Même dans la défaite il arrive souvent que l’on doive admirer le courage du vaincu. C’est exactement ce que j’ai ressenti en voyant Lucian Bute y aller la pédale au plancher contre James DeGale samedi soir dernier au Centre Vidéotron de Québec.

Pour la première fois depuis que je l’ai connu en débarquant de l’avion qui l’amenait au Québec, je vais appeler Lucian : Monsieur Bute.

Vraiment, j’étais fier pour lui. Fier de lui. Lui qu’on avait critiqué depuis sa cuisante défaite aux mains de Carl Froch  Enfin, une performance qui ressemblait passablement à l’ex-champion mondial.

Comprenez bien, je ne dis pas que Monsieur Bute va redevenir champion un de ces jours, mais il a au moins prouvé qu’il avait encore le feu sacré. S’il avait combattu de cette façon contre Jean Pascal, je ne suis pas certain que l’issue de la rencontre aurait été la même.

Disons que le temps a bien fait les choses.  Non seulement Monsieur Bute a-t-il résisté à toutes les attaques de celui qui se considère comme le meilleur super-moyen au monde, mais il l’a obligé à utiliser tout son arsenal pour finalement défendre sa couronne avec succès.

C’est vrai que Monsieur Bute a subi la défaite par décision des juges, mais j’ai trouvé qu’ils n’avaient pas été tellement généreux à son égard. Personnellement, j’avais un pointage de 115/113 en faveur du champion, comparativement à 116/112, 117/111 et 117/111. 

Pas la journée du Québec

Malheureusement, samedi, ce n’était pas la journée du Québec. Le Canadien a perdu contre les Devils du New Jersey.  Les Carabins ont été vaincus par les Thunderbirds de l’Université de la Colombie-Britannique et finalement, Monsieur Bute a été vaincu par un plus jeune.

Non, samedi, c’était plutôt la journée des Britanniques.  Ce n’est nul autre que le crooner Tyson Fury (Frank Sinatra peut dormir en paix) qui a parti le bal en Allemagne en mettant un terme au règne du roi Wladimir Klitschko et James DeGale a continué la fête au Québec.

Parlons-en de ce match de championnat des poids lourds en Allemagne. Klitschko et Fury ressemblaient étrangement à des sauterelles dans un champ de maïs par une journée chaude et humide. Une performance qui aurait fait tourner dans leurs tombes les ex-monarques Joe Louis et Rocky Marciano. Par moment, ce match ressemblait beaucoup plus à une épreuve de danse sociale qu’à un combat de boxe.

Vite, ramenez-moi Mike Tyson!

Dites-vous bien que vous n’avez pas fini d’entendre parler de Monsieur Bute. D’ailleurs, il a déclaré publiquement qu’il retournait en gymnase et qu’il combattrait à nouveau dans un avenir prochain.

Le Québec a de très bons boxeurs

Adonis Stevenson est toujours champion, même s’il ne se bat pas très souvent. Au moins samedi soir, pas tellement loin des plaines d’Abraham, on l’a vu confronter Sergey Kovalev dans un tête-à-tête amical sous l’œil attentif de Katy Duva. On a le droit d’espérer.

Eleider Alvarez vient d’éclipser Isaac Chilemba et cogne à la porte du championnat des mi-lourds. Qui sait, un de ces jours on le retrouvera peut-être devant Superman.

Il y a aussi Artur Beterbiev qui devrait coiffer une des couronnes de champion au cours des douze prochains mois.

Jean Pascal? Et bien c’est Jean Pascal. On ne sait jamais ce qu’il peut faire pour nous épater. Qui sait, à la veille de ce deuxième affrontement contre Sergey Kovalev, peu de connaisseurs lui prédisent la victoire, mais tout est possible. La boxe c’est la boxe. Allez demander à Amir Imam ce qui s’est passé dans sa défaite surprise contre Adrian Granados. Il était favori à six contre un pour se débarrasser de Granados et se retrouver face à face avec Viktor Postol dans un match de championnat mondial des super-légers. Il a baisé le plancher au dixième engagement et son rêve a soudainement pris fin.  En voici un autre qui ne reviendra pas visiter la ville de Québec de sitôt où il vient de subir sa première défaite en carrière.

N’oubliez pas Kevin Bizier

Kevin Bizier est un autre qui affrontera prochainement Kell Brook dans un match de championnat. Lui aussi a déjoué tous les connaisseurs en obligeant à se retirer Frederick Lawson du combat à cause d’une blessure à la joue. Lui aussi a terni à tout jamais la fiche parfaite d’un favori en lui faisant subir un premier revers en carrière.

Et ne comptez surtout pas David Lemieux pour battu. On va le retrouver très prochainement dans un match de haut calibre et peut-être même dans un autre combat de championnat avant la fin de 2016 ou tout au plus au début de 2017.

Retenez bien le nom d’Oscar Rivas, qui a disposé de Joey Abel en moins de quatre minutes. Ce poids lourd, lorsqu’en bonne santé, peut se comparer aux autres meilleurs aspirants mondiaux.

Un autre que l’on aura à l’œil c’est le géant de 6 pi 5 po Bogdan Dinu. Ce Roumain de 29 ans n’a toujours pas subi la défaite en 14 combats et a obligé dix de ses rivaux à se retirer avant le dernier son de cloche.

Je sais qu’il a un passé pas très catholique, mais il sait boxer et à 29 ans, il est encore jeune pour un poids lourd.

Bonne performance

La performance de Monsieur Bute permet donc d’ajouter un nom de plus à notre liste sélecte de bons boxeurs québécois recherchés par les plus grands réseaux américains.

Monsieur Bute nous donne aujourd’hui une leçon de courage et d’acharnement à obtenir le meilleur de soi-même. Si j’étais un jeune boxeur qui rêve de se retrouver dans un match de championnat, je prendrais la performance de Monsieur Bute contre James DeGale comme critère de base en me disant : « Si un vétéran de 35 ans, ex-titulaire mondial, peut aller au bout de ses forces et livrer un match aussi intensif à celui qui se considère comme le meilleur de sa catégorie, je veux l’imiter, en espérant que la décision soit en ma faveur ».

En terminant, avis aux promoteurs québécois.  Si vous avez l’intention un jour d’inviter le champion mondial des poids lourds Tyson Fury  à venir combattre au Québec, de grâce, faites-lui signer une clause dans son contrat stipulant qu’il n’a pas le droit de chanter après sa performance. Il est loin de sonner comme Pavarotti.

Bonne boxe.