MONTRÉAL - Richard Legendre croit revivre le passé.

Alors que son successeur à la tête de la Coupe Rogers Eugène Lapierre a commencé sa croisade pour la construction d'un toit sur le stade IGA, Legendre dresse plusieurs parallèles avec la situation qu'il a vécue il y a environ un quart de siècle.

Legendre avait été le chef de file du projet de construction du nouveau stade de tennis du parc Jarry, qui a finalement été utilisé pour une première fois lors du tournoi de 1996. Dans le cadre d'une conférence de presse soulignant la 40e édition du tournoi montréalais, vendredi, Legendre a rappelé qu'il avait dû convaincre six gouvernements avant de finalement obtenir le feu vert pour son projet.

«Il s'était écoulé six ans entre le moment où nous nous étions dit qu'il fallait reconstruire le stade et le moment où ça s'est fait, a raconté Legendre. Et à cette époque, c'était évident qu'il fallait le faire parce que le stade Jarry de l'époque était pittoresque et tombait un peu en morceaux. C'était une urgence.»

«La notion de toit est peut-être plus difficile à saisir pour les gens qui voient que le tournoi va bien. C'est plutôt la notion qu'il faut suivre la parade, rester compétitif. (...) Dans ce sens, Eugène procède très bien actuellement. Il donne le temps à l'idée, au concept, au projet d'entrer dans l'esprit des décideurs.»

Jeudi, Lapierre a pris le temps de contrer «une diffusion répétée d'informations erronées» par des groupes s'opposant au projet d'ajout d'un toit sur le stade IGA. Il a aussi rappelé que la pression ne venait pas vraiment des hautes instances du tennis international, mais plutôt d'ailleurs dans le monde, où des groupes ont manifesté un intérêt pour l'organisation de tournois.

«Qui aurait pensé à installer un toit à Wimbledon? Si Wimbledon doit améliorer ses installations, ça envoie un message à tout le monde, a affirmé Legendre. Il ne faut pas être complaisant ou pécher par excès de confiance. Eugène Lapierre voit une nouvelle tendance. Les quatre tournois du Grand Chelem ont décidé de se munir d'un stade couvert et là, les Masters emboîtent le pas. Il faut être visionnaire et regarder plus loin.»

Legendre a également travaillé chez l'Impact de Montréal de 2007 à 2018. Il était aux côtés de Joey Saputo l'automne dernier, quand le propriétaire de l'équipe de la MLS avait exprimé des inquiétudes concernant la croissance à grande vitesse du circuit.

«À un moment donné, nous ne nous battons plus à armes égales avec d'autres villes, d'autres promoteurs ou investisseurs, a mentionné Legendre. Si vous regardez les plus récents projets de stade en MLS, avant la norme était à 100 millions de dollars et elle est maintenant à 250 millions de dollars. C'est la même chose si vous voulez suivre la parade. Nous sommes dans les grandes ligues.»

«En Formule 1, il a fallu rénover les paddocks. Nous sommes bien contents d'être là, mais il y a des obligations qui viennent avec cette présence dans les événements majeurs.»

Lapierre estime que le projet d'ajout d'un toit rétractable sur le stade IGA coûtera 70 millions $. Il espère voir le projet arriver à terme à temps pour l'édition 2023 du tournoi. Legendre a espoir de voir le projet réussir, mais il sait que son ami devra faire preuve de patience.

«Les investissements publics dans les stades qui sont aussi profitables socialement parlant à plusieurs égards, ce sont de bons investissements, a insisté Legendre. Mais il faut prendre son temps.»

«Nous, nous avions dû convaincre six gouvernements à cause des élections municipales, provinciales et fédérales. Mais la meilleure preuve que c'est une bonne idée, c'est quand vous réussissez à convaincre les partis, peu importe lesquels. Mais ça prend du temps.»