L'athlète olympique Marie-Pier Beaudet annonce sa retraite
Tir à l'arc samedi, 9 mai 2015. 13:29 samedi, 14 déc. 2024. 02:34
MONTRÉAL – Après 13 ans de compétition en tir à l’arc sur la scène internationale, l’athlète olympique Marie-Pier Beaudet vient d’annoncer qu’elle tirait sa révérence, afin de se concentrer sur ses études et sa vie personnelle.
En 2004 à Athènes, l’athlète originaire de Québec est devenue la plus jeune archère de l’histoire à représenter le Canada aux Olympiques. Par la suite, elle a participé aux Jeux de Pékin en 2008 et de Londres en 2012, en plus de prendre part à deux éditions des Jeux panaméricains et une multitude de Coupes du monde, de championnats du monde et de championnats canadiens.
Alors que la saison 2015 de tir à l’arc vient de prendre son envol, Beaudet a décidé que le moment était venu d’accrocher son arc et ses flèches.
« J’ai pris le temps de peser le pour et le contre avec mon entraîneur durant l’hiver, a raconté l’archère de 28 ans. Nous avons jugé que c’était le bon moment pour l’annoncer, avant les sélections pour les Jeux panaméricains et les Championnats du monde. Ma santé va très bien, mais je viens d’être acceptée en soins infirmiers au Cégep de Lévis-Lauzon et j’ai envie de me concentrer sur mes études. »
Même s’il lui restait probablement plusieurs bonnes années de compétition, elle a préféré prendre un chemin différent. « Normalement, les archers réalisent leurs meilleures performances entre 25 et 35 ans et prennent leur retraite quelques années plus tard. Je m’y prends un peu d’avance, mais comme je n’ai pas encore de diplôme ni de profession à mon âge, j’ai décidé d’arrêter la compétition. J’ai envie de reprendre une vie normale. »
Malgré ses trois participations aux Jeux olympiques, Marie-Pier Beaudet considère que son plus grand moment en carrière a eu lieu en 2002, en Arizona, lorsqu’elle a remporté sa première compétition internationale. Elle avait seulement 15 ans. « Ce jour-là, j’ai senti la flamme olympique s’allumer en moi. Elle m’a porté pendant la dizaine d’années qui ont suivi et elle a justifié tout le temps que j’ai investi et les sacrifices que j’ai faits. »
« Très jeune, elle démontrait un savoir-faire impressionnant »
Son père et entraîneur Denis Beaudet confirme l’importance de cette victoire. « Marie-Pier était un petit bout de femme qui a réussi à surclasser plusieurs adultes aguerris, dans des conditions de tir très difficiles. Très jeune, elle démontrait un savoir-faire impressionnant. Généralement, les archers commencent à se démarquer vers 18, 19 ou 20 ans. Même dans un pays comme la Corée, où le tir à l’arc est un sport national, on ne voit pas des jeunes de 15 ans faire aussi bien. »
Questionné à son tour sur le souvenir le plus marquant des années passées aux côtés de sa fille en compétition, Denis Beaudet évoque la première place obtenue lors du tournoi continental de qualification à Medellín, en Colombie, en avril 2012. « C’était la dernière chance pour le Canada de qualifier une place chez les femmes aux Olympiques. Marie-Pier est allée là pour gagner et elle a réussi sa meilleure performance à vie dans des conditions de stress extraordinaires. En demi-finale et en finale, elle a battu les Mexicaines, qui ont gagné l’argent et le bronze aux JO de Londres, quelques mois plus tard. »
« Elle était très motivée, ajoute-t-il. En plein mois de janvier, alors qu’il y avait six pieds de neige dehors, on avait préparé son plan d’entrainement pour les mois à venir, en essayant de voir comment on pourrait s’y prendre avec le peu de moyens qu’on avait. On s’est exilé en Floride pendant l’hiver pour s’entraîner. Quatre mois plus tard, on a réalisé que notre plan était le bon. C’était un moment qui pogne au cœur. »
Après sa troisième olympiade, Marie-Pier Beaudet avait interrompu sa carrière sportive pendant un an, en raison d’un problème médical. « À la fin de 2012, j’ai reçu un diagnostic pour un trouble de santé mentale. J’ai une personnalité limite (borderline). Je n’étais pas apte à faire de la compétition pendant un an, mais je me suis prouvé que j’étais capable de revenir en 2014. J’ai connu une bonne saison. »
En septembre prochain, elle s’investira dans ses études en soins infirmiers et elle compte bien garder le tir à l’arc dans sa vie. « Ça va rester une activité que je vais aimer pratiquer ou enseigner à mes proches. J’ai toujours continué mon sport parce que c’était une passion et ça n’a jamais changé. »