Rappelé tout juste avant Noël, Max Pacioretty a réservé une belle surprise aux partisans du Canadien.

Jeudi soir contre les Bruins, la jeune recrue du Tricolore a été étincelante sur la patinoire du Centre Bell et l'énergie nouvelle qu'il a insufflée au trio de Scott Gomez et Brian Gionta a rapporté ses dividendes. Au passage, Pacioretty a marqué son premier but de la saison, amassé une passe et il a été nommé la première étoile de la rencontre.

Outre le coup de patin extraordinaire qu'il possède pour un gars de son gabarit, ce qui détone le plus entre le Pacioretty de 2009 et le Pacioretty version 2.0, c'est la confiance qu'il dégage lorsqu'il est en possession de la rondelle. Et en voyant la belle maturité affichée par l'attaquant de 22 ans, je me suis dit que l'état-major du Tricolore avait adopté la bonne approche dans le développement de son jeune espoir.

Il y a près d'un mois, le directeur général Pierre Gauthier a mentionné que la Ligue nationale n'était pas une ligue de développement. En retournant Pacioretty dans la Ligue américaine au terme d'un camp d'entraînement en deçà des attentes, le Canadien aura permis à Pacioretty de sortir de sa coquille en développant les habiletés qui, à l'origine, avaient fait de lui un premier choix au repêchage amateur de la LNH.

Maintenant qu'il a offert deux bonnes prestations avec le grand club, Pacioretty doit continuer de miser sur ses forces s'il veut demeurer à Montréal. Souvent, lorsqu'un jeune est rappelé, celui-ci développe la fâcheuse habitude de vouloir mettre en pratique des choses qui dépassent ses capacités.

Je parle en connaissance de cause, puisque c'est de cette manière que j'avais intégré la formation du Canadien alors que j'avais 18 ans. À cette époque, j'évoluais pour les Voyageurs d'Halifax et j'avais été rappelé en novembre 1974 en compagnie de Doug Risebrough. Nous avions comme mandat de donner une bonne dose d'énergie au Tricolore qui était alors privé des services de son capitaine Henri Richard, blessé à une cheville.

Je me rappelle que Claude Ruel nous avait conseillé de saisir cette opportunité, les deuxièmes chances de rappel étant plutôt rares. Ce à quoi nous lui avions répondu : «ne vous inquiétez pas monsieur Ruel, nous n'avons pas l'intention de revenir dans les mineures. On va s'arranger pour rester en haut.»

Après avoir porté le chandail bleu-blanc-rouge sur mes épaules pour une première fois, je me suis appliqué à faire ce que je faisais le mieux, c'est-à-dire à faire de l'échec-avant, à aller devant le filet et à présenter du jeu robuste. Cela a porté fruit, puisqu'ils ont fini par surnommer le trio que je formais avec Doug Risebrough et Yvon Lambert la energy line et la direction du Canadien ne nous a jamais retournés dans les mineures.

Pacioretty devra miser sur ses forces donc, tout en continuant à revigorer la formation montréalaise par son style de jeu énergique. Cela aura une influence favorable sur les hommes de Jacques Martin, eux qui seront sollicités un peu plus par les bonnes vertus du travail en voyant un jeune comme Pacioretty repousser ses limites. C'est d'ailleurs un heureux hasard si Gomez a connu ses deux meilleurs matchs de la saison aux côtés du numéro 67 du Tricolore...

Pacioretty a sa place parmi les six premiers attaquants de la Sainte-Flanelle. Ne lui reste plus qu'à la saisir pour de bon.

L'arrogance des Bruins

Nous nous attendions à un duel émotif entre le Canadien et les Bruins, et c'est exactement à cela que nous avons eu droit. Au total, 78 lancers ont été effectués de la part des joueurs des deux équipes et 47 mises en échec ont été distribuées.

Au lendemain de ce «match de quatre points», le moins qu'on puisse dire, c'est que le Canadien a suscité la controverse à Boston. Dans un article publié vendredi dans le Boston Herald, le journaliste Stephen Harrris écrit dans son amorce que «le Canadien est une petite équipe méprisable et vicieuse qui aime donner des coups sournois, souvent par derrière, une fois que le coup de sifflet ait été donné. » Le quotidien rapporte ensuite les propos de l'attaquant des Bruins David Krejci qui font état des petits coups traîtres donnés par les joueurs du Canadien, coups qui sont pas parfois difficiles à percevoir pour les arbitres.

Évidemment, je ne suis pas d'accord avec ces propos. Le Canadien représente une bonne équipe de hockey qui joue dans un système dont les cadres ont été bien établis. Les joueurs du Canadien doivent prendre ces propos avec un grain de sel. Ces déclarations ont été faites sous le signe de la frustration, spécialement de la part de Krejci qui a livré et perdu sa première bagarre dans la LNH aux mains de Michael Cammalleri.

Cela envenimera-t-il les prochains affrontements entre ces deux rivaux de division? Je ne crois pas, car le Canadien n'affronte pas les Bruins avant le 8 janvier et ces propos auront eu le temps de s'estomper d'ici là.

Les Flyers, une équipe à prendre au sérieux

En date du 17 décembre, les Flyers de Philadelphie trônent au sommet du circuit Bettman avec une récolte de 47 points. Les Flyers sont à prendre au sérieux et ne représentent pas un feu de paille. Pourquoi? D'abord parce qu'ils ont le meilleur groupe de six défenseurs de la LNH. Ensuite parce qu'ils ont trois lignes d'attaque formées par des joueurs de la trempe de Mike Richards, Jeff Carter, Daniel Brière, Claude Giroux et Scott Hartnell qui sont tous en mesure de trouver le fond du filet.

Il faut aussi considérer le fait que la troupe de Peter Laviolette est capable de présenter n'importe quel style de jeu, que ce soit du jeu plus fin ou du jeu plus robuste. Les Flyers font payer aux équipes adverses la moindre erreur commise, je le sais parce qu'ils nous ont fait le tour en séries éliminatoires l'an dernier alors que j'étais derrière le banc des Devils du New Jersey en nous montrant la porte de sortie en cinq matchs.

Reste maintenant à voir comment les Flyers composeront avec l'adversité engendrée par la fracture au pied droit subit par Chris Pronger, lui qui s'est blessé lors du match contre le Canadien. Le vétéran défenseur manquera quatre à six semaines d'activités, et l'avenir nous dira si Philadelphie aura les reins assez solides et la profondeur nécessaire pour passer à travers cet obstacle.

*Propos recueillis par Guillaume Rivest