Je vois d'un bon œil cette réunion que les joueurs ont tenu entre eux à la suite de la défaite de 6 à 2 contre les Flames de Calgary.

C'est vrai, les joueurs ont peut-être fait attendre les journalistes avant d'ouvrir les portes du vestiaire. Mais si j'avais été l'un de ces journalistes, ça ne m'aurait pas dérangé car ce n'est pas agréable pour personne quand le Canadien traverse une telle période creuse.

Je n'étais pas présent dans le vestiaire des joueurs donc je ne peux pas à dire à quel niveau les discussions ont grimpé.

Toutefois, il existe seulement deux scénarios possibles. Première hypothèse : tous les joueurs peuvent avoir utilisé le discours politiquement correct avec les propos que tout le monde veut entendre. Deuxième hypothèse : tous les joueurs racontent ce qu'ils ont sur le cœur et ils vident leur sac. Bien sûr, ce scénario s'avère la bonne méthode et lorsque les joueurs se disent les vraies affaires, c'est souvent signe qu'ils en ont assez.

Les joueurs peuvent sortir du vestiaire en se disant que tout le monde a raconté son baratin ou bien en se disant que cette réunion a écorché plusieurs personnes, mais que c'était nécessaire.

À la lumière de ce que j'ai vécu en carrière, cette stratégie fonctionne quand les joueurs sont honnêtes puisque ça permet de resserrer les troupes et tout le monde est tenté de pousser dans la même direction.

Je ne pense pas que le rendement du Canadien soit affecté par de mauvaises personnes. À mon avis, l'équipe traverse plutôt une période difficile car plusieurs joueurs manquent de confiance. En temps normal, trois ou quatre joueurs peuvent être affectés au niveau de la confiance dans une équipe. La situation se dégrade quand 12 ou 13 joueurs ont une baisse de confiance au même moment. Présentement, ces joueurs sont une fraction de seconde en retard car ils pensent beaucoup et trop.

Le hockey demeure un sport de haut niveau et tu ne peux pas te permettre d'être stressé. Les athlètes doivent jouer et éviter d'être mécaniques. Par les temps qui courent, les joueurs du CH serrent leur bâton et ils sont très fragiles. D'ailleurs, il ne faut pas oublier qu'ils menaient 2 à 1 après une période. Dans une telle séquence, le négatif entre facilement dans leur tête.

Les gens ont beau dire que c'est l'fun d'être un joueur de hockey, qu'ils sont chanceux et qu'ils font beaucoup d'argent. Mais c'est loin d'être aussi simple, les joueurs du Canadien pratiquent un sport de haut niveau et ils font face à des adversaires.

Mais j'en conviens, c'est à eux de trouver les solutions. Évidemment, ils doivent tous pousser dans la même direction, mais c'est plus facile à dire qu'à faire. En fait, si c'était si facile tout le monde pourrait sortir le CH du pétrin.

Depuis quelques matchs, le Tricolore commet trop de revirements ce qui complique la tâche. Selon ce que j'ai pu observer, le Canadien ne commet pas des revirements de nonchalance et d'égoïsme. Ils sont victimes de nombreux revirements car les joueurs ne prennent pas les bonnes décisions étant donné qu'ils sont trop stressés. Les joueurs n'ont pas leur aplomb habituel ce qui affecte leur exécution.

En bout de ligne, il faut retenir que tout le monde a un rôle, celui de jouer au hockey. Même si la confiance n'est pas au rendez-vous, un joueur peut toujours accomplir certaines choses comme jouer physique, bien travailler défensivement et donner l'effort nécessaire. Tous les joueurs ont cette responsabilité et ce, peu importe que tu sois le joueur le plus talentueux de l'équipe ou celui du quatrième trio. Ces éléments ne seront peut-être pas suffisants pour te faire remporter toutes les parties, mais ils vont te procurer une chance de gagner.

Je ne dis pas que tu es obligé d'expédier l'adversaire dans la quatrième rangée avec une mise en échec percutante, mais tu dois encaisser les contacts et réussir le jeu. Les joueurs des Bruins de Boston sont un bel exemple, ils excellent à ce chapitre.

Le problème concerne ensuite les joueurs qui possèdent des aptitudes pour effectuer des choses plus complexes. Si certains de ces joueurs ne sont pas habitués de fournir tous les efforts nécessaires, ils paraissent mal quand les jeux offensifs ne se concrétisent pas.

Parmi les joueurs talentueux qui n'appartiennent pas à cette catégorie, je songe rapidement à Jarome Iginla. Même si ça ne va pas très bien pour lui en attaque dernièrement, il ne tue pas son équipe puisqu'il est prêt à faire les bonnes choses pour contribuer et ça débloquera.

D'après moi, tu peux mal paraître quand tu te fies seulement sur ton talent offensif et que tu n'accomplis pas les tâches fondamentales. Dans un tel contexte, tu es incapable de racheter tes erreurs.

Carbo a suffisamment d'expérience

Le travail de Guy Carbonneau est remis en question par certaines personnes. Mais je préfère utiliser une métaphore très imagée pour vous expliquer mon point de vue sur ce sujet.

«Tu peux amener un cheval à l'eau, mais tu ne peux pas le forcer à boire.»

À un certain moment, ce sera aux dirigeants de l'organisation d'évaluer en profondeur le groupe de joueurs et de prendre la bonne décision. Je considère que Carbonneau en a vu assez au cours de sa carrière pour gérer cette situation. Il possède suffisamment d'expérience.

Il faut retenir que ce sont les joueurs qui s'en sortiront. Carbo, Kirk Muller et Doug Jarvis ne peuvent pas s'habiller et sauter sur la glace tout comme c'est impossible de confier le filet à Roland Melanson pour le prochain match. Ça revient aux joueurs de renverser la vapeur.

*Propos recueillis par Éric Leblanc