LOS ANGELES (AFP) - À 30 ans, la Française Mary Pierce a réussi l'un des retours les plus marquants du tennis féminin avec une saison qui est allée crescendo avant de s'achever sur une finale du Masters, certes perdue face à sa compatriote Amélie Mauresmo, dimanche à Los Angeles (Californie).

Après une saison 2001 quasiment blanche, puis un long naufrage jusqu'à la 295e place mondiale en cours d'année 2002, Pierce a progressivement retrouvé un rang plus conforme au talent qui lui a permis de remporter deux Grands Chelems, l'Open d'Australie en 1995 et Roland-Garros en 2000.

Cinquante-deuxième du classement WTA fin 2002, 33e fin 2003, elle avait fini l'année dernière à la 29e place.

En janvier dernier, sa seizième année professionnelle a commencé sur des bases inquiétantes avec une élimination au premier tour de l'Open d'Australie et une défaite, face à Amélie Mauresmo, au 2e tour du tournoi de Paris, en février.

Il a fallu attendre la fin du printemps pour percevoir les signes du renouveau avec une finale à Roland-Garros, onze ans après la première.

Affamée

Ce regain, que beaucoup craignaient furtif, lui a permis malgré tout de réintégrer le Top 20 (N.13) le 6 juin pour la première fois depuis 4 ans.

Quart de finaliste à Wimbledon, elle s'est offerte une petite friandise avec le titre en mixte et, dans la foulée, a remporté le tournoi de San Diego, son deuxième succès - après Bois-le-Duc 2004 - depuis Roland-Garros 2000.

Cinq ans de sevrage qui ont rendu Pierce encore plus affamée: A l'US Open, pour la 6e finale d'un Grand Chelem de sa carrière - la 2e de l'année -, seule la Belge Kim Clijsters, elle aussi auteur d'un extraordinaire +come-back+, a pu barrer sa route.

En repartant de New York, le 12 septembre, Pierce intégrait le Top 10 (N.6) pour la première fois depuis 2001, puis, lors de sa sortie suivante, ajoutait un 18e titre à son palmarès en s'imposant à Moscou. Une victoire grâce à laquelle elle est revenue dans le Top 5, au 5e rang, son meilleur classement depuis le 22 octobre 2000.

Sa superbe semaine californienne, malgré la défaite face à son amie Amélie Mauresmo, est venue ajouter un peu de saveur à une année déjà formidable.

Sérénité, fraternité

Ce retour est en partie explicable par une sérénité retrouvée: Après avoir grandi sous la protection d'un père bien trop encombrant, Pierce a décidé cette saison de faire équipe avec son frère David. L'association toute naturelle semble faire des merveilles.

Sa sérénité est aussi liée à une foi dont elle ne se cache pas. Énorme cogneuse - certaines de ses adversaires disent qu'elles n'ont jamais vu une joueuse frapper aussi fort, aussi bien -, Pierce agrémente cette puissance d'une qualité tactique obtenue avec l'expérience de toutes ces années sur le circuit.

Quand cela sourit, comme cette semaine, elle propose un jeu d'un très haut niveau. Du niveau d'une N.1 mondiale? "C'est mon ambition", lâche en tout cas Pierce qui sait qu'elle vient successivement de battre en quatre jours les N.2 (Clijsters), N.4 (Mauresmo, en rencontre de poule) et N.1 mondiales (Davenport).

Cette ambition logique est tout à fait réalisable en 2006, d'autant qu'elle n'aura pas de points à défendre en début de saison, mais entièrement dépendant d'une inconnue: son corps qui l'a souvent trahie par le passé et l'a obligée à quelques moments de repos cette saison.

Mais Pierce veut rester positive: "Cela m'a permis de faire des pauses, de souffler", lance la Française qui finit l'année N.5 mondiale. Et heureuse d'être de retour.