Les partisans des Raptors de Toronto avaient toutes les raisons au monde d’être confiants à l’aube des séries 2018. Après tout, leur équipe venait de connaître la meilleure saison de son histoire, avec une fiche de 59 victoires contre 23 revers. Après l’élimination hâtive des Raptors contre les Cavaliers de Cleveland, voilà que ces mêmes partisans sont déçus, inquiets et fâchés, avec raison.

« Prouvez-leur », disait le slogan des Raptors lors des séries 2018. Non seulement la formation torontoise n’a pas réussi à prouver qu’elle pouvait remporter une série contre LeBron James et les Cavaliers, mais elle n’a même pas été en mesure de prouver qu’elle pouvait remporter un seul match en séries contre LeBron, et ce, pour une deuxième année de suite. Les Raptors ont bêtement laissé filer le premier match de la série et ils ne s’en sont jamais remis.

Remarquez, les Raptors ne sont pas les seuls à peiner contre King James dans l’Association de l’Est. Il faut remonter aux Celtics de Boston, en 2010, pour voir une équipe de l’Est battre une formation menée par LeBron James. Bref, il est beaucoup trop facile de dire que LeBron représente une sorte de kryptonite pour les Raptors uniquement : c’est ce qu’il représente pour toutes les équipes de l’Est.

James a continué d’ajouter à son legs depuis le début des séries 2018, par sa capacité à faire gagner son équipe, que ce soit avec des performances sur le plan des statistiques magistrales et/ou des tirs réussis à la dernière seconde pour la victoire (souvenez-vous du match no 5 contre les Pacers de l'Indiana et du match no 3 contre les Raptors). Oui, Kevin Love est sorti de sa torpeur dans la série contre Toronto, mais LeBron James est le grand responsable de cette extinction des Raptors. Imaginez un instant : en quatre matchs, James a inscrit 136 points contre 138 pour Kyle Lowry et DeMar DeRozan, au total.

Si on ne pouvait rien reprocher aux vedettes des Raptors lors de la série contre les Wizards de Washington, force est d’admettre que le duo n’a pas été en mesure de livrer la marchandise, de façon constante, contre les Cavaliers. DeMar DeRozan n’a été l’ombre de lui-même dans cette série; tellement que Dwane Casey ne l’a pas fait jouer lors des 14 dernières minutes du 3e match... une décision qui pourrait laisser des traces.

Quoi faire maintenant?

Avant le début de la série, DeMar DeRozan avait mentionné qu’une saison sans championnat serait une saison gaspillée. Un sentiment qui a été confirmé par Kyle Lowry au lendemain de l’élimination des Raptors.

C’est ainsi que les Raptors amorcent la saison morte sur ce qui semble être un constat d’échec. La question reste entière: que doit-on faire maintenant? Doit-on remercier Dwane Casey? Doit-on défaire le noyau de cette formation? Comme le disait notre analyste Maxime Paulhus-Gosselin après le match numéro 4 de la série contre les Cavaliers: « le statu quo ne serait pas une mauvaise chose pour les Raptors ». Vous savez quoi? Il n’a pas tort.

Selon les informations qui proviennent de Toronto, le poste de Dwane Casey serait en grand danger. Oui, le même Dwane Casey, qui pourrait bien être nommé entraîneur de l’année dans la NBA (il vient d’ailleurs d’être honoré à ce titre par ses pairs). Casey pourrait ainsi devenir le premier entraîneur depuis George Karl (Nuggets) en 2013 à être nommé entraîneur de l’année et à perdre son emploi la même année. Avant de paniquer et de demander sa tête, souvenez-vous qu’on parle ici d’un entraîneur qui a pris les rênes d’une formation qui n’allait nulle part en 2011 et qui en a fait une formation qui a remporté quatre fois le championnat de la section atlantique lors des cinq dernières années. Je comprends que les résultats en séries ont été bien peu impressionnants, avec quatre séries remportées depuis 2011, mais je vois davantage le tout comme un processus plutôt que comme un constat d’échec.

Et les joueurs dans tout cela?

Reste maintenant à savoir quelle direction le président des Raptors, Masai Ujiri, empruntera lors de l’entre-saison. Théoriquement, l’équipe pourrait demeurer intacte puisqu’aucun joueur ne deviendra joueur autonome le 1er juillet prochain (marché qui s’ouvre à minuit et une... donc une nuit lors de laquelle je dors peu).

Est-ce que le statu quo absolu est la meilleure solution? Pas nécessairement. Je ne crois pas que d’échanger les vedettes de l’équipe, comme Lowry, DeRozan ou même Jonas Valanciunas, soit une meilleure solution non plus. Je pense qu’il serait plus sage d’ajouter un autre joueur d’impact plutôt que de briser ce noyau. Reste à trouver une façon d’y parvenir. Les Raptors ne détiennent aucun choix au repêchage en 2018 en raison d’une transaction visant à effacer DeMarre Carroll des livres comptables et ce n’est pas comme si les joueurs autonomes faisaient la file pour aller jouer à Toronto.

Cela dit, il faudra d’abord trouver un moyen de faire de la place sous le plafond salarial. Ainsi, Ujiri doit prendre une décision concernant Serge Ibaka (et ses 2 années de contrat restantes à plus de 20 millions par année) et Norman Powell (qui gagnera plus de 42 millions au total au cours des 4 prochaines années). Ibaka a été une vive déception chez les Raptors en séries (en excluant les 2 premiers matchs de la série contre les Wizards), alors que Powell vient de connaître la pire saison de sa jeune carrière et n’a joué que 39 minutes en séries éliminatoires.

J’espère que les Raptors ne décideront pas d’y aller avec une reconstruction complète (simplement le fait d’écrire ces mots me fait mal au cœur): cela viendrait briser le momentum exceptionnel qu’a réussi à bâtir cette concession au cours des dernières années et la ferait possiblement retourner au même niveau que lorsque Casey a pris le contrôle de l’équipe. Bref, ce serait un retour à la case départ.