La liste noire
Amateurs dimanche, 12 avr. 2015. 10:01 jeudi, 12 déc. 2024. 09:21
Lorsque Ben Johnson a été dépouillé de sa médaille lors des Jeux Olympiques de Seoul, en 1988, la planète entière a rapidement été mise au courant du scandale. Le sprinter Canadien fut reconnu coupable de dopage au stanozolol ce qui entraîna une suspension de deux ans de toutes compétitions. Inutile pour Johnson de tenter de s’inscrire à quelques compétitions que ce soit, les organisateurs lui en refusaient l’accès.
À chaque année, une poignée d’athlètes se font prendre à tricher en utilisant des produits interdits. C’est vrai pour tous les sports : baseball, boxe, UFC, haltérophilie, course à pied, etc. Dans le cas de cette dernière discipline, plusieurs coureurs de renoms ont été dépouillés de leurs titres au cours des derniers mois. De grandes marathoniennes, Liliya Shobukhova et Rita Jeptoo, sont les plus connues. Ne les cherchez pas au cours des deux prochaines années, vous ne les verrez pas courir.
Bien qu’une suspension pour dopage ou pour entrave au passeport biologique signifie qu’un athlète ne peut plus compétitionner pendant une période précise, plusieurs réussissent tout de même à s’aligner au départ de courses secondaires. Il s’agit la plupart du temps de bons coureurs, mais à la notoriété moins glorieuse que les illustres vedettes internationales. En gros, les organisateurs les acceptent à leurs épreuves car ils ignorent qu’ils sont bannis.
Si vous êtes en charge de l’organisation d’une course de 100 mètres dans votre patelin et qu’Usain Bolt s’y inscrit, vous savez qu’il a le droit de le faire car il n’est pas sous le coup d’une suspension. Le contraire aurait fait les manchettes pendant des semaines. Mais si un coureur kényan dénommé Joseph Mutinda se présente à votre marathon, vous ne saurez peut-être pas qu’il est sous le coup d’une suspension de trois ans pour usage de norandrostérone. Il serait étonnant qu’il vous le dise et vous l’apprendriez peut-être quelques jours après la course alors qu’il aura déjà encaissé la bourse reliée à sa victoire. Bonne chance pour vous faire rembourser!
Étonnamment, il n’existait pas de listes d’athlètes suspendus consultables et accessibles facilement par les responsables de compétitions d’athlétisme. Une liste noire officielle. Cela n’est maintenant plus vrai!
Un tout nouveau site internet, dopingsanctions.com, a été mis sur pied par Road Race Management (RRM) pour répertorier tous ces tricheurs. RRM est la principale source d’information pour les organisateurs de compétitions de course à pied de même que pour les industries qui y sont rattachées. L’accès du nouveau site est gratuit et affiche présentement les noms de plus de 300 athlètes de partout sur la planète de piste et pelouse sous le coup d’une suspension. Les responsables en promettent une mise à jour régulière en collaboration avec la Fédération Internationale d’Athlétisme.
C’est du beau travail. Le site est bien fait et permet rapidement de savoir à quoi s’en tenir. Il sera maintenant impossible aux organisateurs d’événements de ne pas savoir que Joseph Mutinda est un athlète banni pour trois ans et que sa suspension se termine le 15 février 2017.
D’un simple coup d’œil on y apprend la durée totale et déjà purgée de la suspension de même que le produit dopant utilisé et à quel endroit il le fut. Difficile maintenant pour les fautifs de passer à travers les mailles du filet et de lorgner les bourses de compétitions.
Les athlètes dopés sont devenus une véritable plaie pour les organisateurs de compétitions de course à pied. Dans un plan plus large, la légende du saut à la perche, Sergueï Bubka, a déclaré récemment que l’athlétisme avait besoin d’un renforcement légal de l’arsenal législatif pour combattre le dopage dans son sport. Celui qui est également candidat à la présidence de la Fédération internationale d’athlétisme estime que le dopage est le plus grand danger menaçant l’athlétisme au XXIème siècle. Non seulement les athlètes, mais les entraîneurs et l’entourage d’un sportif contrôlé positif devraient être sanctionnés.
Des événements d’envergure comme les marathons de New York, Boston, Berlin et Londres, se font jouer de vilain tour. Alors imaginez les marathons plus locaux. C’est aux organisateurs de vérifier si ceux qui s’inscrivent sont sous le coup d’une suspension, mais cela demande du temps. Ce nouveau site internet mis sur pied par RRM devrait leur donner un bon coup de main. La récente histoire nous apprend qu’on ne doit pas toujours se fier à la bonne foi des inscrits!