Quoi de mieux qu'une visite de nos rivaux de toujours pour renouer avec mes lecteurs de cette chronique au RDS.ca.

En effet, les Red Sox de Boston débarquent en ville pour une série de trois matchs et nous comptons bien profiter de cette occasion pour accroître notre avance dans l'Est. Comme vous l'avez sûrement remarqué, le classement dans notre division est extrêmement serré et cette série aura certes des allures d'éliminatoires.

Bon, je l'avoue, nous ne sommes qu'au début du mois de juin et il est un peu tôt pour parler de séries d'après-saison, mais que voulez-vous, un affrontement entre les Red Sox et les Yankees, ça revêt toujours un caractère particulier pour nous, les joueurs. Si je peux me permettre, le jeu des comparaisons, c'est un peu comme un bon vieux duel entre le Canadien et les Bruins; ça donne toujours de bons matchs remplis d'intensité. Ce sera la deuxième fois que nous recevrons les Red Sox au Yankee Stadium, et croyez-moi, nous comptons bien être moins accueillants qu'au mois de mai (où ils nous avaient balayés). Une règle de base s'applique lorsqu'on fait partie de la prestigieuse organisation des Yankees : il faut être sans pitié contre Boston.

Évidemment, je me considère privilégié de pouvoir faire partie de cette rivalité légendaire entre les deux clubs. Rares sont les joueurs qui vivront, de l'intérieur, l'intensité qui anime Red Sox et Yankees, à un moment dans leur carrière. Plusieurs chapitres de l'histoire du baseball sont consacrés à cette rivalité qui ne cesse de grandir. D'ailleurs, il est facile de percevoir à quel point la victoire est importante aux yeux des partisans. Ils sont tellement impliqués qu'on sent l'énergie nous envahir. De plus, il est fou de constater le niveau de haine qu'éprouvent les fans des Red Sox envers les Yankees. Et vice-versa. C'est pourquoi je mentionnais plus tôt que chaque duel entre les deux équipes ressemble à un match du mois d'octobre. Du moins, c'est ce qu'on ressent lorsque nous les affrontons.

En tant que joueurs, il est clair que nous voulons toujours bien paraître face à Boston; c'est bon pour le moral de la ville de New York. Cela dit, espérons que cette série de trois matchs nous donnera un boost pour le reste de la saison.

Jouer à Fenway, c'est spécial

Dès le début de la saison, j'ai eu la chance de fouler le terrain du Fenway Park alors que nous avons rendu visite aux Red Sox. Il est difficile de trouver les mots justes pour vous faire part des émotions ressenties, mais tout ce que je peux vous dire, c'est que c'était vraiment spécial. Il s'agit d'un bâtiment tellement prestigieux…

Le moment où je me suis installé derrière le marbre et que j'ai senti l'atmosphère du stade m'envahir était également mémorable. Disons qu'il est difficile d'apprivoiser un tel feeling. Ça restera ancré dans ma mémoire toute ma vie.

Lorsque le Playball a retenti, j'ai laissé de côté le fait d'être impressionné et je suis passé aux choses sérieuses. Je me suis alors senti à ma place. Il est important d'être en plein contrôle de ses émotions lorsqu'on met les pieds dans un stade mythique comme le Fenway Park. Heureusement, ça m'en prend beaucoup pour me sentir intimidé. Les gens qui me connaissent depuis longtemps et qui savent d'où je viens pourront en témoigner.

En ce qui concerne l'approche au bâton, elle ne doit pas différer des autres stades. C'est certain que la petite clôture au champ droit est attrayante. De plus, tout frappeur rêve un jour de frapper un circuit par-dessus le monstre vert. Cependant, si ton focus n'est pas à point et que tu tentes de trop en faire, le lanceur adverse prendra avantage de la situation.

Somme toute, depuis mon arrivée dans les majeures, je peux dire que j'ai été choyé. J'ai pu jouer dans de véritables monuments du baseball, où plusieurs grands matchs ont été disputés. Je n'ai qu'à penser au Dodgers Stadium, qui est devenu en quelque sorte ma deuxième maison pendant mes années à Los Angeles. J'ai également eu l'opportunité d'affronter les Cubs à quelques reprises au Wrigley Field de Chicago, un endroit unique du baseball majeur avec ses murs de brique recouverts de vigne. J'ai participé au match des étoiles dans l'ancien Yankee Stadium, LE temple du baseball, où j'ai frappé un coup sûr contre le grand Mariano Rivera. Enfin, le nouveau Yankee Stadium est devenu mon nouveau domicile. J'imagine que la vie m'a récompensé pour tous les efforts que j'ai déployés dans ma jeunesse. Je suis très reconnaissant des grandes choses qui m'arrivent aujourd'hui.

La série du Métro

Depuis l'arrivée des matchs interligues, les New-Yorkais ont droit à une autre rivalité que celle qui oppose Yankees et Red Sox. En effet, chaque année, la métropole des États-Unis vibre au rythme de la Subway serie, qui met aux prises les deux équipes de New York, les Mets et les Yankees. Cette année, le premier chapitre de cette rivalité a eu lieu du 20 au 22 mai au Yankee Stadium; les deux équipes croiseront le fer de nouveau au Citi Field au début du mois de juillet.

Quand cet événement survient, je vous jure que la ville ne vit que pour le baseball. Les gens adorent le baseball à New York et ça paraît. J'ai été impressionné de constater à quel point il y avait un grand nombre de partisans des Mets présents pour encourager leur équipe. L'ambiance était survoltée. C'est en quelque sorte le Bronx contre Queens : les habitants prennent ça à cœur.

Une blessure derrière moi

Récemment, j'ai raté quelques matchs en raison d'une blessure à un orteil du pied gauche. Je me suis infligé cette blessure lors d'une pratique au bâton, il y a quelques semaines déjà. À ce moment, J'ai reçu une flèche sur un orteil du pied gauche alors que je courrais sur les buts. La douleur étant soutenable, j'ai pu continuer à jouer sans problème. Toutefois, il y a une semaine, j'ai frappé une fausse balle sur le même orteil. Ayoye! Il ne s'agissait plus simplement d'un inconfort. Dès que je bougeais et que je marchais, je ressentais une vive douleur.

Heureusement, l'examen d'imagerie par résonance magnétique s'est avéré négatif. Le diagnostic parlait plutôt d'une simple contusion. J'ai donc pris quelques jours de repos pour des raisons préventives et la douleur s'est dissipée. J'avais hâte de renouer avec l'action, surtout que je trouvais ça insensé qu'un orteil me fasse rater des matchs. En fin de compte, cette blessure n'aura fait que renforcer mon caractère.

Le quart-arrière des Yankees

Quand on évoque les performances d'un joueur de baseball, on parle souvent de son coup de bâton. Or, l'aspect défensif est tout aussi important. Et c'est encore plus vrai dans mon cas. À titre de receveur, j'ai un rôle primordial à jouer, soit celui de guider mes lanceurs, de les mettre en confiance. C'est une position unique où je me considère en quelque sorte comme le quart-arrière des Yankees. Je dis ça, car c'est à partir du receveur que tout jeu commence.

Pour occuper cette position, il faut être en grande forme. En plus de prendre d'importantes décisions avant chaque lancer, il faut bloquer des lancers dans la terre, retirer des frappeurs en tentative de vol, étudier tous les frappeurs adverses, connaître la vitesse des coureurs sur les buts. C'est une position exigeante que je prends à cœur.

Je travaille fort chaque jour, je demeure très alerte, car je sais que mon travail est scruté à la loupe par tous ceux qui suivent les Yankees. Pour le moment, je suis grandement satisfait des prestations que j'offre derrière le marbre. J'essaye d'amener une énergie positive par mon dynamisme et j'estime que mes coéquipiers sont inspirés par mon attitude.

Un gros merci!

J'aimerais remercier tous ceux et celles qui ont voté pour moi en vue du prochain match des étoiles. Sans vous, mes fans québécois, je n'aurais sûrement pas une si belle avance en tête. Toutefois, rien n'est joué. Vous pouvez d'ailleurs envoyer Russell Martin au match des étoiles en cliquant sur ce lien et en cochant son nom comme receveur dans la Ligue américaine. Vous pouvez voter jusqu'à 25 reprises.

Enfin, je vous invite à surveiller ma prochaine chronique sur RDS.ca qui paraîtra au début du mois de juillet. Pour l'occasion, j'annoncerai une nouvelle qui plaira certainement aux amateurs de baseball du Québec.

Pour ceux et celles qui aimeraient interagir avec moi, vous pouvez le faire via mon compte Twitter @russellmartin55, ma page Facebook, ma page Web personnelle, ainsi que grâce à la rubrique Qu'en pensez-vous? située au bas de cette page.

*Propos recueillis par Nicolas Dupont avec la collaboration d'Ivan Naccarata