Un débat qui aura duré 10 ans pour se terminer avec le plus bel honneur pour un joueur de baseball. L’attente en valait donc la peine et il aura fallu tous les arguments nécessaires pour faire comprendre à plusieurs que Larry Walker avait sa place parmi les grands de son sport. 

Ceux qui ont droit au vote le font comme bon leur semble. Mais les arguments qui me semblaient faibles ont presque tout gâché.  De toute évidence, le fait d’avoir joué au Coors Field, domicile des Rockies au Colorado, aura empêché Walker d’entrer au Temple plus tôt. Pourtant, à ce que je sache, les Rockies sont une équipe du baseball majeur.

Grattons un peu plus cet argument pour savoir que seulement 29 % des présences de Walker ont été au Coors Field. Enlevons toutes ces 29 % de présences et Walker a tout de même les statistiques pour être admis. En toute honnêteté, cet argument ne tient pas. Plusieurs stades offrent des avantages, que ce soit aux lanceurs ou frappeurs, mais au Colorado, c’est différent.

L’annonce d’aujourd’hui donne de l’espoir aux joueurs des Rockies qui ont maintenant une possibilité d’être un jour  intronisés.

Est-ce que ses cinq gants d’or (plus deux avec les Expos) remporté avec les Rockies et le fruit de l’altitude? Ses 230 buts volés en carrière avaient une grande valeur! Le gars a réussi 154 assistances comme voltigeur (Vlad Guerrero : 126), comme quoi, son bras était parmi les plus redoutables. En fait, Walker était un joueur 5 étoiles, il frappait pour la moyenne, pour la puissance, avec un gant exceptionnel en défense, un bras canon et, pour un tel gabarit, était très rapide. Ce n’est pas terminé! Je n’ai même pas mentionné sa grande force : son instinct!

Les statistiques en disent long sur la carrière d’un joueur, mais on doit aussi faire l’effort d’aller parfois au-delà des statistiques pour analyser le joueur comme il se doit.

Prenez Derek Jeter. Aucun problème de voir ce grand joueur obtenir un vote unanime. Est-ce que Jeter était le meilleur frappeur de sa génération? Non.  Est-ce qu’il était le meilleur joueur d’arrêt-court de sa génération? Non. Et pourtant! Le gars avait aussi un instinct incroyable et surtout était un leader incontesté qui a brillé à New York! Imaginé un instant qu’on inverse les équipes? Si Walker avait joué à New York et Jeter à Montréal et au Colorado, aurions-nous les mêmes discussions?  Pas du tout, mais les deux seraient tout de même admis au Temple. Cependant, Walker l’aurait été bien avant et assurément que Jeter n’aurait pas été un vote unanime à sa première année d’admissibilité.

Les commentaires des gens de baseball, je parle de ceux sur le terrain, les gérants, instructeurs et joueurs, ont tous témoigné sur le fait que Walker avait un instinct tel que l’on disait de lui qu’il était un rare joueur 6 étoiles. Il avait le don d’anticiper où la balle allait être frappée pour ainsi voler un nombre incalculable de coups sûrs à l’adversaire. Il savait surprendre la défense adverse avec un vol de but important et était capable de frapper à tous les champs, avec puissance.

Au-delà de tout ça, Walker était un coéquipier remarquable. Un vrai bouffon qui détendait l’atmosphère, et combien généreux pour les jeunes joueurs. Il semblait détestable parfois, aux yeux des journalistes, mais il ne faisait aucun doute que tu savais très bien que ce joueur-là avait quelque chose de spécial. Aussitôt qu’il mettait les pieds sur un terrain, tu le savais, tu le sentais. Aussitôt qu’il mettait les pieds dans le rectangle des frappeurs lors d’un exercice au bâton, tu le savais. Aussitôt que le match commençait avec lui dans la formation, tu le savais. Il y a peu de joueurs ainsi, mais nul doute que Walker était un exceptionnel.

Une belle journée pour le baseball canadien

Walker devient le 6e membre du Temple de la renommée à avoir été développé par l’organisation des Expos de Montréal.  Comment une franchise qui n’a existé que 36 ans peut-elle compter sur autant de joueurs développés qui sont aujourd’hui parmi les immortels? Peu de franchises peuvent s’en vanter : Gary Carter, Andre Dawson, Tim Raines, Randy Johnson, Vladimir Guerrero et Walker. Celui-ci portera fort possiblement la casquette des Rockies (Vlad : Angels, Johnson : D-Backs). On pourrait débattre de Pedro Martinez qui a été développé par les Dodgers, mais qui est devenu une super vedette avec les Expos.

En étant intronisé, Walker refait donc revivre la franchise des Expos et nous rappelle à quel point l’organisation était au-dessus de la vague en termes de recrutement et de développement des joueurs.

J’ai eu l’immense privilège de jouer sur le même terrain que Larry Walker et ensuite de le voir éclore parmi l’élite du baseball. Même constat avec Pedro Martinez et Mike Piazza. Il ne fait aucun doute qu’ils ont tous leur place parmi les grands de leur sport!  Un résultat longtemps attendu, mais des plus logiques pour l’ancien numéro 33 des Expos. 

Félicitations Larry! Le baseball au Canada s’est développé à la vitesse grand V en raison de ta magnifique carrière et pour ça, tu étais déjà un immortel!

La dernière chance a été la bonne pour Larry Walker
« Je ne pouvais plus respirer quand j'ai eu l'appel »