MONTRÉAL - La dernière fois que Chad Dawson s’est battu au Québec, son combat n’a duré que 76 secondes et sa défaite a permis à Adonis Stevenson de s’emparer du titre des poids mi-lourds du WBC qu’il détient toujours. Un peu plus de trois ans plus tard, l’Américain est de retour.

Il affrontera en effet Eleider Alvarez le 29 juillet au Centre Vidéotron de Québec dans un duel dont l’issue pourrait chambouler le portrait chez les 175 livres. S’il a passablement perdu de son lustre depuis sa dernière visite, le gaucher représenterait toujours un rival de premier plan.

Dawson (34-4, 19 K.-O.) revient d’une victoire sur l’ancien aspirant mondial Cornelius White et le clan d’Alvarez (19-0, 10 K.-O.) est convaincu qu’un gain sur un ancien membre du classement des meilleurs boxeurs « livre pour livre » de la planète lui permettra de gagner en notoriété.

« C’est un gros défi, a mentionné Alvarez au terme d’un entraînement léger tenu dans les locaux de Groupe Yvon Michel mercredi à Montréal. Je le regarde depuis l’époque où j’évoluais dans les rangs amateurs et il a battu beaucoup de bons boxeurs. C’est une grosse chance pour moi. »

« C’est un gars qui est encore extrêmement dangereux, a ajouté le promoteur Yvon Michel. Dans son dernier combat contre White, il a montré qu’il peut être encore très incisif. Il ne faut pas oublier qu’il n’est âgé que de 33 ans et qu’il n’est pas encore rendu au bout du rouleau. »

C’est déjà la quatrième fois que les amateurs d’ici auront l’occasion de voir Dawson à l’œuvre et chaque fois, ils ont eu droit à des versions différentes de l’ex-champion : le boxeur dépassé par les événements contre Jean Pascal en août 2010, celui en pleine possession de ses moyens face à Adrian Diaconu en mai 2011 et celui au-dessus de ses affaires contre Stevenson en juin 2013.

L’entraîneur d’Alvarez, Marc Ramsay, était aux premières loges quand Pascal a causé une onde de choc dans le monde de la boxe en battant Dawson par décision technique. L’Américain avait vaincu Glen Johnson et Antonio Tarver deux fois chacun au cours des deux années précédentes.

« C’est certain que je le connais un peu plus que la première fois, alors il y a un petit peu moins d’improvisation et d’inconnu, mais il demeure un boxeur complexe et très complet, a analysé Ramsay. C’est un gaucher avec une longue portée, une bonne vitesse et une bonne technique.

« Au moment où il a affronté Jean, il était un peu écrasé par la pression d’être champion et le fait de venir boxer ici au Québec. Depuis sa défaite contre Stevenson - sauf le duel face à Tommy Karpency où il était blessé -, il a offert de meilleures performances et semblait plus relax.

« À la limite, Eleider et Dawson sont des gars qui se ressemblent beaucoup. Ils sont techniquement très bons, possèdent une bonne vitesse et une force de frappe respectable. Mais nous pensons qu’Eleider est supérieur à Dawson. Le moment est bon pour l’affronter. »

Victime de ses mauvais choix

Si Dawson s’était plutôt bien remis de sa défaite contre Pascal en dominant facilement Bernard Hopkins pour redevenir champion, il est impossible d’en dire autant à la suite de sa décision de se mesurer au champion unifié des super-moyens de l’époque Andre Ward en septembre 2012.

Même s’il était détenteur d’une ceinture chez les mi-lourds, Dawson avait accepté de descendre chez les super-moyens à 168 livres et avait cruellement manqué d’énergie avant de s’avouer vaincu par arrêt de l’arbitre au 10e round. À sa sortie suivante, Stevenson l’avait détrôné.

« Il est évident que Dawson a fait de mauvais choix, a opiné Michel. Quand il s’est associé (aux promoteurs) Don King et Gary Shaw, ces derniers l’ont amené partout et en ont fait un mercenaire. Ils n’ont jamais cherché à lui créer une base comme celle qu’a Ward à Oakland.

« Le premier combat entre Dawson et Hopkins a été présenté au Staples Center de Los Angeles. Imaginez, un gars du Connecticut contre un gars de Philadelphie, c’était un non-sens. Mais il faut dire que Dawson se considérait au-dessus de tout ça à ce moment-là, car HBO le payait bien. »

Quoi qu’il en soit, tous sont d’avis que Dawson sortira avec le couteau entre les dents, étant donné qu’il s’agira vraisemblablement de sa dernière chance de se battre au sommet. Mais comme il l’a déjà fait avec Edison Miranda, Alvarez n’entend pas lui laisser la moindre chance.