Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas retrouvé si près d'un combat. Depuis deux ans, plusieurs plans sont tombés à l'eau mais finalement, cette fois-ci est la bonne. À l'approche de mon duel face à Aleksy Kuziemski, je suis anxieux, mais aussi très fébrile et surtout extrêmement heureux.

Ma nervosité a monté d'un autre cran ce matin en conférence de presse. Sur une échelle de dix, je la noterais à 8,5 en raison du contexte. Ça fait une éternité que je ne suis pas monté dans l'arène, j'ai un peu peur d'être trop rouillé et par-dessus le marché, je me prépare à effectuer mon grand retour devant mes partisans. Je ne m'en cache pas, le stress commence à augmenter, mais je crois que c'est un bon stress. Je verrais comme un mauvais signe un trop grand niveau de confort à l'heure actuelle. Mon état d'esprit me plaît. C'est cette petite crainte que je ressens qui me permettra de rester alerte.

Physiquement, je me sens bien. Le fait que le combat aura lieu à 180 livres plutôt qu'à 175 me permet de me sentir plus énergisé qu'à l'habitude étant donné que j'ai eu moins de poids à perdre. Au moment d'écrire ces lignes, je suppose qu'il me reste environ deux kilos à éliminer, ce qui n'est vraiment pas inquiétant. J'irai m'entraîner ce soir et ce sera chose faite.

Contrairement à d'autres boxeurs, je n'aime pas m'entraîner pour perdre mes dernières livres le jour de la pesée. Je préfère me débarrasser de cette tâche la veille et aller au lit alors que tout est au beau fixe. Le matin, je mange un peu, je vais respecter mes obligations et ensuite, c'est le temps de se réhydrater et de refaire le plein d'énergie.

Parce que je suis un athlète très discipliné, je commence mes diètes deux à trois mois avant mes combats, de sorte que je perds mon poids, qui se trouve dans les environs de 193 livres, tranquillement et graduellement. Pas question pour moi de couper dix ou quinze livres en passant quelques jours dans le sauna, comme c'est monnaie courante dans le monde des sports de combat. Cette façon de faire - une déshydratation à l'extrême - est très néfaste pour le corps. Ma stratégie n'a pas que des avantages puisqu'elle exige des sacrifices sur une plus longue période, mais elle me permet d'avoir plus de vitalité quand ça compte vraiment.

Ça n'a pas été trop difficile pour moi de reprendre cette routine qui fait partie de la vie des boxeurs professionnels. Je suis très choyé par la nature et à cause de ma génétique, je ne prends pas tellement de poids lorsque je suis tenu à l'écart du ring. Au contraire, je perds de la masse musculaire lorsque je suis au repos et que j'arrête de m'entraîner. Alors quand je reprends du collier, il est plutôt facile d'adapter mes habitudes alimentaires en conséquence.

Vous m'avez énormément manqué

J'avais insisté sur ce point dans ma chronique précédente, mais je tiens à le réitérer pour que les gens sachent que ma tête est à la bonne place. Kuziemski est un boxeur de talent, un boxeur très technique, un boxeur expérimenté. Il a accompli des choses au niveau amateur auxquelles un boxeur sans talent ne peut que se permettre de rêver. Sa feuille de route est impressionnante et je n'ai d'autre choix que de me méfier de lui.

J'ai croisé Kuziemski pour la première fois aujourd'hui et j'ai senti un très grand respect mutuel entre nous deux. Regardez au-delà de lui et penser à mes missions suivantes serait un manque de respect à son égard.

Je n'ai jamais affronté un adversaire avec des réalisations aussi impressionnantes au niveau amateur. Bernard Hopkins est une légende, mais il n'a pas un très grand background amateur. Même chose pour Chad Dawson, qui est un excellent boxeur. Kuziemski vient ici pour gagner, je le sais, et c'est une très grande source de motivation pour moi.

Et il y a aussi les fans. Vous m'avez énormément manqué et vous avez été ma plus grande inspiration. Vous êtes ma locomotive, le carburant qui me propulse. Quand je pense aux gens qui croient en moi, qui croient que je peux redevenir champion du monde, ça me permet de courir le kilomètre supplémentaire qui me permettra d'y arriver. C'est aussi ce qui me motivera à donner un grand spectacle vendredi soir alors que s'amorcera ma route vers un retour au sommet.

L'aide de Georges St-Pierre

Georges St-Pierre ne pratique peut-être pas le même sport que moi, mais son aide m'a été précieuse tout au long de ma préparation.

La première fois que j'ai vu Georges combattre, c'était sur les ondes de RDS avec Jean-Paul Chartrand à la description. Il n'en était qu'à son deuxième combat pro et à l'époque, je n'avais aucune connaissance en arts martiaux mixtes, mais j'avais tout de suite vu son potentiel. Je voyais en lui un talent certain et je croyais qu'il deviendrait assurément un champion dans sa discipline. L'avenir a fini par me donner raison.

C'est un petit monde que celui des sports de combat au Québec et avec les années, j'ai développé une relation d'amitié avec Georges, qui est devenu un modèle pour moi. Même si on ne pratique pas exactement le même métier, je peux certainement tirer des leçons de son expertise.

Georges est lui-même revenu dans l'arène après une longue absence il n'y a pas si longtemps et ça m'a énormément rassuré lorsqu'il m'a confié qu'il était rouillé le soir de son combat. Grâce à lui, je sais que si j'entre dans le ring vendredi et que je suis rouillé, ce sera normal. Ça ne sera pas plus grave que ça et ça fera partie de l'expérience.

D'ici vendredi, gardez le punch et suivez-moi aussi sur Twitter

*Propos recueillis par Nicolas Landry.