Quel feu d'artifice Félix Auger Aliassime nous présente jeudi soir au 2e tour des Internationaux des États-Unis!

 

C'est le cas de le dire : Andy Murray n'y voit que du feu! Ce qui m'impressionne grandement c'est que le québécois ne lève JAMAIS le pied dans cette rencontre. De la première à la dernière balle, FAA applique une pression monstre sur l'ancien numéro no 1 mondial et triple champion Grand Chelem.

 

Bien conscient que sa victoire face au robuste Thiago Monteiro n'était qu'une mise en bouche, bien que l'entrée était copieuse et délicieuse par moments, il fallait absolument amener la boîte à outils au grand complet pour démembrer toutes les astuces de celui qui aura été l'un des meilleurs dans la fabuleuse ère du Big 3 (Federer, Nadal, Djokovic).

 

Bravo aussi à son coach Guillaume Marx qui prépare si bien Félix pour ce grand défi. Peu importe les aspects du jeu, tout est en place et Félix me donne l'impression d'être chez lui sur cette immense scène de spectacle. Son service est majestueux : 24 as et seulement 2 petites double fautes en 2 heures 7 minutes. Ses pourcentages de réussite au service sont si élevés que Murray, lui, le si grand contreur-retourneur, ne s'offre même pas une seule petite miette en balle de bris.

 

Ce n'est pas tout; dans ce format au meilleur des cinq manches, il faut garder les yeux fixés sur le but ultime : ne pas déroger du plan de match même si au fil de la rencontre Murray s'améliore en fond de terrain et comprend mieux les patrons d'attaque de Félix. Tant et aussi longtemps que l'Écossais est sur le terrain, il est dangeureux et Félix le sait. Il continue donc de le désarmer avec son service, en le promenant gauche-droite intensément, en montant et, tiens, tiens, comme pour l'écoeurer un peu plus, il ajoute quelques amorties au 3e set. Ouf, quel calvaire pour Andy le marathonien, qui termine son match précédent face à Nishioka les pieds en sang...

 

Il faut continuer maintenant et revenir les pieds sur terre tout en gardant le coeur léger, alors que le prochain adversaire n'est pas encore connu en raison de la pluie hier soir. Daniel Evans et Corentin Moutet sont à égalité un set partout et tard au 3e set et devront finir leur match aujourd'hui. Aller loin en Grand Chelem, c'est comme grimper une échelle. La différence, c'est que chaque marche amène son lot de défis. Peu importe, je dépose un sceau d'honneur sur ce triomphe de Félix, son plus beau selon moi chez les pros.

 

Et les autres Canadiens dans tout ça?

 

Bon, les autres Canadiens maintenant! Vasek Pospisil m'épate face à Milos Raonic au 2e tour. On sait que la rivalité est grande entre les deux hommes de la même génération et que Milos s'est développé beaucoup plus en connaissant de très forts moments sur le circuit. Il nous arrive d'ailleurs avec une belle finale la semaine dernière dans un match qu'il aurait pu gagner alors qu'il mène 2-0 au 3e set devant le meilleur des meilleurs, Novak Djokovic.

 

Raonic mène par un set et à 2-2 à la seconde manche, Vasek se fait mal aux abdominaux. Le soigneur intervient et lui fait un massage. Je dois vous avouer que je ne donne pas cher de sa peau à ce moment-là. Mais oh surprise, il rebondit tel un petit veau dans les prés au printemps pour épuiser l'ancien 3e mondial. Pospisil aussi sert majestueusement bien. C'est ce qui le gardera fermement ancré pour voguer vers la victoire. Le coriace Roberto Bautista Agut l'attend au port pour le 3e tour. Avec un service comme celui de Vasek, tout est possible si les jambes restent fortes.

 

Denis Shapovalov est le premier à tenter de se qualifier pour le 3e tour de l'US Open mercredi soir. Il affronte le Koréen Soonwoo Kwon, 74e mondial. Quelle grosse bataille de 3 heures 42 minutes les deux jeunes protagonistes nous livrent! Ce que j'apprécie le plus dans cette rencontre, au-delà des parades à couper le souffle des deux joueurs, c'est la belle attitude de notre Canadien pendant presque quatre heures. Un vrai tour de force ne pas péter les plombs après la perte de la première manche.

 

Denis se bat comme un forcené d'abord pour comprendre le jeu de Kwon, tout faire pour trouver des failles, sauver deux balles de bris et rester positif malgré son manque de succès en retours. Ouf, ça fait beaucoup pour notre jeune pétaradant bourré de talent! Finalement, avec quelques petits changements en position de retour et du punch au service, Denis se donne une belle avance de 5-2 dans le bris d'égalité du premier set AVEC deux points au service à suivre. Tout à coup, plus rien au bout de la raquette, que des erreurs alors que Shapo perd cinq points de suite pour offrir le set sur un plateau d'argent.

 

Plutôt que de perdre le nord parce qu'il est super frustré (on le serait à moins), notre canadien reste calme et confiant. Comme c'est payant toutes ces scéances avec un psychologue pour être mieux armé à faire face aux frustrations inhérentes à ce métier. Denis repart à la bataille et réussit à faire tourner un tout petit peu le match en sa faveur à la 5e partie du 2e set qu'il remporte 6-4. Mais Kwon est impressionnant de résilience et passe le message qu'il ne faiblit pas physiquement alors qu'il brise pour une première fois pour prendre les devants 4-2 troisième manche.

 

Tout de suite après, plus brillant que jamais, Denis renverse tout cela en prenant les commandes grâce à trois bris de suite! Le Koréen n'arrive plus à suivre à la 4e manche. Cela aura pris au delà de trois heures à Denis pour réussir à ouvrir le coquillage. Quelle performance remplie de résilience et surtout de maturité. Mille fois bravo! Au 3e tour, Shapo affronte Taylor Fritz, 19e favori qui n'a jamais pris un set à Denis en deux matchs. Attention cependant, l'Américain s'améliore et il faut le prendre au sérieux car il est dangeureux avec ses accélérations au service et en coup droit. Ce face à face a lieu cet après-midi sur le central. Il s'agit du troisième Canadien sur le central cette semaine... Mais qui l'eut cru il y a 20 ans?

 

Immense honneur est aussi donné à notre jeune de 17 ans Leylah Fernandez qui affronte la championne des Internationaux d'Australie Sofia Kenin elle aussi sur la plus grande scène de tennis au monde. Leylah accumule les références avec des victoires de premier plan cette année face à Belinda Bencic (5e au monde) et deux fois la championne du US Open en 2017 et ancienne 3e mondiale Sloane Stephens pour atteindre une autre étape dans sa jeune carrière, soit le top-100.

 

Dans cette rencontre de 2e tour, je ne la sens pas en énergie du tout et c'est dommage parce qu'elle reste positive et se bat au meilleur de ses capacités ce qui la garde en proximité de la 2e tête de série. Mais à chaque fois qu'un point important se profile, elle fait une faute directe. Toujours elle tire de l'arrière et à chaque fois la remontée est possible mais il lui manque ce petit quelque chose de spécial pour mettre un peu plus de pression sur Kenin. De son côté quand l'Américaine a besoin d'élever son niveau elle y arrive avec panache.

 

Peu importe, c'est une expérience qui lui servira dans le futur. N'oublions pas qu'elle est encore toute jeune. La bonne nouvelle, c'est qu'elle apprend vite comme tous les surdoués...