J’adore les histoires et j’aimerais vous en raconter une belle sur la ville d’Halifax. Et non, je ne ferai pas un Robert-Guy Scully de ma personne en vous racontant celle de l’explosion de 1917 dans le port de Halifax.

Qu’est-ce qui marque le touriste qui visite Halifax? La Citadelle, juchée sur le sommet de la colline au beau milieu de la ville, l’abondance de fruits de mer au menu de tous les restaurants, l’abondance de pubs irlandais au centre-ville et… l’interdiction de porter du parfum.

Oui, oui, vous avez bien lu : interdiction de porter du parfum. En 2000, Halifax est devenue le premier grand centre en Amérique du Nord à se doter d’une telle « loi ».

Les endroits publics sont visés par cette interdiction un tantinet cocasse : les écoles, les hôpitaux, les bureaux municipaux, les bibliothèques, les palais de justice, les transports en commun. Virtuellement, les seuls endroits où vous pouvez porter du parfum sont votre maison et votre voiture.

Vous devinerez qu’Halifax est, à l‘époque, devenue le champ de bataille des pro-parfums et des anti-parfums. D’un côté, des gens souffrant de sensibilité chimique multiple déclarant que les ingrédients des parfums ne sont plus naturels, mais plutôt cancérigènes et irritants. Certains opposants avançaient même que ces produits nocifs pénétraient dans les gras humains et, éventuellement, dans le lait maternel. D’autres allaient encore plus loin, déclarant que ces arômes chimiques empoisonnent la planète et les gens plus que le tabac et les pesticides. Rien de moins!

À l’autre bout du spectre, l’industrie des produits cosmétiques avait répliqué, avançant que les informations véhiculées par les opposants étaient fausses et qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Certains opposants au projet ont même qualifié le mouvement de « Halifax Hysteria. »

Sur le terrain, des étudiants avaient été suspendus de l’école pour avoir porté des gels à cheveux trop puissants, une femme de 84 ans avait été expulsée de l’hôtel de ville pour avoir porté son parfum habituel, une femme avait subi le même sort pour avoir porté un parfum trop « sucré » à bord d‘un autobus, des employeurs avaient demandé à leurs employés de ne pas utiliser un rince-bouche trop puissant!

Des belles batailles de rue, des beaux doubles-échecs au visage, de l‘intensité dans les coins… comme dans le temps des six clubs!

À l’époque, même le Boston Globe avait consacré un article sur la polémique.

Maintenant, que je n’entende plus personne dire qu’il ne se passe jamais rien dans les provinces atlantiques! La Guerre du Nez, ce n’était pas rien.

Et maintenant en 2011? Mon petit doigt me dit que les ayatollahs du parfum se sont fait dire par la grande majorité des habitants d’Halifax de manger un kilo de bon sens et que la situation est plus calme.

Certes, on voit un peu partout des panneaux demandant aux gens de ne pas porter de parfum, mais pas l’impression que quelqu’un va se faire arracher la tête dans un restaurant parce qu’il s’est « ssspoushé » deux « sspoushs » de parfum. L’impression, du moins, j’espère, que les gens ont retrouvé leurs esprits et leur bon sens.

Si tu ne te vides pas la bouteille dans le cou et que tu ne sens pas à 23 kilomètres à la ronde, tu devrais t’en tirer indemne.

Laissez-moi quelques jours pour aller dans un hôpital après avoir bu une bouteille de Brut 33… on s’en reparle après…