(ESPN.com) - Si vous votre machine à laver est brisée, vous irez chez Sears. Si vous souffrez d'une fracture à une hanche, vous irez à la Clinique Mayo et si vous êtes un lanceur perdu, vous irez avec les Braves d'Atlanta. C'est le choix de Mike Hampton qui a présenté une fiche combinée de 21-28, avec une mpm de 5,75 au cours des deux dernières saisons avec les Rockies du Colorado.

Ce n'est pas par hasard si Hampton porte ce printemps l'uniforme des Braves, lui qui a été impliqué dans une des transactions les plus bizarres de l'histoire du baseball.

Il est encore difficile de comprendre comment deux équipes, les Rockies et les Marlins, ont accepté de payer plus de 30 millions de dollars au cours des trois prochaines années, pour un lanceur qui lancera pour les Braves, qui eux vont lui verser une rémunération de 5,5 millions par saison. Rien de cette folie n'aurait pu se produire sans l'approbation de l'artilleur lui-même.

"J'étais prêt à partir mais pas avec n'importe quelle équipe, a déclaré Hampton, qui tentera de se remettre de deux saisons affreuses avec les Rockies. Je ne voulais pas me retrouver avec une équipe quelconque (lire les Marlins) et me retrouver en dernière position. Il fallait que la situation soit belle, sinon je me serais préparé à terminer ma carrière au Colorado."

Il est vrai qu'Atlanta peut être la place rêvée pour lui et même être le paradis. À tous les ans, des lanceurs comme Chris Hammond ou John Burkett ont relancé leur carrière en passant par cette ville de la Georgie.

Puis, ça ne prend pas un descendant de Christy Mathewson pour déduire que Hampton voulait jouer pour les Braves. Il y a toutefois d'autres questions qui méritent d'être étudiées.

A) - Pourquoi les Braves ont accepté de payer pour les six prochaines saisons, (il reste six saisons au contrat de Hampton) un homme qui a donné 112 points de plus au cours des deux dernières années que le gaucher qu'il doit remplacer, Tom Glavine?

B) - On se demande ce qu'il faudra pour rebâtir la confiance de ce lanceur et lui permettre de redevenir un lanceur de 20 victoires, comme il était avant d'aller lancer dans le décor enchanteur du Rocky Mountains.

La réponse à la première question vient de la bouche du directeur général. "Pour moi, a dit John Schuerlholz, il s'agit du cas d'un gars qui s'est retrouvé dans un mauvais environnement pour les lanceurs. Nous avons donc étudié la fiche de Mike avant son arrivée au Colorado et nous l'avons comparé aux fiches de lanceurs comme Darryl Kile et Pedro Astacio, qui ont connu du succès après avoir quitté les Rockies. Nous avons constaté que la fiche de Mike était supérieure à ces deux artilleurs et c'est pourquoi nous croyons qu'il redeviendra le lanceur qu'il était."

La logique que Schuerlholz est bonne puisque la moyenne de points mérités de Kile a chuté dramatiquement dès son départ de Denver, même chose pour Astacio. Les Braves rêvent maintenant de voir Hampton prendre la même direction.

"Tu ne peux être certain de rien, a dit Schuerholz. Mais qui peut en être certain? Nous sommes tous des êtres humains. Tu lis les rapports, tu fais quelques suppositions, tu relèves la tête et tu espères que ça fonctionne."

Schuerholz compte sur les bons chevaux pour faire de tels paris. Il mise sur un excellent gérant, Bobby Cox, et sur un excellent instructeur des lanceurs, Leo Mazzone, qui ont relancé bien des carrières par le passé.

S'ils ont pu donner un nouveau souffle à Hammond à l'âge de 36 ans, à Darren Holmes qui avait aussi 36 ans et à Burkett à l'âge de 35 ans, en théorie, ils devraient être en mesure de relancer Hampton, qui n'a que 30 ans.

"Ces deux hommes font de l'excellent travail, a expliqué Hampton. Lors de ma première saison au Colorado, j'avais commencé la campagne avec une fiche 5-0 et de 9-2. Soudainement, les choses ont tourné."

Hampton est débarqué à Denver en misant sur un des meilleurs systèmes défensifs jamais inventé: la balle qui ne quitte jamais le sol.

Il a obtenu tellement de retraits sur des roulants qu'on se demande pourquoi ça n'a pas fonctionné pour lui au Colorado.

Ce qu'il ne savait pas, c'est que le manque d'oxygène allait ruiner ses efforts. "Même avant que je ne lancer la-bas, a dit Hampton. Je savais que je n'allais certes pas gagner le trophée pour le moins de buts sur balles accordés par match mais je pouvais quand même forcer les frappeurs à envoyer la balle au sol. Ainsi, j'obtenais une chance pour un double jeu quand il y avait un coureur sur les buts. Au Colorado, il arrive un moment où je tentais le même tir et ça ne fonctionnait pas. Puis, lors du frappeur suivant, tu tentais de faire un meilleur tir, puis un autre et un autre."

"Je n'ai jamais eu peur de défier les frappeurs. J'étais le genre de gars qui lançait la balle et qui savait que j'obtiendrais un roulant. Mais à la fin, je n'étais plus le gars de personne."

Hampton est devenu seulement le deuxième lanceur de l'histoire du baseball depuis 1900 selon l'encyclopédie Lee Sinins, à avoir enregistré la pire mpm deux années de suite. L'autre lanceur serait Jaime Navarro.

Qui aurait pu imaginer une telle situation lorsqu'il a signé son contrat? On savait que le Coors Field était un cimetière des lanceurs mais pouvait-on s'imaginer que les ratées de Hampton allaient avoir une telle incidence sur son état d'esprit et sur sa mécanique au point tel où il craignait d'effectuer son meilleur tir.

"J'ai perdu ma confiance, a-t-il dit. J'éprouvais plein d'ennuis avec mon bras. Je lançais et je ne pouvais réussir de bons tirs. J'ai tenté bien des choses pour m'en sortir. J'ai même lancé de côté."

L'instructeur des lanceurs des Braves n'a pas mis de temps à voir que Hampton éprouvait des ennuis sérieux, lors d'une séance à Atlanta il y a quelques semaines. "Je ne veux pas en faire une grosse affaire, a dit Mazzone. La seule chose que j'ai noté, c'est qu'il n'éprouvait pas d'ennuis avec sa balle rapide mais avec ses autres tirs."

Les deux hommes ont alors immédiatement commencé à travailler sur le problème. Une douzaine de sessions plus tard, les choses commencent à aller mieux. "Je me sens mieux lorsque je suis au monticule. C'est de nouveau plaisant de se rendre au stade."

Les Braves ont été en mesure de relancer les carrières d'artilleurs en panne au cours des 11 dernières années. En 2003, ils tenteront de faire de même avec Hampton, qu'ils devront payer jusqu'en 2008. S'ils y parviennent, la direction des Braves aura prouvé une fois de plus qu'elle mise sur d'excellents instructeurs et qu'Atlanta est la terre promise pour les lanceurs de qualité.