Dans ma plus récente chronique, je vous apprenais que Brent Lakatos était ma première étoile de l’année en athlétisme sur la scène canadienne. Au niveau international, le choix des candidats est beaucoup plus vaste. Malgré tout, j’ai rapidement trouvé. Avant de vous présenter mon choix, j’attire votre attention sur le fait que la seconde portion de mon texte servira à dénoncer mon cancre de l’année en athlétisme. Là aussi, malheureusement, les candidats étaient nombreux.

En athlétisme, aucune discipline n’est plus difficile et prestigieuse que le décathlon, chez les hommes, ou l’heptathlon, chez les femmes. Véritables dieux et déesses du stade, ceux et celles qui prennent part à ce concours d’épreuves combinées (dix chez les hommes est sept chez les femmes) disputé sur deux jours consécutifs doivent être des athlètes d’exceptions. Les concurrents remportent des points selon leurs performances pour chaque épreuve. Les compétiteurs s’encouragent entre eux et il est toujours émouvant de les voir s’enlacer à la fin de la toute dernière épreuve en effectuant un tour d’honneur groupé.

La Belge Nafissatou Thiam est actuellement la meilleure heptathlonienne au monde et je lui décerne mon titre d’athlète de l’année! 2017 fut une année de rêve pour celle qui avait déjà gagné la médaille d’or aux Jeux olympiques de Rio l’année dernière. Thiam, âgée de 23 ans, a ébloui la planète entière au mois de mai lors de la compétition de Götzis, en Autriche. Elle a enlevé le titre grâce à une récolte de 7 013 points, devenant du même coup seulement la troisième athlète de l’histoire à passer la barre mythique des 7 000 points. L’Américaine Jackie Joyner-Kersee et la Suédoise Carolina Klüft étaient les seules à avoir réalisé l’exploit auparavant.

Au mois d’août, sur la plus grande des scènes de l’athlétisme, les Championnats du monde à Londres, Thiam a de nouveau dominé ses rivales pour enlever l’or. Ajoutons à son palmarès le titre de championne d’Europe en salle de pentathlon obtenu en mars à Belgrade. La Belgique lui a d’ailleurs rendu hommage en lui décernant le Spike d’or récompensant la meilleure athlète du pays pour une cinquième année consécutive. Elle est une immense vedette dans son patelin et en Europe. 

Nafissatou Thiam est sans aucun doute l’athlète la plus complète de sa génération et ce n’est pas un hasard si la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) l’a sacrée Athlète mondiale de l’année.

Le truand

Alors que Thiam éblouissait la planète aux Mondiaux de Londres, un dénommé Usain Bolt se préparait à tirer sa révérence. L’homme aux multiples médailles olympiques et de championnats du monde souhaitait terminer sa carrière auréolé d’or. Était-il envisageable que le meilleur sprinter de l’histoire s’incline lors de son dernier 100 mètres?

Usain Bolt et Justin GatlinEh bien oui! C’est l’Américaine Justin Gatlin qui est venu gâcher la fête attendue en devançant son compatriote Christian Coleman et Bolt. Le vainqueur inattendu, loin d’être un des favoris de la foule, s’était tout de même agenouillé devant le Jamaïcain en signe de respect pour lui signifier qu’il serait toujours le plus grand.

Si la défaite de Bolt a été difficile à accepter par ses nombreux supporters, de voir Gatlin le vaincre a rendu la blessure encore plus douloureuse. Les deux ne sont pas des amis, Bolt ayant régulièrement accusé Gatlin de dopage. Avec raison puisque l’Américain avait déjà purgé deux sanctions pour dopage au cours de sa carrière. Sa victoire semblait suspecte. Comment, à 35 ans, cet ancien vainqueur du 100 mètres aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004, pouvait-il soudainement vaincre l’Éclair?

Il y a quelques jours, le nom de Gatlin est à nouveau apparu dans une histoire de dopage. Une enquête du quotidien britannique The Telegraph révélait que des membres de l’entourage de Gatlin, dont son entraîneur Dennis Mitchell, seraient impliqués dans un réseau de distribution de produits dopants.

Gatlin s’est déclaré choqué et surpris de savoir que des gens qu’il côtoie presque au quotidien puissent être impliqués dans ce genre d’histoire. Il a donc immédiatement congédié son entraîneur, probablement pour démontrer qu’il était (très très) fâché!

Permettez-moi ici d’avoir un immense doute sur la surprise de Gatlin. Il peut bien faire son offusqué, mais il est le grand responsable de ce qui lui tombe dessus. Lorsqu’on s’est fait prendre à deux reprises pour dopage, c’est la moindre des choses de montrer qu’on en a tiré une leçon. Il aurait dû mieux choisir son entourage. Il est soit un naïf ou un imbécile! Son entraîneur trainait déjà la réputation de ne pas offrir que de l’eau claire à ses protégés.

L’histoire de Gatlin embarrasse également l’IAAF. Plusieurs athlètes ont reproché à l’instance suprême de l’athlétisme mondial sa trop grande clémence envers les tricheurs. En 2018, elle s’est fixé comme mandat de s’intéresser davantage à l’entourage des athlètes. Une excellente décision.

Personnellement, j’ai toujours été pour une exclusion à vie dès la première offense. J’ai souvent écrit sur le sujet. Les tricheurs n’ont pas leur place en athlétisme et dans les autres sports. Justin Gatlin, ce truand de la course, aura non seulement gâché le départ à la retraite d’Usain Bolt, mais terni une fois de plus l’image de cette formidable discipline.