 sur le terrain 14. 

 

Que dire de notre grande Rebecca Marino qui s'extirpe des qualifications en battant trois joueuses mieux classées qu'elle. Bonne continuité donc après son troisième tour à Montréal grâce à des victoires relevées devant Madison Keys (26e) et Paola Badosa (31e). Après avoir goûté au très haut niveau chez nous face à Aryna Sabalenka qui est deuxième favorite à New York, Rebecca devra se transcender à l'attaque puisque la 5e favorite Elina Svitolina l'attend dès le premier tour à ce US Open. Fraichement médaillée de bronze à Tokyo et demi-finaliste à New York en 2019, Madame Monfils est très, très régulière et combative. Ce beau duel sera présenté lundi, 3e match en après-midi sur le terrain 17 après les rencontres de Félix et Angie Kerber. 

 

Bon et bien, ne me reste qu'à féliciter les organisateurs de la USTA menés par la directrice du tournoi, la Canadienne Stacey Allaster, qui ont grimpé la bourse globale à 57,5 millions $ américains, un record. Pourquoi leur rendre hommage? Parce que l'an passé il n'y avait pas de qualifications ce qui était vraiment injuste pour les joueurs classés au-delà de la 100e place. Ils ont admis leur erreur et cette année offrent 66% de plus pour les valeureux guerriers en qualifs!

 

Dans les faits, cela veut dire 20 000 $ pour un premier tour perdu, 42 000 $ en s'inclinant au troisième tour des qualifs. Ils ont aussi amélioré le sort des joueurs qui perdent aussi tôt dans le tableau principal alors que la bourse grimpe de 23%. Pour une défaite au premier tour, le joueur(euse) encaisse soit 75 000 $. En espérant que les autres Grands Chelems vont emboiter le pas. De cette manière, le joueur moins bien classé peut se faire un budget qui a pas mal plus de bon sens et prévoir aussi voyager avec un entraineur de qualité. À titre d'exemple, Djokovic a remporté sur le terrain près de 151 M$ en carrière tandis que le 100e mondial Stefano Travaglia a gagné un peu plus que 1,8 M$ en 13 ans sur le circuit ce qui représente 138 000 $ par saison. La marge entre les deux est trop grande alors bravo à la USTA d'avoir donné le ton.