Mardi, une explosion dévastatrice a secoué Beyrouth, au Liban. À l’heure actuelle, on fait état de plus de 113 morts parmi les milliers de blessés, en plus de centaines de milliers qui se retrouvent sans abris.

 

L’onde de choc s’est rendue jusqu’ici. Le promoteur de boxe québécois Camille Estephan a grandi dans les rues de Beyrouth, près du port affligé, à l'époque de la guerre civile qui a perduré de 1975 à 1990. Il a quitté le pays à l’âge de 15 ans, en 1986, laissant derrière lui plusieurs proches qui y demeurent toujours aujourd’hui.

 

Les explosions à BeyrouthLes images sont dignes d’un film-catastrophe, surréalistes presque. Mais tout ça est pourtant bien réel.

 

« Au début je pensais que c’était un film, je ne croyais pas que c’était quelque chose qui était arrivé », a déclaré Estephan en entrevue avec RDS mercredi, au lendemain dès évènements. « La première sensation... je me sentais comme si j’étais retourné à l’âge de 15, 14, 12 ans, quand je vivais dans la guerre. C’est des choses qui sont arrivées assez souvent; des bombes piégées, mais évidemment c’était loin du calibre de l’explosion d’hier. C’était désolant de voir ça. »

 

Après avoir pris connaissance de la situation et vu les images saisissantes, Estephan a immédiatement pris des démarches pour essayer de contacter ses proches à l’autre bout du monde.

 

« Aujourd’hui on peut les contacter via FaceTime ou le téléphone, mais rien ne fonctionnait. Alors j’étais très inquiet au début. J’avais peur qu’ils ne répondent plus. Des heures plus tard, j’ai réussi à parler avec quelques personnes, qui m’ont donné de l’espoir. Et là aujourd’hui j’ai su que tout le monde était sain et sauf. C’est très, très triste. On ne sait pas combien il y aura eu de morts et de blessés dans tout ça, mais c’est très gros.

 

« Je suis heureux de savoir qu’ils sont sains et saufs. Ça nous fait réaliser à quel point on est chanceux de vivre au Québec. Des fois on peut se plaindre de petites affaires, mais on est en sécurité ici. On peut sortir de la maison et ne pas avoir d’inquiétudes, tandis que là-bas, même si la guerre civile est finie, c’est très volatile. […] Oui on a des nids de poule à Montréal, mais ça pourrait être bien pire que ça, il faut s'en rappeler. Quand on se compare, on se console... Maintenant il faut regarder comment on peut aider chez nous pour devenir encore meilleurs et garder l'économie vivante au Québec. »

 

Les rues de Beyrouth après les explosionsLes déflagrations sont la cause d’un incendie qui a pris naissance dans un entrepôt du port de Beyrouth où étaient stockées environ 2750 tonnes de nitrate d’ammonium depuis six ans « sans mesures de précaution », disent les autorités libanaises. Estephan habitait à 25 minutes des lieux à l'époque de son enfance.

 

« Tous les immeubles dans la région, les vitres sont cassées, les autos sont envolées. Ça ne va pas bien en plus économiquement pour eux, alors ça ne tombe vraiment pas dans un bon timing. C’est vraiment triste de voir cela. On prie pour eux », raconte Estephan au sujet du pays qui est enfoncé dans une crise économique et sociale, et qui est confronté à la colère de la population face aux dirigeants et à la classe politique, les accusant de corruption et de mauvaise gestion, mais encore plus aujourd’hui de négligence au cœur de la présente tragédie. On estime à 3 milliards de dollars les dommages liés aux explosions.

 

Camille Estephan conclut en mettant en lumière la résilience des gens de son pays d’origine qui, il l’assure, sauront se relever.

 

« C’est un pays qui est ultra beau, avec des gens qui sont très éduqués, très créatifs, productifs. Alors je n’ai aucun doute qu’éventuellement ils vont se remettre de â, ils se sont remis d’encore pire que ça. Mais c’est des choses qui ne devraient pas arriver, ce laxisme du gouvernement et cette mauvaise gestion est tout simplement intolérable en 2020. Espérons que le gouvernement va changer, je le souhaite pour eux. »

 

« Je pense qu'il y a un mouvement dans le monde, les pays regardent comment contribuer. J'espère que ça va continuer de la bonne façon, que ça va se rendre dans les bonnes mains, qu'on va utiliser l'aide pour les gens qui en ont vraiment besoin. Il y a beaucoup de Libanais à travers la planète qui envoient de l'argent, qui aident leur famille là-bas, ça les aide beaucoup. Il y a plus de Libanais en dehors du Liban qu'au Liban, alors je pense que ça peut les aider. Mais chaque petit geste d'aide peut faire une grande différence. »