Novak Djokovic est allé chercher quelques références en remportant lundi dernier le Masters 1000 de Rome. Le Serbe s'est accroché lorsqu'il le fallait durant la semaine et a aussi réussi à se décrocher de la mémoire le triste épisode de sa disqualification aux Internationaux des États-Unis en la remplaçant par celle d'un champion soulevant le trophée. Ce qui m'a impressionnée durant la conférence de presse suivant son triomphe, c'est que déjà, il était bien au courant des conditions de jeu annoncées pour le Majeur Parisien : pluie et temps froid ce qui veut dire : terre lourde, rebond bas et jeu lent. En plus, il n'y a qu'un toit sur le Philippe Chatrier donc il va falloir s'armer de patience.

 

Novak, numéro 1 mondial, installé tout en haut du tableau, sait bien que ces conditions-là ne favorisent pas l'ogre de l'ocre Rafael Nadal, titré 12 fois à la Porte d'Auteuil. Rappelons-nous que Djokovic n'a gagné Roland-Garros qu'une seule fois, soit en 2016 sans affronter le Majorquin puisqu'il déclare forfait après deux tours, blessé au poignet. En tout cas, ni un ni l'autre ne devrait trop souffrir avant le 3e tour. Pour le Serbe, cela pourrait être contre Tennys Sandgren ou Hubert Hurkacz. Du côté de Rafa, un possible affrontement avec Kei Nishikori ou Daniel Evans est une possibilité à son 3e match.

 

Le champion des Internationaux des États-Unis Dominic Thiem devra faire rouler le turbo d'entrée puisqu'il affronte Marin Cilic qui est venu bien près de le pousser au 5e set à Flushing Meadows, il y a deux semaines. Thiem, 3e favori, a pris du temps pour récupérer de la folle débauche d'énergie lors de la quinzaine à New York, mais est-ce assez pour trouver les bons réglages sur terre? Comme il a grandi sur cette surface, on peut croire que oui, mais de là à se pourlécher les babines de bonheur à l'idée d'un carré d'as Nadal/Thiem, il y a de la marge.

 

Nos Canadiens maintenant. Milos Raonic a décidé de déclarer forfait puisque disputer un tournoi sur terre au meilleur des 5 manches c'est trop de stress pour ses genoux. Milos préfère se concentrer sur la fin de l'année sur dur à l'intérieur. Le meilleur Canadien au classement Denis Shapovalov, 10e, affrontera le vieillissant Gille Simon d'entrée puis possiblement Dimitrov, Krajinovic ou Tsitsipas. Denis a tellement joué récemment, je me demande comment il va faire pour encaisser toute cette charge de travail que représente un Grand Chelem sur terre battue.

 

Le Canada bien représenté à Roland-Garros

Quant à lui, Félix Auger-Aliassime ne peut que mieux jouer à Paris alors qu'il a une belle revanche à prendre face à Yoshihito Nishioka qui préfère les surfaces dures. On n'a pas vu le vrai FAA à Rome, ni à Hambourg. Au moins en 3 sets gagnants, Félix aura plus de temps pour trouver son meilleur tennis.

 

Vasek Pospisil en aura plein les bras face au 8e mondial Matteo Berrettini. On connait le service puissant et le coup droit de feu de l'Italien, mais c'est le genre de défi que Vasek adore. En plus, il n'a pas joué depuis ses folles et belles aventures à New York, donc il sera frais et dispo. La bataille devrait être belle.

 

Que dire aussi de cette belle surprise alors que le Canadien de 29 ans Steven Diez s'est extirpé des qualifications pour finalement goûter pour une première fois aux joies d'un tableau principal en Grand Chelem. Après toutes ces années à trimbaler son baluchon aux quatre coins de la planète pour disputer des Challengers, je me réjouis pour lui! Comme cet honneur est mérité! 

 

À part cela chez les hommes, deux affrontements super intéressants de premier tour, d'abord entre Stan Wawrinka et Andy Murray. On parle ici de triples champions Grand Chelem chacun! Aussi un beau duel à prévoir entre le jeune Yannick Sinner et le vétéran, expert de la terre, David Goffin. 

 

Chez les dames, d'entrée on constate les absentes de renom qui laissent bien de la place aux autres. Quatre membres du top-10 manquent à l'appel, soit la championne en titre Ashley Barty tout comme Naomi Osaka, titrée à New York, mais qui préfère régler ses problèmes à la cuisse, Bianca Andreescu toujours incommodée par des pépins à un pied ainsi que Belinda Bencic. Je vous rappelle que Serena Williams sera de la partie, elle qui tente toujours - avec une 24e couronne Grand Chelem - d'égaler le record de Margaret Court. Cela s'annonce difficile pour l'Américaine puisque dès le 2e tour elle pourrait affronter Tsvetana Pironkova qui lui avait arraché un set à New York récemment. Dans sa petite portion menant aux rondes des 16, il y a aussi sa soeur Venus ainsi que Victoria Azarenka!

 

Nous avons deux valeureuses Canadiennes dans le tableau. Eugenie Bouchard, invitée des organisateurs qui en cravache un coup pour retrouver un classement digne de la qualité de son jeu. En un peu plus de 6 semaines, Genie passe de la 330e place à la 168e! La Canadienne se mesure à la jeune Russe de 21 ans Anna Kalinskaya, 108e mondiale, qui en sera à une première fois dans le grand tableau de Roland Garros. Kalinskaya n'a gagné que deux matchs en carrière en Grands Chelems. Bouchard a beaucoup plus d'expérience, mais n'a pas joué en compétition depuis le 13 septembre. Peu importe, elle a tout de même gagné 6 rencontres sur 7 à Istanbul sur terre battue. Il faudra être d'attaque dès le premier point contre cette Russe au jeu typiquement stéréotypé : solide en fond de terrain, droitière avec un revers à 2 mains qui frappe principalement à plat.

 

Leylah Fernandez remporte l'an dernier le titre chez les juniors, vous vous souvenez? Cette année, à 18 ans seulement, la voici dans le grand tableau de son propre chef puisqu'elle est 100e mondiale. Elle affronte la Polonaise Magda Linette qui est 31e tête de série. Il s'agit d'une joueuse d'expérience qui a remporté deux titres sur le circuit et qui est solide en fond de terrain. Il faudra que Leylah la déstabilise avec des amorties et quelques schémas d'attaque. La bonne nouvelle c'est que notre jeune Canadienne n'a peur de personne.

 

Allez, si le ciel ne nous tombe pas sur la tête d'ici là, le coup d'envoi de Roland-Garros sera donné dimanche matin. À l'origine, les organisateurs prévoyaient 20 000 spectateurs par jour et 10 000 pour la finale. Puis, cela fut réduit à 11 500 personnes par jour. Et encore à 5000 sur tout le périmètre grand de 12 hectares. Finalement le premier ministre Jean Castex tranche : 1000 chrétiens seulement en plus du personnel accrédité ce qui représente des millions d'euros qui s'envolent en fumée. Cela va sonner creux sur le central, mais au moins, on jouera...