Que vaut vraiment une médaille d’or aux Jeux Olympiques de Vancouver… ? Aux environs de 200 $. 196 $ pour être plus exact. Ce qui me chicote aujourd’hui, c’est la peine, la misère, les souffrances et le manque d’argent de certains de nos meilleurs athlètes olympiques, vainqueurs de médailles, qui, bien souvent on dû manger du beurre d’arachides et du spaghetti blanc pour se rendre jusque là.

C’est la façon de monnayer ces médailles que j’ai de la difficulté à comprendre. C’est en lisant le compte rendu de Marianne St-Gelais, la reine de St-Félicien, gagnante de la médaille d’argent aux 500 mètres du patinage de vitesse, que je me suis posé la question ? Comment peut-on accepter qu’une jeune athlète soit obligée de payer des billets d’avion à deux de ses frères pour qu’ils puissent venir l’encourager à Vancouver ?

Pendant ce temps, sur la grande patinoire se retrouve un groupe d’athlètes professionnels qui aspirent eux aussi à gagner une médaille, la même que Marianne, mais dont l’aspect monétaire est tout autre que celui des centaines de jeunes aspirants aux médailles. Un seul joueur de hockey pourrait défrayer les dépenses de l’orchestre symphonique de Montréal au complet s’il le fallait et il ne serait pas en manque d’argent. Comment comparer un jeune lugeur, ou encore un gagnant du biathlon, ou une patineuse de vitesse à un joueur de hockey professionnel.

Encore pire… Comment faire la comparaison entre un hockeyeur et une hockeyeuse aux Jeux ? Pourtant, les deux athlètes jouent exactement le même sport et envisagent de gagner une même médaille. Mais comparez maintenant le rapport d’impôt des deux groupes et vous en viendrez à la conclusion que la même médaille ne vaut pas la même valeur pour tout le monde. Vous ne serez pas surpris d’apprendre qu’un joueur de hockey qui participe aux Jeux Olympiques gagne un salaire annuel variant entre 5 et 10 millions de dollars.

Or, où est la comparaison entre les deux artistes ? J’admets que c’est le sport professionnel tel le hockey aux Jeux d’hiver et le basketball, aux Jeux d’été qui permettent aux réseaux d’acheter les droits de télé pour des milliards de dollars. Mais ce sont les athlètes des autres discipline, ceux du fleuret, du hockey sur gazon, du lancer du javelot, qui se font la lutte pour la même médaille.

_*CHEZ NOUS*_

Au Canada, le gagnant de la médaille d’or reçoit en récompense 20,000 $. 15,000 $ pour la médaille d’argent et 10,000 $ pour la médaille de bronze. C’est mieux que dans le passé quand les athlètes ne touchaient pas un traitre sou pour leurs performances. En Belarussie, un gagnant d’une médaille d’or pourra manger des saucissons à la viande durant toute sa vie… En Russie, l’athlète qui gagne une médaille olympique se voit remettre une bourse de 50,000 $ pour l’or. Au pays de l’Oncle Sam, c’est 25,000 $ pour l’or, 15,000 $ pour l’argent et 10,000 $ pour le bronze. Mais regardez bien combien touchera le champion en réclames publicitaires ? Ce sera dans les millions de dollars. Quant aux Italiens, lors des Jeux de 2006, à Turin, une médaille d’or leur valait 180,000 $ de notre argent. Au pays de Mao, l’or vaut…, croyez-le ou non… 150,000 $ plus les réclames publicitaires qui en découleront. Et je pourrais continuer ainsi pendant encor deux autres pages de texte.

_*LES RÉCLAMES PUBLICITAIRES*_

J’ai bien hâte de voir quelles compagnies de chez nous vont réclamer les services d’un Alexandre Bilodeau ou d’une Marianne St-Gelais, pour ne nommer que ceux là, pour mousser la vente de leurs produits. Je lisais quelque part que : Selon la revue Forbes, un champion tel Shaun White, le vainqueur de la médaille d’or en demi lune du surf des neiges va monnayer sa pièce de métal plaqué or pour environ 7,5 $ millions et peut-être encore plus au cours de la prochaine année. Déjà, les commanditaires tels : Red Bul, Nike, Samsung et qui encore sont là à attendre celui ou celle qui pourra le mieux favoriser leurs produits. Je n’ai absolument rien contre cela, c’est juste que je trouve que si le gouvernement est capable de donner des centaines de millions à des pays étrangers, il serait peut-être capable d’être un peu plus généreux envers nos athlètes. Il est impossible pour une compagnie de chez nous annonçant en français au Québec, d’être comparée aux monstres américains et du monde entier. Donc, il faudrait peut-être que le gouvernement prenne la relève, non?

_*ENCORE LE GOUVERNEMENT*_

Je sais qu’il faut cesser de quêter auprès des gouvernements, mais quand on constate que plusieurs hauts dirigeants des pays participants se retrouvent sur les lieux des Jeux à Vancouver, dans leurs suites royales à l’hôtel, se payant un château Margaux quand ce n’est pas un Dom Pérignon, j’ai de la difficulté à faire la comparaison entre un tel gavage et une beurrée de beurre d’arachides. Ils sont là parce que c’est ¨Politically correct¨. Maurice Duplessis adorait s’entourer d’athlètes professionnels, surtout des joueurs de hockey, des Maurice Richard, des Bernard Geoffrion. Lui, y connaissait ça…Et ça rapportait des dividendes. Je n’ai peut-être pas raison de parler ainsi.

Et vous n’êtes peut-être pas d’accord avec moi, mais il fallait que cela sorte. Maintenant je me sens mieux d’avoir exprimé mon grain de sel.

En terminant, je vous ferez remarquer que la plupart de nos jeunes athlètes qui sont là sont supportés par leurs familles entières qui ont bien souvent gratter les fonds de tiroirs pour défrayer les coûts du voyage, mais qui ont voulu tout de même les accompagner pour les applaudir, les encourager sur place, gagnent ou perdent, selon la doctrine de Pierre de Coubertin. Si Alexandre Bilodeau s’est rendu jusqu’à l’or et Marianne St-Gelais jusqu’à l’argent, c’est un peu beaucoup à cause de leurs familles toute entières qui ont su les encourager, les dorlotter depuis des ans. Je me demande bien si les joueurs de hockey ont amené leurs familles pour les voir à l’œuvre dans leur marche vers une médaille. Eux aussi ont été encouragés et dorlottés depuis leur tendre enfance. C’est la rançon de la gloire qui est différente. Et je me demande aussi combien d’entre eux ont mangé une beurrée de beurre de peanut à la cafétéria du village des athlètes hier soir avant de se coucher…?