OTTAWA - Les Comités olympique et paralympique canadiens ont pris la bonne décision en annonçant qu'ils n'enverront pas d'athlètes aux Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo au cours de l'été 2020.

C'est l'opinion qu'a exprimée le premier ministre Justin Trudeau lors de sa conférence de presse quotidienne, lundi matin, à Ottawa.

«Je sais que c'est une décision crève-coeur pour tant de personnes - les athlètes, les entraîneurs, le personnel et les amateurs. Mais il n'y a aucun doute que c'est la bonne décision et tout le monde devrait suivre leur direction», a déclaré M. Trudeau.

Selon M. Trudeau, le premier ministre japonais Shinzo Abe «est très conscient des défis» liés aux efforts visant à lancer les Jeu à temps.

En principe, les Jeux olympiques de Tokyo doivent se mettre en branle le 24 juillet, suivi des Jeux paralympiques, le 25 août.

David Shoemaker, chef de la direction du COC, a déclaré que l'organisation avait réagi aux directives du gouvernement du Canada.

«Le point tournant est survenu quand le gouvernement du Canada a mis l'accent sur l'importance d'aplanir la courbe et sur la distanciation sociale, et nous avons réalisé que la question n'était pas autant 'pourrions-nous envoyer une délégation d'athlètes, d'entraîneurs, des membres de la mission ainsi que des supporters à Tokyo pour compétitionner de façon sécuritaire en juillet 2020», a fait remarquer Shoemaker lors d'une conférence téléphonique.

«La question, c'était de savoir s'il était juste et approprié de demander à nos athlètes de s'entraîner pour ces Olympiques en juillet ici au Canada, et de se placer eux-mêmes, leur famille et leur communauté à risque? Et la réponse à cette question était non.»

Le sprinteur étoile canadien Andre De Grasse dit s'être réveillé avec des sentiments mitigés après avoir appris la décision du COC.

«C'était un geste audacieux. J'ai été très surprise», a déclaré De Grasse dans un communiqué.

«Jusqu'à ce matin, je faisais de mon mieux en m'entraînant sur un terrain de soccer en gazon après que notre complexe habituel d'entraînement a été fermé. J'étais anxieux de vaquer à mes occupations et de m'entraîner alors qu'une si grande partie du monde se trouvait en quarantaine. D'un côté, j'ai besoin de demeurer à la maison avec ma famille; de l'autre, j'ai besoin de continuer de m'entraîner.»

«Après quelques solides résultats aux Championnats du monde de l'an dernier, j'étais excité en pensant aux Jeux cet été et l'entraînement allait très bien. À ce stade-ci, je vais devoir m'asseoir avec mon entraîneur et revoir mes plans d'entraînement. En ce moment, nous sommes en mode attente.»

Dimanche, le Comité international olympique avait fait savoir qu'il comptait prendre une décision sur le report ou non des Jeux au cours des quatre prochaines semaines et qu'il n'écartait pas un report. Le président du CIO, Thomas Bach, a indiqué que l'annulation complète des Jeux n'est pas un scénario envisagé.

Plus tard en soirée, le COC et le CPC ont annoncé conjointement leur décision. Au passage, les deux organismes canadiens ont lancé un «appel d'urgence» au CIO, au Comité international paralympique et à l'Organisation mondiale de la santé de reporter les Jeux d'un an, tout en leur promettant de collaborer et de les soutenir pour traverser les complexités provoquées par un report des Jeux.

Le CIO et le Comité olympique japonais ont maintes fois déclaré que les Jeux allaient avoir lieu comme prévu.

Toutefois, le discours de M. Abe a changé, dimanche, et il a reconnu qu'un report des Jeux de Tokyo deviendrait inévitable si l'événement ne peut être présenté d'une manière complète à cause du coronavirus.

À la suite de nombreuses annulations, seulement 57 pour cent des laissez-passer devant venir des épreuves de qualifications ont été déterminés.

Depuis les premiers Jeux de l'ère moderne, en 1896 à Athènes, seules des Guerres mondiales ont forcé l'annulation des Jeux, en 1916, 1940 et en 1944.

Des boycotts majeurs ont perturbé les Jeux de Montréal, en 1976, de Moscou, en 1980, et de Los Angeles, en 1984.