MONTRÉAL - Quand Stéphan Larouche avait décidé de prendre un jeune boxeur du nom de David Théroux sous son aile, le réputé entraîneur s’était assuré de modérer les attentes.

En le comparant à l’un de ses plus illustres anciens protégés - Éric Lucas -, Larouche souhaitait lancer le message que malgré tout le potentiel de son nouvel élève, la patience serait de mise et que la route vers les plus hauts sommets pourrait s’avérer longue. Au final, Larouche a dit vrai.

Opposé au vétéran Ignacio Mendoza en avril dernier au Colisée Cardin à Sorel-Tracy, Théroux (6-1, 4 K.-O.) a subi sa première défaite en se faisant passer le knock-out au septième round. Il disputera son premier combat depuis cet écueil à son dossier, samedi soir au Centre Bell, alors qu’il affrontera Felipe De La Paz en sous-carte du duel entre Lucian Bute et Andrea Di Luisa.

« J’ai bien pris ça, même si je ne te cacherai pas que ç’a été dur sur le coup, a avoué Théroux en entrevue au RDS.ca. J’ai plutôt pris ça du côté positif, du côté constructif… J’avais plein de choses à améliorer. Je commençais à développer des lacunes et à me sentir invincible.

« Il faut dire que je ne m’étais jamais fait faire mal depuis le début de ma carrière amateur et professionnelle, même à l’entraînement. Ça m’a fait réaliser que je suis un être humain comme tout le monde et que tout le monde peut se faire knockouter par un coup de poing. »

« David a appris énormément de choses et surtout à se connaître, a ajouté Larouche, qui est officiellement conseiller auprès de Théroux. En boxe professionnelle, il faut que tu respectes tout le monde. En tant qu’équipe, nous avons également appris à mieux connaître David.

« C’est un gars qui a extrêmement confiance en lui et qui n’a peur de rien, même de prendre des coups. Avec les petits gants chez les pros, ça peut faire une énorme différence. Il a vraiment pris conscience qu’il n’aurait pas tant d’autres chances après avoir échappé celle-là. »

Il ne faut donc pas s’attendre à voir de grands changements quand Théroux croisera le fer avec De La Paz (15-6-2, 6 K.-O.), qui s’est incliné devant le Montréalais Steven Butler à son dernier combat en mai à Chicoutimi. Le Sorelois reconnaît cependant qu’il a modifié son approche.

« Je suis encore le même boxeur avec les mêmes forces et les mêmes faiblesses, mais je suis plus conscient, a expliqué Théroux. Il y a des choses que mes entraîneurs me disaient avant, mais je ne les mettais pas en pratique. J’ai toujours été discipliné, mais je le suis encore plus. »

« David embarquait sur une sorte de cruise control et pensait que ç’allait se passer facilement, a précisé Larouche. À ce niveau, il faut vraiment que le boxeur y mette du sien. Contre Mendoza, il pensait qu’il allait le ramollir avant de le finir, mais il s’est fait toucher solidement au quatrième.

« Il a perdu beaucoup d’énergie à ce moment-là et n’a plus du tout été le même par la suite. Il faut dire que c’était la première fois qu’il franchissait le septième round après n’avoir disputé que des combats de quatre ou six rounds depuis le début de sa carrière. Il a appris… »

La tenue inhabituelle d’un gala à cette période-ci de l’année fera en sorte que Larouche ne sera pas dans le coin de Théroux samedi soir, pas plus que dans ceux de Yves Ulysse fils et Bogdan Dinu. Mais puisque Pierre Bouchard est formellement son entraîneur, cela ne change rien.

Chose certaine, Théroux espère profiter de cette occasion pour retrouver le chemin de la victoire et s’il parvient à éviter les blessures, il entend remonter dans le ring deux autres fois d’ici la conclusion de l’année, dont une devant les siens au Colisée Cardin cet automne.