COLLABORATION SPÉCIALE

Quelques jours sont passés depuis que Bennedict Mathurin a été repêché 6e par les Pacers de l’Indiana à l’encan annuel de la NBA. Un exploit jamais accompli par un joueur du Québec dans la ligue de basketball par excellence sur la planète. Beaucoup de choses ont été dites sur cet exploit, mais près d’une semaine plus tard, je me demande si on réalise vraiment ce que tout ça veut dire.

En 1985, le géant québécois Bill Wennington a été repêché au 16e rang par les Mavericks de Dallas. Avant le 23 juin dernier, c’était le plus haut rang de repêchage pour un Québécois dans la NBA. Wennington a fait partie de la grande dynastie des Bulls de Chicago dans les années 1990 et ouvert la voie à plusieurs autres Québécois qui ont eu des rôles relativement importants pour leur club. On pense entre autres à Joel Anthony, champion avec le Heat de Miami en 2012 et 2013 et maintenant DG de l’Alliance de Montréal dans la CEBL. Il y a aussi eu Samuel Dalembert, qui a joué 13 saison dans la NBA. Kris Joseph a également été repêché dans le circuit américain. Actuellement, trois autres québécois jouent dans la NBA : Chris Boucher, Luguentz Dort et Kem Birch. Tous les trois ont en commun de ne pas avoir été repêchés. Ce qui ajoute à l’exploit exceptionnel de Mathurin d’être repêché aussi haut qu’au 6e rang.

Je pense qu’on ne réalise pas à quel point cet exploit est important. Oui, il y a le rang du repêchage, mais il y a également tout le parcours de Mathurin. De ses origines dans un quartier modeste qui n’a pas la meilleure réputation (Montréal-Nord), en passant par les épreuves personnelles (la mort dramatique de son frère il y a quelques années à peine), sans compter le fait qu’il est extrêmement rare de voir des Québécois dans la NBA, le Montréalais a surmonté plusieurs défis de taille avant d’être choisi par les Pacers. C’est évidemment un exploit pour lui personnellement.

En étant repêché au premier tour, son salaire sera garanti. Du jour au lendemain (ou presque) il devient millionnaire. Mais le plus important à mes yeux se trouve pourtant ailleurs. La sélection de Mathurin au 6e rang met encore plus de lumière sur la qualité du développement des joueurs de basketball au Québec. De plus, lorsque les joueurs des différentes équipes de la province parrainée par Basketball Québec se présenteront pour des tournois, ils le feront avec l’aura d’une province (et d’une ville) d’où proviennent plusieurs joueurs d’élite de la NBA. Également, les jeunes qui vivent dans des quartiers pas toujours très glamour ou qui fréquentent des écoles qui n’ont pas la meilleure réputation, pourront avoir un autre modèle de succès. Un modèle sportif évidemment, mais un modèle humain surtout. Maintenant, les plus jeunes peuvent aspirer à atteindre les plus hauts sommets de leur sport.

Mais plus encore que les sommets de leur sport, le parcours académique grâce au sport est encore plus important. Mathurin, comme Dort et Boucher avant lui, montrent à ceux qui les suivent combien le passage dans les rangs universitaires est bénéfique. Parce que c’est aussi et surtout ça le sport, une école de vie et aussi un facteur de rétention scolaire pour plusieurs jeunes, surtout de jeunes garçons.

Parlant de Mathurin, Dort, Boucher et Birch, je le dis et je le répète depuis quelques temps : il y a plus de Québécois en ce moment dans la NBA que de québécois dans le Baseball majeur. Si mes calculs sont bons, il n’y a jamais eu autant de Québécois en même temps dans la MLB. Mine de rien, le basketball s’inscrit de plus en plus sérieusement dans notre culture sportive locale. Il va falloir en parler à la hauteur de sa popularité chez nous, parler des athlètes de chez nous et surtout les encourager en suivant leurs activités et les reportages qui leurs sont dédiés.