Cet article commandité par Rogaine fait partie d'un dossier sur les grands retours au jeu dans le hockey professionnel. 

Par Chantal Machabée - Difficile d'oublier cette date du 9 avril 2002. Je le revois très bien sur la patinoire. Installé à la ligne bleue pour l'hymne nationale, amaigri, dévoilant son crâne chauve, le regard dirigé vers les partisans du Centre Molson qui pendant 9 minutes, lui criaient leur amour, saluaient son courage et applaudissaient sa victoire sur le cancer. Lui, ému, démontrant toute sa vulnérabilité mais aussi toute sa force, remerciant timidement ses fans de cet accueil si chaleureux et si réconfortant.

Saku Koivu venait de combattre un cancer de type non-hodgkinien qui lui avait fait raté presque toute la saison 2002. 79 matches précisément. Ce soir là, le Canadien accueillait les Sénateurs d'Ottawa et le capitaine du tricolore chaussait les patins pour la première fois de la campagne.

Salué par ses coéquipiers et les joueurs adverses, Koivu en épata plusieurs en jouant un peu plus de 8 minutes avec énergie. Afin de souligner son accomplissement, on le nomma première étoile de la rencontre, remportée par le Canadien 4-3 pour s'assurer une place en séries pour une première fois en 4 ans.

Des années plus tard, appelé à commenter ces événements les plus marquants de sa vie, Saku avouera qu'il ne sait toujours pas comment il a été en mesure de revenir au jeu si rapidement et que l'émotion avait été si forte ce soir-là, qu'il avait éclaté en sanglots au terme de ce match mémorable face aux Sénateurs. Il a d'ailleurs qualifié cette journée comme étant la plus émotive de sa vie.

Il avait effectivement repris la forme et son synchronisme de façon impressionnante. À preuve,  Koivu récoltera deux points au cours des deux derniers matchs de la saison et permettra ensuite à son équipe de surprendre les Bruins de Boston, grands favoris, en les éliminant en première ronde des séries. Encore mieux, le valeureux capitaine terminera au 1er  rang des marqueurs du tricolore en séries avec une production de 10 points en 12 matches.

Pourtant, 7 mois plus tôt, personne n'aurait pu prédire un tel dénouement. La nouvelle avait frappé comme un coup de masse dans le camp du Canadien. On annonçait que son cancer faisait rage et qu'il devra livrer une difficile bataille contre le plus grand des ennemis. On ne parlait pas d'un retour au jeu, mais de survie. Mais lui avait deux objectifs en tête: Guérir et endosser l'uniforme au cours de la saison.

Selon lui, c'est le deuxième objectif qui lui a permis de réaliser le premier. Les médecins n'y croyaient pas vraiment. Les traitements de chimiothérapie et de radiothérapie allaient être pénibles, éprouvants et au terme de ce calvaire, il ne resterait que six semaines pour préparer un retour au jeu. Nettement insuffisant. Après tout ce que son corps allait subir, ç'était un but irréaliste. Affaibli, Koivu était aussi de cet avis, mais il voyait cela comme un beau défi.

Les difficiles traitements se succèdent. Koivu souffre et se sent vidé de toute énergie. Malgré cela, l'équipe médicale voit des signes encourageants.  Pour confirmer les progrès, Saku doit se rendre régulièrement à Sherbrooke pour passer des tests avec un TEP-Scan, un appareil que l'on ne retrouve que dans cette région du Québec.

Constatant que Montréal aurait grand besoin de ce genre d'équipement, Koivu consulte le président du Canadien, Pierre Boivin qui s'occupera du dossier. On lancera une campagne de financement  auprès du public. Le gouvernement se mettra de la partie, ainsi que différentes fondations privées. On récoltera finalement 8 millions de dollars pour l'achat de ce premier appareil à Montréal qui en compte maintenant plusieurs.

L'héritage de Saku Koivu est grand. Il n'a rien à voir avec les statistiques ou avec son rôle de capitaine chez le Canadien. Par sa rage de vivre, par sa contribution à la ville de Montréal pour la doter d'un appareil important dans la lutte contre le cancer, et surtout, surtout, pour avoir donné espoir aux victimes du cancer, l'athlète Finlandais mérite notre respect et notre admiration. Son retour au jeu se retrouve sans aucun doute comme un des grands exploits de l'histoire sportive.