Je trouve ça très drôle d'entendre l'entraîneur d'Adrian Diaconnu, Pierre Bouchard, affirmer que son camp s'était déroulé de façon agréable.

Je ne sais pas pour eux, mais le mien a été tout sauf agréable. J'ai d'abord passé trois semaines dans les hauteurs de la Colombie. Sérieusement, c'était l'enfer là-bas. Je n'avais jamais eu autant de difficulté à respirer qu'au moment où je faisais mes exercices à 3000 mètres d'altitude dans la région de Bogota.

Après un bref passage au Canada, je suis retourné en République Dominicaine pour m'entraîner sous une chaleur suffocante à laquelle il faut ajouter un taux d'humidité quasi insoutenable. Ça a été deux camps d'entraînement très exigeants et, pour ma part, loin d'être agréable.

Si la première partie de mon camp s'est concentré sur ma mise en forme, la deuxième a surtout été axée sur le côté technique et tactique de la boxe.

J'y ai fait beaucoup de sparring et on a travaillé sur mon plan de match pour mon combat du 11 décembre. Ce qui est plaisant c'est que, contrairement à mes camps antérieurs, je n'ai eu aucun pépin et aucune blessure.

Malgré le fait que mon camp s'est déroulé en enfer, je peux affirmer que celui-ci s'est TRÈS bien déroulé, et ce, sur le plan physique comme mental.

Vous savez, l'être humain en est un en devenir. Je suis devenu champion mais, malgré tout, je vise encore plus haut et plus loin. Je veux me perfectionner à titre d'athlète, mais également en tant que personne.

Il est évident que je recherche la perfection dans tout ce que je fais, alors j'ai travaillé sur les aspects de ma technique et de mes habiletés de boxe qui me manquait légèrement. Ma vitesse, ma force de frappe, la vitesse de mes pieds, mon plan de match, j'ai vraiment travaillé afin d'améliorer ce tout qui me permettra de devenir plus terrifiant pour mes adversaires.

Contrairement à Adrian qui croit qu'il sera en mesure de gagner, moi je sais pourquoi je vais le vaincre. Je parle de victoire et de la façon dont je vais le battre, je l'ai fait une fois.

Je suis plus vite, je suis plus talentueux, je suis un boxeur plus complet, j'ai un meilleur jeu de jambes, je suis plus fort physiquement, je suis plus intelligent et, en plus, je suis plus beau. (HAHAHA!) Il ne faudrait quand même pas maganer ce visage-là.

Je ne pense qu'à moi

Sincèrement, je ne me suis pas concentré sur ce qu'Adrian allait potentiellement me présenter. Au cours des dernières semaines, je ne pensais qu'à moi et ce que je pouvais faire afin de devenir un meilleur boxeur. Ce sont des choses que je suis capable de contrôler dans le ring.

Adrian peut arriver avec n'importe quoi. Il peut se présenter et faire des choses qu'il n'a jamais faites lors de ses combats précédents. Pour contrecarrer ça, je dois me servir de ma grande expérience et imposer mon plan de match.

Mon pire adversaire vendredi ce sera moi-même. Il s'agit pour moi de ne pas me laisser aller dans un excès de confiance et de garder ma concentration pendant douze rondes.

En faisant ça, je sortirai assurément vainqueur de notre rencontre parce que j'ai tous les outils et atouts nécessaires afin de dominer ce combat-là.

Je compte sur l'appui de la foule

Il est vrai que je n'avais pas l'appui de tous la première fois que nous nous sommes affrontés et je comprends pourquoi.

Tout d'abord, je veux dire un énorme merci aux Québécois en général. Vous savez que je me considère comme un Québécois à part entière. Je suis arrivé ici à l'âge de quatre ans et j'ai grandi avec vous tous. Je sais que je suis différent des autres boxeurs et, comme il n'y a pas deux personnes pareilles, je sais que je ne ferai pas nécessairement l'unanimité.

Je dis que je comprends pourquoi je n'avais pas l'appui de tous, voici pourquoi. Le peuple québécois en est un de gagnant et j'en suis moi-même la preuve. Il est donc normal que lors de notre premier affrontement le public favorisait le champion puisqu'il méritait cet appui.

Maintenant que je suis le champion, je m'attends à ce que le Québec soit derrière moi parce que moi je suis derrière le Québec et je l'ai vraiment à cœur. Contrairement à certains, je ne suis pas venu ici pour les billets verts.

Un bon stress

J'ai avoué avoir subi les effets du stress lors de ma défense face à Sylvio Branco et, je l'avoue, je les ressens encore ces effets-là et c'est une bonne chose.

Je suis nerveux, je suis excité et c'est ça qui va me permettre de demeurer alerte pendant le combat. Comme je dis souvent, il ne faut jamais sous-estimer un adversaire ni tomber dans l'excès de confiance parce qu'on se met à risquer gros à partir de ce moment-là.

Vous savez, la modération à meilleur goût. Dans la boxe comme dans la vie, la clé c'est d'être équilibré dans tout ce qu'on fait. J'ai derrière moi une équipe et une famille remarquable qui m'aide énormément dans ma quête d'équilibre.

J'ai présentement les deux pieds sur terre et je n'ai pas l'intention de tomber dans un excès de confiance. Je sais que je suis bon, mais également que je suis devenu champion du monde parce que j'ai travaillé fort. Travail, discipline et persévérance, voilà la clé pour que j'obtienne du succès.

Contrairement à l'histoire de la dent de requin lors de notre premier combat, j'ai décidé de ne pas faire de show aujourd'hui (conférence de presse de mardi). Sauf que je peux vous dire quelque chose ici, le show, c'est dans le ring du Centre Bell qu'il sera vendredi soir.

Au plaisir de vous y voir.

*Propos recueillis par Jean-Simon Landry