Les jeunes plongeuses ont eu Annie Pelletier. Les jeunes patineuses ont regardé les exploits de Marianne St-Gelais aux Jeux olympiques de Vancouver. Les adeptes de la boxe féminine peuvent regarder les combats de Marie-Ève Dicaire. Les jeunes joueuses de baseball peuvent maintenant compter sur quelques modèles. Après Vanessa Riopel et Stéphanie Savoie, le nom de Daphnée Gélinas s’est hissé dans le groupe des meilleures joueuses au pays.

La Repentignoise a récemment remporté le titre d’athlète de l’année en sport collectif au Gala Sports Québec. Elle a également été sacrée joueuse par excellence de l’équipe canadienne féminine l’été dernier. Elle venait tout juste de se signaler avec un circuit de 3 points et un coup sûr en prolongation lors du match pour la médaille de bronze lors du dernier Championnat du monde.

Dans un sport qui demeure encore à être développé au niveau féminin, Gélinas est devenue un modèle. Un rôle qui lui plaît bien.

« Je ne pouvais pas compter sur plusieurs modèles féminins comme il y a dans d’autres sports, mais il y avait Vanessa Riopel et Stéphanie Savoie qui se démarquaient avec l’équipe canadienne lorsque j’étais plus jeune. Je prends toujours un plaisir à répondre aux questions des jeunes joueuses lorsqu’elles viennent me voir ou lorsque des élèves me choisissent pour des projets à l’école. Ça me fait plaisir d’accepter ce rôle », affirme la joueuse de 22 ans, qui évoluera avec les hommes au niveau junior BB, cette saison.

Dans un sport en évolution, les questions que l’on pose à Gélinas tournent souvent autour du même sujet. Le fait qu’elle soit une femme dans un sport majoritairement pratiqué par des hommes revient souvent, comme un mauvais refrain.

« Honnêtement, ça ne me dérange pas. Je comprends qu’il y a un chemin à tracer pour rendre le sport plus populaire auprès des jeunes filles. Lorsque la saison débute ou que je prends part à un tournoi international, on me pose des questions sur mes performances et on me parle de baseball. »

La p’tite balle

Les Anglos parlent de « small ball ». Terme qu’on peut traduire librement par de la « p’tite balle », qui signifie appliquer au maximum les stratégies du baseball, tels que les amortis sacrifices, frappes et court, vols de but, etc. Les filles sont les reines de la « p’tite balle ».

« C’est un sport que nous pratiquons d’une façon différente des gars. Nous n’avons pas leur puissance, donc nous compensons avec autre chose, avec plus de stratégies. Je le constate en jouant avec les gars durant l’été. Les lanceurs visent à lancer le plus fort possible. Lorsque je retrouve les filles dans le calibre international, je vois beaucoup plus de lancers différents. Plus de balles à effets et plus de changements de vitesse », explique la joueuse de 2e but.

La reine de la « p’tite balle » ne l’a pas toujours eu facile, lorsqu’elle était plus jeune. La fameuse histoire de la seule fille dans son équipe, vous vous doutez bien. On se doute qu’elle devait être la solution facile pour effectuer un retranchement. Pas assez de puissance, pas suffisamment de si…  il lui manque un peu de ça… Avec une position enviable au sein de l’équipe canadienne, la fille de notre collègue Luc Gélinas doit respirer un peu mieux, pour une des premières fois de sa carrière. Ce n’est pas l’avis de Daphnée.

« J’ai commencé à évoluer avec l’équipe du Québec en 2008 et j’ai souvent fait partie des meilleures joueuses. Je ne me suis jamais contentée d’un rôle comme ça. J’ai eu du succès avec l’équipe canadienne l’été dernier, mais je dois être encore meilleure. J’ai frappé un circuit, donc je dois en frapper trois. J’ai maintenu une moyenne au bâton de ,409, donc je dois avoir une moyenne au bâton de ,430. Je suis une athlète compétitive et peut-être que le fait d’avoir été retranché plusieurs fois lorsque j’étais plus jeune a contribué à ça », détaille l’ambitieuse athlète.

En plus de sa saison au niveau junior BB dans la région de Québec, Gélinas prendra part aux qualifications du Championnat du monde de 2020. Les qualifications se dérouleront à la fin du mois d’août, au Mexique.

Les frappeurs de choix