5 juin 2016 : Novak Djokovic embrasse, enfin, la tant convoitée Coupe des Mousquetaires. Deux ans plus tard, le Serbe, ex-no 1 éjecté du top-20, cherche désespérément à retrouver la recette du succès.

Quand il soulève le trophée de Roland-Garros ce dimanche de juin, Djokovic (31 ans depuis mardi) est à l'apogée de sa carrière. Numéro 1 mondial irrésistible ou presque, il vient de compléter sa collection de titres du Grand Chelem et détient même les quatre dernières couronnes (sur deux saisons), un exploit rarissime.

C'est pourtant le point de départ d'une longue descente aux enfers, entre crise de motivation, panne de confiance et blessure. Sa finale à la Porte d'Auteuil est alors sa douzième sur les quinze dernières en Grand Chelem. Depuis, il n'en a plus disputé qu'une. Et n'a remporté que trois tournois mineurs.

En juin 2016, son triomphe sur la terre battue parisienne couronne une première moitié de saison phénoménale, ponctuée de six titres (dont aussi les Internationaux d'Australie, Indian Wells, Miami et Madrid) et seulement trois défaites.

La deuxième partie ne lui ressemblera en rien: Djokovic ne s'imposera qu'à Toronto. Il connaîtra encore quelques hauts (deux finales perdues, aux Internationaux des États-Unis, contre Wawrinka, et lors du Masters, contre Murray) mais surtout des bas (défaite au 3e tour à Wimbledon, d'entrée aux J.O.).

Des résultats en berne qui lui ont coûté en fin de saison sa place sur le trône du tennis mondial, qu'il occupait depuis juillet 2014, au profit d'Andy Murray.

Coude et tête en vrac

2017 ne réserve pas d'embellie au Serbe. Il n'empoche que deux tournois mineurs (Doha et Eastbourne) mais n'y arrive plus dans les grands rendez-vous. À Melbourne, il cède dès le deuxième tour. À Paris, où il se présente dans la peau du tenant du titre, il est étrillé en quarts de finale par l'Autrichien Dominic Thiem, qui lui inflige même un 6-0 dans le troisième set.

Il s'est séparé quelques semaines plus tôt de l'ensemble de son entourage de longue date, Marian Vajda (entraîneur), Gebhard Gritsch (préparateur physique) et Miljan Amanovic (physiothérapeute). Puis s'est offert les services d'Andre Agassi peu avant Roland-Garros. Mais l'électrochoc destiné à lui permettre de « retrouver l'étincelle sur le terrain » fait long feu.

À Wimbledon début juillet, Djokovic est contraint d'abandonner en quarts de finale (contre Berdych).

Coude droit en vrac, mais aussi (surtout ?) tête à l'envers, il met un terme prématuré à sa saison. Pour le corps, pour l'esprit aussi.

Mais 2018 ne s'ouvre pas sous les meilleurs auspices. Pour son retour sur le circuit, "Djoko" chute en huitièmes de finale en Australie et finit par se résoudre à se faire opérer de son coude récalcitrant. Son retour précipité lors de la tournée américaine est calamiteux (deux revers d'entrée). « Je n'étais pas prêt à jouer à ce niveau physiquement », reconnaît-il. De nouveau, le Serbe fait le ménage dans son entourage : exit Agassi et Radek Stepanek, avec lequel il ne collaborait que depuis fin novembre, rebonjour Vajda, au moins le temps de la saison sur terre battue.

« Personne ne me force »

Une campagne sur ocre au cours de laquelle l'ex-no 1 mondial, éjecté du top-20 pour la première fois depuis douze ans (22e), a semblé retrouver, au moins épisodiquement, des couleurs. Deux ans après son dernier succès de prestige, il n'est toujours pas à l'abri de passages à vide, n'a pas débarrassé son jeu de toutes ses taches, mais joue « enfin sans avoir mal » et connaît quelques moments encourageants. À Rome, il est ainsi venu à bout du Japonais Kei Nishikori, avant de tenir tête à Rafael Nadal le temps d'un set de haute volée, pour sa première demi-finale depuis près d'un an.

La bonne nouvelle, c'est que sa soif de vaincre transparaît de nouveau. La moins bonne, c'est qu'il apparaît encore à la peine sur le plan physique.

Djokovic l'assure, devant la presse comme dans les messages qu'il partage régulièrement sur les réseaux sociaux, sa détermination à retrouver les sommets, elle, ne faiblit pas.

« Personne ne me force à jouer, soulignait-il dernièrement à Madrid. Je joue parce que j'aime ça, parce que je veux jouer. C'est de là que je tire ma force. Et aussi longtemps que je serai passionné par ce sport, je continuerai. »