La scène se produit au parc Champigny, samedi le 12 septembre. Le Royal de Repentigny affronte les Bisons de Saint-Eustache dans le cadre d’un programme double dans les séries éliminatoires de la Ligue de baseball junior élite du Québec (LBJEQ).

Alexis Gravel, un des meilleurs joueurs de son âge au Canada, dispute la première rencontre à titre de voltigeur. Pour le deuxième match, Gravel est le lanceur partant. Mais voilà que le jeune homme gère mal son temps. Des choses qui arrivent…

«J’étais en train de manger entre les deux matchs et je me suis aperçu que la rencontre débutait dans 20 minutes», nous raconte-t-il en riant.

Résultat des courses, Gravel termine son sandwich en vitesse, effectue trois ou quatre lancers et se dirige sur le monticule sans échauffement digne de mention. Une scène habituelle dans nos ligues de bières… un peu moins dans la LBJEQ.

«On peut dire que mon échauffement s’est déroulé durant la 1re manche», ajoute Alexis.

Son gérant, Danny Prata, a été mis au courant de la situation une fois la rencontre amorcée.

«Je n’en revenais pas, s’exclame l’ancien lanceur professionnel. Je lui ai dit de m’aviser la prochaine fois. J’aurais été voir l’officiel pour voir si c’était possible de retarder le match un peu. Mais bon, ça n’a pas trop paru sur le monticule», analyse le gérant du Royal depuis nombre d’années.

Prata voit juste sur ce point. Son artilleur n’a donné qu’un point mérité en 7 manches pour guider le Royal à la victoire. En fait, depuis le début des séries, le Repentignois n’a donné qu’un point mérité sur sept coups sûrs en 13 manches et deux tiers.

Détail plutôt important. Alexis est toujours âgé de 16 ans – il aura 17 ans le 21 septembre. Il faut donc savoir que Gravel a inséré les rangs du Royal au moment où les séries éliminatoires ont débuté, puisqu’il est trop jeune pour évoluer dans la LBJEQ à temps plein. Le circuit québécois regroupe les meilleurs joueurs au Québec entre 18 et 22 ans.

Au cours des deux dernières années, Gravel portait l’uniforme de l’Académie de baseball Canada (ABC - U16), un programme de développement des meilleurs joueurs au Québec de ce groupe d’âge.

Le travail de Gravel est encore plus remarquable lorsqu’on constate qu’il réussit de telles performances contre des adversaires qui sont jusqu’à six ans plus âgés que lui.

 «C’est certain que le stress est différent quand tu rejoins une nouvelle équipe et que tu es le lanceur partant dans un match important. Ce qui aidait est que je connais plusieurs joueurs du Royal pour avoir évolué avec eux lors des dernières saisons. La première manche est la plus difficile. Je m’adapte au monticule, puisqu’ils sont différents au Québec. J’établis ma rapide, ma courbe et mon changement de vitesse et après, ça devient un match comme un autre.»

Prata, son entraîneur le temps de quelques matchs, vante ses qualités d’athlètes.

 «J’ai eu d’excellents lanceurs au cours de mes années avec le Royal, mais lui, c’est assurément parmi les meilleurs athlètes. Son physique l’avantage malgré son jeune âge. C’est certain que je lui confie la balle à nouveau d’ici la fin des séries.»

En fait, le gérant du Royal ne connaissait que très peu de choses à propos de Gravel avant qu’il enfile l’uniforme blanc et bleu.

«J’en avais entendu parler, mais c’est tout. Certains de mes entraîneurs m’ont dit beaucoup de bien sur lui et après l’avoir vu à l’exercice sur le monticule, j’ai décidé de lui donner un départ, parce que je voyais le potentiel. Je savais qu’il pouvait lancer à ce niveau, mais il m’a impressionné de pouvoir être aussi dominant en séries avec une nouvelle équipe. Ça démontre du caractère.»

Un joueur polyvalent

Même s’il excelle sur le monticule, Gravel se voit avant tout comme un joueur de position. En septembre 2021, il joindra les rangs du Collège Chipola, ce qu’on appelle un junior college, dans le jargon du baseball.

«Je vais arriver là-bas comme voltigeur d’abord et avant tout. Nous allons voir si je peux être utilisé en relève, également», dit Gravel, qui espère pouvoir accéder à une université en 1re division de la NCAA après son passage à Chipola.

«C’est un excellent joueur de baseball, peu importe la position. C’est certain qu’il devra faire un choix à un certain moment pour se rendre le plus loin possible. Le fait qu’il peut frapper, lancer et évoluer dans le champ en ce moment ne peut que l’aider», indique Prata.

L’athlète de six pieds et un pouce était un des cinq Québécois à se retrouver sur l’équipe nationale junior, au printemps dernier. Sur les 32 joueurs inscrits au sein de la formation canadienne, seulement cinq d’entre eux étaient susceptibles d’être utilisés à titre de lanceur et de joueur de position. L’ancien élève du programme sports-études de l’école secondaire Félix-Leclerc était l’un deux.

Un nom à surveiller pour le repêchage du baseball majeur en 2021. Si le repêchage retrouve sa forme habituelle.