Ryan Garcia a suivi les recommandations de Floyd Mayweather fils
COLLABORATION SPÉCIALE
Ryan « King Ry » Garcia (25-1, 20 K.-O.) nous a bien eu la fin de semaine dernière dans sa victoire par décision majoritaire contre le champion WBC des super-légers Devin Haney (31-1, 15 K.-O.).
Le combat était serré, Haney gagnait les rounds où il ne visitait pas le plancher. Il y est allé 3 fois au tapis dans les rounds 7, 10 et 11. Si Haney comptait sur une stratégie d'attaques disciplinées autour d'un jab éduqué, Garcia calculait, posait des trappes et explosait aux moments opportuns. Haney a gagné plus de rounds mais Garcia a été le « Price Fighter » dans ce combat qui est la nature même de l'origine de ce sport en exerçant une domination physique et un peu machiste.
Pendant des semaines durant toute la promotion de ce gala, Garcia a démontré un comportement erratique, irrationnel et même dément, comme le montraient les nombreuses photos et vidéos dans des bars, torse nu, en état d'ébriété et cigarette au bec. Le point culminant a été les 3 livres de trop à la pesée officielle et la bière qu'il a ingurgité sur la scène après la pesée.
La majorité des journalistes couvrant la boxe, Dan Rafael, Jake Donovan, Michael Woods et Timothy Bradley, entre autres, s'inquiétaient réellement de la santé physique et mentale de Garcia et surtout de sa capacité à monter sur le ring et se faire frapper. Ils demandaient ni plus ni moins que son retrait du combat par les autorités règlementaires. Bradley a même déclaré que si Garcia l'emportait qu'il prendrait sa retraite comme commentateur de boxe tellement il était convaincu de la détresse de ce dernier.
Pourtant son entourage, son père Henry, ses promoteurs Oscar De La Hoya et Bernard Hopkins ne semblaient pas s'inquiéter outre mesure et prétendaient que tout était sous contrôle. Ils donnaient l'impression d'avoir abdiqués et ne penser qu'aux recettes potentielles.
Pertinemment la commission athlétique de New York a exigé un examen psychiatrique et une évaluation physique que Garcia a passé haut la main.
Ce qu'on sait aujourd'hui c'est que Garcia avait tout calculé et s'est vraiment joué de tout le monde. Ses vidéos avaient été prises bien avant le début de son camp d'entrainement et contrairement à ses prétentions il ne fumait pas, il ne buvait pas. Sa bière après la pesée était du jus de pomme mélangé à de l'eau pétillante.
Mais surtout c'est sur les conseils de son mentor, Floyd Mayweather fils qu'il est arrivé 3 livres au-dessus du poids limite de la division afin de mettre toutes les chances de son côté pour obtenir la victoire qui lui importait d'avantage que la ceinture WBC.
Mayweather avait déjà utilisé ce stratagème avec succès pour son combat contre Juan Manuel Marquez le 19 septembre 2009. Marquez n'avait jamais combattu à plus de 135 livres avait accepté un compromis à 144 livres. Le jour même de la pesée il a obligé le Mexicain à accepter de modifier le contrat pour monter le poids à 147 livres. Marquez a finalement fait osciller l'aiguille du pèse-personne à 142 et Floyd à 146 qui a par la suite facilement défait son adversaire aux points, en remportant presque tous les rounds.
Garcia ne pouvait pas faire changer le poids sur le contrat, mais a offert à Haney 500 000 $ par livre de surpoids. Ce dernier a mordu à l'hameçon.
Haney, qui était favori à moins-900 avant le combat, a perdu pour 2 raisons. Il a d'abord sous-estimé Garcia à cause de ses nombreuses pitreries, comme toute son équipe d'ailleurs, et les 3 livres supplémentaires ont joué un rôle important quant à l'issu du combat permettant à Garcia un niveau énergétique et une force supérieure. Ça ne semble pas beaucoup 3 livres, vu de l'extérieur, mais croyez-moi ça fait une différence immense.
Haney et son équipe ne se sont pas méfiés se disant que ce manquement à la pesée n'était que le reflet de l'indiscipline global de Garcia et que le combat était gagné d'avance. On n'a même pas cru bon d'exiger une clause de réhydratation qui aurait pu limiter l'avantage de Garcia en imposant une limite au le gain poids le jour du combat. Garcia a dit qu'il est monté sur le ring à 160 livres, 20 au-dessus de la limite de la division.
Garcia a démontré la qualité de sa préparation, le sérieux de son entrainement et la preuve qu'il n'avait pas triché en remportant les 3 derniers rounds tout en se permettant de faire chuter Haney aux 10e et 11e rounds. Dans un sport exigent comme la boxe, tu ne peux pas outrageusement dominer les derniers rounds d'un combat si tu ne t'es pas bien préparé, impossible!
Garcia est sans conteste le grand gagnant de cette histoire et il obtient ainsi une rédemption de sa défaite par K.-O. au 7e subit il y a un an contre Gervonta Davis (28-0, 27 K.-O.). À noter que ce combat était à 136 livres et Garcia était drainé, complètement déshydraté juste pour réussir à faire le poids et sa performance en a souffert. Ses réseaux sociaux comptent plus de 20 millions de fans qui lui permettent une popularité exceptionnelle bien plus grande que tous les champions actifs, sauf Saul « Canelo » Alvarez, et ainsi c'est lui qui va dicter ses conditions pour ses prochains combats.
Devin Haney a perdu son 0 à sa fiche, mais a remporté une bourse supérieure à l'ensemble de ses bourses en carrière et, grâce à la générosité de Mauricio Sulaiman, il conserve son titre WBC des super-légers. Une défense obligatoire contre son aspirant obligatoire, l'Espagnol Sandor Martin (42-3, 15 K.-O.), plane à l'horizon.
J'avoue que je me suis aussi fait prendre au jeu de Garcia et je m'attendais presque qu'il nous fasse un Oliver McCall contre Lennox Lewis, en 1997, qui a abandonné après 4 rounds en pleurs, en pleine dépression nerveus, ou encore un « No Mass » comme Roberto Duran contre Sugar Ray Leonard au 8e round en 1980. Mais comme le disais si bien le grand commentateur Larry Merchant : « La boxe est le théâtre de l'imprévu. » On peut ajouter que finalement c'est sur le ring que ça se passe vraiment et non dans les réseaux sociaux!
Les « Riyad Season » c'est plus d'un milliard de dollars d'investissement en moins d'un an
Le Saoudien Turki Alalshikh a véritablement montré ses couleurs mercredi à New York, lors de la conférence de presse qui a annoncé le début des événements les « Riyadh Season » à l'extérieur de l'Arabie saoudite. Quel début ce sera le 3 août prochain au BMO Stadium de Los Angeles qui met en vedette celui qui est considéré le boxeur numéro 1 au monde, livre pour livre, Terence Crawford (40-0, 31 K.-O.) contre le talentueux et dangereux Israil Madrimov (10-0-1, 7 K.-O.) d'Ouzbékistan.
Le premier événement de cette organisation a eu lieu il y a à peine 6 mois à Riyad, le 28 octobre plus précisément, alors que dans un combat mixte, Tyson Fury, le champion du monde WBC des lourds, affrontait le champion des lourds de l'UFC Francis Ngannou.
Quelques semaines plus tard, le 23 décembre on y retrouve au même programme une bonne partie des meilleurs aspirants an monde chez les lourds, Deontay Wilder, Joe Parker, Anthony Joshua, Daniel Dubois, Philip Hrgovic, Frank Sanchez, Arslanbek Makhmudov entre autres, en plus des grandes vedettes Dmitrii Bivol et Jay Opetaia. On se disait « Wow » ils veulent nous en mettre plein la vue pour leur introduction en boxe professionnelle.
Ce qu'on vient de réaliser, c'est que si on trouvait le gala du 23 décembre exceptionnel, ce sera juste la norme pour la compagnie General Entertainment Authority.
Depuis ce temps on a établi un calendrier d'événements mensuels dont les galas rivalisent les uns aux autres en termes d'importance et de qualité de combats impliquant les meilleurs au monde de leurs division peu importe leur affiliation de promoteurs ou de réseaux de télévision. Quand son excellence Alalshikh désire un combat, il le réalise peu importe le prix.
Après le 23 décembre, on a eu le 8 mars à Riyad où Anthony Joshua a remis les pendules à l'heure en pulvérisant Francis Ngannou en 2 petits rounds et où Joseph Parker a confirmé que sa victoire contre Deontay Wilder trois mois plus tôt n'était un coup de chance, alors qu'il prend la mesure du dangereux Zhilei Zhang.
Et la voici l'horaire qui se dessine pour les Riyad Season :
• 18 mai : Ryad, Arabie saoudite :
o Unification WBC, WBA, IBF et WBO des lourds
Tyson Fury (34-0-1, 24 K.-O.) c. Oleksandr Usyk (21-0, 14 K.-O.)
• 1er juin : Ryad, Arabie saoudite
o Unification WBC, WBA, IBF, WBO des mi-lourds
Artur Beterbiev (20-0, 20 K.-O.) c. Dmitrii Bivol (22-0, 11 K.-O.)
• 3 août : BMO Stadium Los Angeles.
o Championnat WBA et WBO des super-mi-moyens
Terence Crawford (40-0, 31 K.-O.) c. Israil Madrimov (10-0-1, 7 K.-O.)
• Septembre : Stade Wembley Angleterre
o Championnat IBF des lourds
Anthony Joshua (28-3, 25 K.-O.) c. Filip Hrgovic (17-0, 14 K.-O.)
• Octobre : Ryad, Arabie saoudite.
o Combat revanche championnat unifié des lourds
Tyson Fury c. Oleksandr Usyk
• Decembre : Ryad, Arabie saoudite
o Unification des mi-lourds
Artur Beterbiev c. David Benavidez
Les événements de septembre, octobre et décembre restent à confirmer et ses participants également, mais ils sont véritablement à l'horaire et évidemment la participation des principaux combattants reste à déterminer en fonction du résultat de leurs combats précédents.
De plus, on sait qu'à chaque gala il y aura 6 ou 7 autres combats qui pourraient faire la finale de n'importe quel gala des plus grands promoteurs Top Rank, Matchroom ou Golden Boy.
En fait, on a évalué que c'est plus de 1 milliard de dollars américains que le groupe va avoir injecté, en boxe professionnelle en 1 an! C'est du jamais vu!
Tous les meilleurs boxeurs au monde sont en action
L'impact de l'arrivée des « Riyad Seasons » est sans précédent pour toute l'industrie de la boxe. Pour la première fois de l'histoire, tous les meilleurs boxeurs, les plus grandes vedettes du sport, en santé et disponibles sont en action et la très grande majorité va recevoir des bourses dites générationnelles, c'est-à-dire qu'une seule de ces bourses pourrait leur permettre de se retirer riches et sans soucis financiers pour le reste de leurs vies.
Dans le passé pas très lointain, il n'y a qu'une poignée de boxeurs qui avait ce privilège. En fait, en général chaque promoteur n'organise que des combats maisons, c'est-à-dire avec des boxeurs sous contrat exclusifs. De plus, comme les revenus les plus importants viennent des droits de télévision, il faut que chacun attende son tour pour avoir une date dédiée.
Aujourd'hui il n'y a que 5 grandes vedettes internationales qui ne dépendent pas des revenus d'Arabie pour des gains faramineux. Le premier est le champion unifié des super moyens Saul « Canelo » Alvarez (60-2-2, 39 K.-O.) qui est la plus grande vedette en boxe professionnelle et qui a une garantie de 50 millions pour son prochain combat du 3 mai prochain contre Jaime Munguia (43-0, 34 K.-O.), au T-Mobile Arena à Las Vegas.
L'autre est Naoya Inoue (26-0, 23 K.-O.) qui va bientôt battre le record d'assistance et de revenus au Tokyo Dome de Tokyo du Japon, qui été établi par le combat Mike Tyson contre Buster Douglas, le 11 février 1990, qui voyait Iron Mike subir la défaite pour la première fois de sa carrière, un K.-O. au 10e round.,
Monster Inoue affronte le 6 mai prochain l'Américain Luis Nery (35-1, 27 K.-O.), alors qu'il défend ses 4 couronnes WBC, WBA, IBF et WBO des super-coqs. De plus, Inoue est supporté par Amazon Prime Video comme diffuseur numérique, un partenariat qui existe depuis plusieurs années déjà.
Les trois autres boxeurs qui génèrent des revenus frôlant ou dépassant les 50 millions par événements sont les Américains Gervonta Davis (29-0, 27 K.-O.), Ryan Garcia (25-1, 20 K.-O.) et Jake Paul (9-1, 6 K.-O.). D'ailleurs, Davis a récemment déclaré que si Alalshikh voulait ses services il avait besoin de recevoir, dans sa cour, cinq voitures Ferrari comme cadeau initial. Évidemment, le Saoudien a décliné poliment.
Pour Jake Paul, son histoire est unique et sa popularité et son sens des affaires dépasse largement son talent pugilistique.
Que reste-t-il pour ceux qui ne sont pas invités dans les « Riyad Seasons »?
L'avènement des Saoudiens en boxe professionnelle est également extrêmement positif pour la tranche de boxeurs qui ne n'est pas encore du groupe des vedettes invités à participer à ses événements. On peut facilement identifier les Vasyl Lomachenko, Shakur Stevenson, Emmanuel Navarrete, Teofimo Lopez, Jared Anderson et même Christian MBilli chez nous, et bien d'autres.
Ils rêvent tous d'être éventuellement repêchés pour participer dans un de ces opulents événement, mais entre-temps leurs promoteurs s'enrichissent d'avantage, augmentent leurs capacités financières et en même temps leurs diffuseurs comme ESPN, ESPN+, Amazon, Netflix ont toujours besoin de contenus exclusifs, continuent d'investir comme avant, mais cette fois-ci sur les excellents boxeurs qui sont toujours disponibles.
Et la boxe féminine?
Il ne semble n'y avoir aucun intérêt pour la boxe féminine de la part des « Riyad Seasons ». Ce qu'il faut souhaiter que l'espace créé par l'exode des plus grandes vedettes de boxe vers les galas de son excellence puisse du moins partiellement être récupéré par de grands combats de boxe féminine.
On se réjouit de l'annonce du combat revanche entre Katie Taylor (23-1, 6 K.-O.) qui va défendre ses titres unifiés des super légers contre Amanda Serrano (46-2-1, 30 K.-O.) la championne unifiée des plumes, le 20 juillet prochain au AT&T Stadium à Arlington au Texas.
Ce sera le combat de boxe principal qui supportera l'exhibition entre Mike Tyson et Jake Paul présenté sur Netflix à travers le monde.
Et les promoteurs?
Turki Alalshikh a mentionné qu'il invitait tous les promoteurs du monde à s'unir et collaborer pour permettre d'organiser les plus grands combats possibles, sans exceptions.
En fait, le lien qui va unifier tous les promoteurs du monde c'est l'argent que chacun peut retirer de la participation de son boxeur à un de ces grands galas et avoir le privilège de voir son logo imprimé sur les affiches promotionnelles.
Mais en vérité, il n'y a que 2 grands promoteurs et peut-être un troisième, par la bande, qui vont être impliqué et qui vont connaitre une évolution phénoménale. Il s'agit de Queensberry Promotions de Frank Warren, Matchroom Boxing d'Eddie Hearn et partiellement, grâce à son association avec Warren, Top Rank Boxing de Bob Arum.
Alalshikh n'est pas un promoteur, c'est un investisseur et les organisateurs sont Queensberry et Matchroom. Ces 2 groupes seront les grands gagnants et les boxeurs avec qui ils sont associés vont grandement en profiter. Ils seront également en mesure de recruter les meilleurs espoirs et en plus grand nombre.
Ce ne sont pas tous les promoteurs qui sont heureux de cette situation et Oscar De La Hoya ne s'est pas gêné de l'exprimer sur ses réseaux sociaux. Au début de l'année, il a exprimé ses craintes que tous les meilleurs combats se retrouvent en Arabie saoudite et que les principaux marchés historiques comme Las Vegas soient dépouillés. Alalshikh a répliqué en disant qu'il n'était pas obligé de participer et qu'il pouvait très bien rester chez lui.
C'était avant qu'on réalise l'intention du Saoudien d'exporter ses événements. Quand on a annoncé le gala des « Riyad Seasons » en Californie le 3 août avec comme promoteur principal Matchroom d'Eddie Hearn, De La Hoya s'est senti humilié d'être écarté dans son propre marché.
Voici la traduction d'un échange acerbe entre Le Golden Boy et l'Anglais :
Oscar De La Hoya :
« Eddie, pour le bien de la boxe britannique, reste simplement au Royaume-Uni pour tes promotions. Laisse les vrais promoteurs sur le marché américain où la boxe est importante. Tu as déjà eu ta chance, mais tout ce que tu as réussi c'est de gaspiller des centaines de millions de dollars pour ne rien construire aux États-Unis. »
Eddie Hearn :
« Oscar, vraiment, tu vas bien? Vous me traquez comme un fan fou. Vous avez remporté une belle victoire samedi et pourtant je consomme votre esprit 24h/24 et 7j/7. Malheureusement pour vous, je suis un promoteur mondial avec 18 champions du monde (vous en avez 4). J'ai de grands projets : travailler avec tout le monde pour développer ce sport à l'échelle mondiale et avoir des talents fantastiques sur le marché américain. Je vous souhaite sincèrement tout le meilleur et j'espère que vous pourrez apprécier ce que vous faites. »
On n'a pas fini d'en jaser!
Bonne semaine!