La course à pied sur la glace, la marche fait maintenant partie de mon quotidien. Elle me permet une certaine évasion même si elle ne parvient pas à compenser entièrement mes attentes d’endorphine. Lors de ces balades, je croise des gens. Je réalise que les conversations deviennent plus faciles à entamer.

 

Dan 5Récemment, j’ai eu le plaisir de bavarder avec un ex-coureur de mon patelin, un intense, un gars qui s’y donnait à fond. À cette époque, les coureurs ressentaient le besoin de se regarder entre eux et par conséquent, de se comparer. Inévitablement, ce jeu dangereux créait involontairement et inconsciemment, une certaine rivalité, ce qui donnait lieu à des coureurs performants comme jamais, propulsés par leur orgueil. Cette attitude faisait ressortir le maximum de leur talent.

 

Toutefois, ces athlètes ne se doutaient aucunement ce que leur réservait l’avenir. Ce coureur me confiait : « Parfois, je te vois courir et je n’en reviens pas que tu puisses encore le faire à ton âge. Je suis impressionné ».

 

Celui-ci me racontait sa petite histoire, comme s’il voulait évacuer le fiel qu’il gardait en lui, cette frustration qui s’est accumulée au fil des années et qu’il doit périodiquement chasser de son esprit, histoire de garder un certain équilibre mental et physique. À 37 ans, c’était terminé pour lui. « J’ai ambitionné et j’ai payé la note. Insouciant, une sérieuse blessure au dos a surgi et elle m’a solidement hypothéqué. J’ai dû subir plusieurs interventions chirurgicales et je me retrouve aujourd’hui avec des tiges de métal qui créent un déséquilibre sur ma colonne vertébrale. Je parviens à marcher aujourd’hui mais c’est tout ce que je peux faire. J’ai dû rapidement délaisser la pratique de la course à pied et tous les autres sports que je pratiquais comme le hockey, le golf et la balle. »

 

Dans ses yeux, je pouvais lire sa déception. Je voyais que cet échange verbal lui faisait grand bien et je comprenais les émotions qu’il pouvait ressentir.Dan 2

 

Je lui ai confié que dès mon incursion dans le milieu de la course à pied, il y a maintenant 26 ans, j’ai constaté que je ne bénéficiais pas du talent nécessaire pour pousser mon corps, que ça ne servait à rien de me mettre de la pression et surtout d’exagérer trop sur la machine. Disons que j’ai été chanceux de pouvoir philosopher de cette façon.

 

Lorsque j’ai publié, il y a quelques jours, un texte intitulé: La course à pied, un remède pour le bonheur, il a suscité plusieurs commentaires mais l’un d’entre eux a vraiment retenu mon attention car je le considérais des plus significatifs.

 

Signé par l’un des excellents adeptes de la course à pied au Québec, l’élite Pierre Slusarek a dû modifier son style et a complètement changé son fusil d’épaule. Il écrit : « Je me suis mis de la pression pendant des années en voulant voir jusqu’où je pouvais me rendre au niveau de la performance. Mes objectifs ont changé complètement aujourd’hui. Je veux courir longtemps, jusqu’à 70 ans et plus. Donc, on ralentit et on profite du moment. Ça fait maintenant deux mois que je cours sans montre et c’est comme ça que je vais continuer »

 

Loin de là mon intention de faire peur aux coureurs. Je veux juste les prévenir. Certes que plusieurs veulent exploiter leur talent. C’est correct. Mais il faut être capable d’y aller avec modération et de ne pas échouer dans l’abus, un comportement logique qui se produit trop souvent. La fierté et l’orgueil peuvent occasionner des problèmes qui pourraient devenir irréparables pour les prochaines Dan 3années. Et quand ils se produisent tôt dans une vie, ca donne le résultat comparable à mon interlocuteur que j’ai croisé lors de ma balade qui a plus de 70 ans actuellement.

 

Le juste milieu et la discipline permettent de garder l’équilibre nécessaire pour contrer une catastrophe annoncée. Prenez le temps d’y réfléchir deux petites minutes.

 

 

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