BOUCHERVILLE, Qc - Après une fructueuse association de plus d’une décennie, les chemins de Lucian Bute et Stéphan Larouche sont sur le point de se séparer.

Dix années pendant lesquelles le boxeur québécois d’origine roumaine est devenu champion du monde des poids super-moyens de la IBF et a ensuite défendu son titre avec succès neuf fois. Sauf que les choses ne sont plus exactement les mêmes depuis la défaite devant Carl Froch.

Quel avenir pour Bute?

Les deux complices se sont imaginé un instant qu’il ne s’agissait que d’une simple erreur de parcours en s’appuyant sur les deux derniers rounds du combat qui a suivi contre Denis Grachev. Malheureusement, la déconfiture survenue le 18 janvier dernier face à Jean Pascal a confirmé que les vieux démons n’avaient jamais été véritablement chassés.

Et puisque Bute n’a nullement l’intention d’accrocher ses gants dans un avenir rapproché, Larouche en est venu à la conclusion qu’il n’est peut-être plus l’homme de la situation. Que la seule vraie façon de permettre à son boxeur de s’épanouir est de laisser sa place à un autre.

« Dernièrement, il y a un nuage qui plane au-dessus de nos têtes et nous avons de la difficulté à nous en débarrasser », a lancé Larouche au cours d’une conférence de presse particulièrement sobre. « Dans l’équation, il y a une personne remplaçable et c’est moi. Ce n’est pas Lucian. Je ne veux surtout pas arriver et me dire à la fin de sa carrière que j’aurais donc dû me tasser. »

La croisée des chemins

« Si je me mets à sa place, d’entrer dans le gymnase avec un nouvel entraîneur et une nouvelle petite routine, cela ne peut être que positif. Il n’est pas du tout question de réapprendre à boxer, mais en ce moment, Lucian a besoin de soleil. Pas de gros nuages noirs… »

Sans détour, l’entraîneur reconnaît que la relation d’exclusivité qu’il entretenait avec son protégé commençait à peser de plus en plus lourd sur ses épaules. Reconnu par plusieurs intervenants du milieu comme l’un des meilleurs de sa profession, il voit d’un bon œil la chance de transmettre son savoir à de nouveaux talents. Et ce ne sont pas les offres qui manquent.

« Peut-être que cela va me permettre de reprendre une certaine erre d’aller », a analysé celui qui a également dirigé Éric Lucas et Stéphane Ouellet dans le passé. « Des demandes d’athlètes, j’en reçois fréquemment. Au lieu de travailler de nuit avec eux, je vais travailler de jour! »

« Je rêve au jour où je vais trouver le prochain Lucian Bute et le donner à Stéphan Larouche », a ajouté le promoteur Jean Bédard. « Je suis convaincu que quelque part, il souhaitait relever de nouveaux défis. Stéphan, c’est mon gars de boxe et je ne suis pas inquiet pour son avenir. »

Éviter les regrets

Même s’il ne sait pas encore concrètement quelle forme prendra son retour à la compétition, Bute est d’avis qu’un changement d’entraîneur lui permettra de donner un second souffle à sa carrière. Il n’entend cependant pas précipiter le moment avant de choisir l’heureux élu.

La fin de l'association Bute-Larouche?

« J’ai besoin de temps pour réfléchir afin de prendre les bonnes décisions », a expliqué l’ancien champion. « J’ai disputé beaucoup de combats et avec les blessures, je n’ai pas pensé à moi. »

« J’ai 34 ans et je pense que j’ai encore des choses à donner à la boxe. Je ne veux pas avoir de regrets. Je veux au moins me donner la chance de l’essayer dans un autre environnement. »

Assurant qu’il sera toujours là pour l’épauler dans sa réflexion, Larouche ne s’inquiète pas outre mesure que son ancien élève effectue le mauvais choix. Il est trop brillant pour se tromper.

« Il ne faut pas qu’il écoute son cœur, mais sa tête. Si un boxeur attend trop, il ne reste plus que le cœur et c’est là que ça ne va pas bien », a précisé l’entraîneur. « Lucian est un gars extrêmement intelligent, alors je suis convaincu que la décision qui va être prise sera réfléchie, analysée, scrutée et pensée. C’est sur qu’il ne continuera pas à boxer sans avoir fait cela. »

Ainsi, Bute a déjà rencontré une dizaine de spécialistes depuis sa défaite contre Pascal et tous en sont venus à la conclusion qu’il peut encore se battre. Aux yeux du principal intéressé, de son ex-entraîneur et de son promoteur, c’était la chose à faire afin d’être honnête envers tout le monde. Reste à savoir si les amateurs sont encore enclins à poursuivre l’aventure.

« J'ai encore le goût de boxer »
« Moi et Lucian on a une relation sincère »
« J'ai encore des choses à montrer »
« Je suis en pleine forme »