Le champion mi-moyen Timothy Bradley Jr a profité du moment à 100 %. Partout, à la pesée officielle du combat Mike Alvarado-Brandon Rios II, un amateur de combat lui demandait de prendre une photo, de signer un autographe ou simplement de discuter un instant.

C’est le genre d’attention que Bradley a toujours désiré. Positive, celle-là. Pas négative comme après sa victoire par décision partagée obtenue contre Manny Pacquiao en juin dernier, l’une des plus controversées dans l’ère moderne de la boxe. À la suite de ce combat, Bradley était dépité. Il est resté principalement chez lui avec sa femme Monica et ses enfants (un autre est en route) à Palm Springs, en Californie.

Bradley a même reçu des menaces de mort de la part d’individus zélés qui ont pris les choses beaucoup trop au sérieux et ont décidé de le blâmer pour le résultat.

Lorsque Bradley est remonté sur le ring neuf mois plus tard, le 16 mars, afin de réaliser la première défense de son titre contre le Russe Ruslan Provodnikov, Bradley voulait se racheter. Il voulait prouver aux fans et aux médias qu’il méritait cette ceinture et qu’il pouvait donner un excellent spectacle puisqu’on lui reproche que son style n’est pas du genre à plaire à la foule.

Bradley a laissé tomber le plan de match et a livré une lutte sans relâche contre Provodnikov au Home Depot Center à Carson, en Californie. Il s’agissait pour chacun de leur performance la plus excitante en carrière, et de loin. Bradley a failli se faire passer le K.-O. lors du premier et du deuxième round, mais a continué à s’époumoner et est même parvenu à se relever après avoir été envoyé au plancher dans les dernières secondes. Il l’a finalement emporté de façon serrée par décision unanime pour conserver son titre.

Vendredi dernier, à la pesée officielle présentée au Mandalay Bay Events Center, il s’est fait aduler et reconnaître partout où il allait par les amateurs qui grouillaient encore d’excitation en pensant au combat de haut calibre contre Provodnikov.

Monica était à ses côtés, le sourire aux lèvres, et elle appréciait visiblement de voir son mari recevoir autant d’attention.

« C’est génial. L’accueil des fans est merveilleux, a expliqué Bradley, qui s’est détaché du groupe d’admirateurs pour s’entretenir avec ESPN.com. C’est agréable quand on vous envoie des ondes positives et que les fans vous respectent, vous et votre travail. »

Cette reconnaissance est peut-être plaisante pour Bradley (30-0, 12 K.-O.), 29 ans, mais une telle victoire a un prix. Bradley a dit après le combat qu’il croyait avoir une commotion cérébrale et qu’il a continué à se battre malgré celle-ci durant la majorité de la joute.

« Nous sommes allés à l’hôpital après le combat et deux médecins m’ont évalué, a déclaré Bradley. L’un d’eux a dit que je n’avais pas de commotion, l’autre oui. Puis ils ont effectué une tomodensitométrie et les résultats étaient négatifs. Je croyais pourtant en avoir une, j’en ai eu l’expérience dans le passé alors je sais exactement comment on se sent : un peu somnolent, fatigué, en constant déséquilibre. »

Bradley dit avoir ressenti ces symptômes durant les jours qui ont suivi le combat. Lorsqu’il est arrivé à Las Vegas vendredi dernier, il a subi un test d’imagerie par résonnance magnétique auprès d’un spécialiste pour obtenir un suivi. Son gérant Cameron Dunkin et le promoteur Top Rank considéraient qu’il valait mieux être prudent.

« J’ai subi une IRM ici à Las Vegas et tout va à 100 % », a précisé Bradley.

Bradley avoue qu’on lui parle du combat chaque jour depuis ce temps et qu’il est encore un peu émerveillé devant ce qui s’est passé durant ces 12 rounds endiablés. Il dit avoir revu le combat « environ 20 fois ».

 « Ça prend quelqu’un de spécial pour m’amener à ce niveau et Provodnikov l’est. Les styles dictent les combats. J’étais là pour gagner le respect des amateurs et montrer au monde de quoi je suis capable. »

« J’ai foncé tête première, j’étais confiant. J’ai mieux fait à l’intérieur que lui. Ce que je ne savais pas, c’est à quel point il est fort et qu’il peut cogner. Man, quand il m’a pincé, je me suis dit "Wow". Nous avons donné un bon spectacle aux fans et aux auditeurs de HBO. »

Bradley dit souhaiter se battre au moins deux autres fois cette année. Une fois cet été et une autre à l’automne. Il demeure possible qu’il obtienne une revanche contre Pacquiao en septembre même s’il semble plus probable que Pacquiao se mesure à Juan Manuel Marquez une cinquième fois. Bradley pourrait aussi faire face à Marquez si ce combat n’a finalement pas lieu.

« Mon job est d’être prêt peu importe qui se trouvera devant moi. Je me fou sincèrement de l’identité de mon adversaire. Je suis arrivé au stade où ça ne m’importe plus vraiment. Je veux juste donner un bon spectacle aux amateurs. Je vais faire de l’argent d’une façon ou d’une autre. Évidemment, on veut toujours prend part aux combats d’envergure, mais ce n’est pas toujours possible. »

« Si Pacquiao veut m’affronter à nouveau, je suis prêt. S’il ne veut pas, eh bien, passons à autre chose. Qui est le suivant? »

L’important pour Bradley est de voir de l’action. « Je dois me tenir occupé. C’est la seule façon d’obtenir de la reconnaissance et de gagner de plus en plus de partisans chaque fois. Ils doivent me voir me battre. Je ne l’ai pas fait souvent lors des trois ou quatre dernières années. Je ne veux plus de ces longues pauses qui durent 10 mois. Je veux rester actif. Vous perdez vos sensations lorsque vous attendez aussi longtemps. Vous oubliez ce que c’est de se faire frapper. Vous oubliez tout. Faites appel à qui vous voulez. Je m’en fou. Amenez-le. »

Lorsque l’entrevue s’est terminée, Bradley a retrouvé son public. Il y avait encore bien d’autres photos à prendre et d’autographes à signer.