MONTRÉAL - L’annonce du test antidopage positif de Lucian Bute a jeté une part d’ombre sur la boxe québécoise et tous les projecteurs se retrouvent désormais braqués sur les intervenants du sport, même sur ceux qui ont connu un parcours sans tâche depuis le début de leur carrière.

Une situation loin d’être perçue négativement par certains, dont le réputé entraîneur Marc Ramsay qui, en plus d’avoir connu du succès avec de nombreux boxeurs professionnels, a été entraîneur de l’équipe nationale du Canada de boxe amateur au début des années 2000.

« Nous devrions constamment être sous les feux de la rampe, a avoué Ramsay après un entraînement de son protégé Artur Beterbiev mardi midi à Montréal. Les athlètes doivent se responsabiliser et les entraîneurs ont un rôle là-dedans en se devant d’être transparents. »

Alors que Bute a martelé son innocence sur toutes les tribunes après l’annonce de son contrôle positif à l’ostarine la semaine dernière, le nom de son préparateur physique Angel Heredia a été évoqué comme possible source de contamination en raison du passé trouble de ce dernier.

Ramsay a déjà eu l’occasion de travailler en étroite collaboration avec Heredia quand l’entraîneur québécois était encore dans le coin de Jean Pascal. Le préparateur physique et l’ex-champion avaient commencé à se fréquenter avant le combat contre Bute.

Ce duel disputé en janvier 2014 avait d’ailleurs marqué une première dans l’histoire de la boxe québécoise, alors que Pascal et Bute avaient accepté de se soumettre à des tests antidopage inopinés. Mais la facture avait finalement été salée : 50 000 $ pour chacun des deux boxeurs.

« Avec Jean, je n’ai jamais rien vu quelque chose de louche, assure Ramsay. En raison de son passé, nous avions eu des rencontres serrées pour nous assurer du protocole utilisé. Mais à un moment donné, c’est un travail d’équipe et nous ne pouvions pas tout superviser non plus. »

Gravitant dans l’univers de la boxe professionnelle depuis plus d’une décennie et pour avoir côtoyé plusieurs grandes vedettes au fil du temps, Ramsay croit que la solution pour régler une partie du problème est assez simple, ce qui permettrait d’éviter les mauvaises surprises.

« Les boxeurs ont tendance à faire beaucoup confiance à leur entourage, mais ils devraient mettre les préparateurs physiques sous contrat, opine Ramsay. Il est possible de regarder cette problématique de toutes les manières possibles et imaginables, mais ça prend un responsable.

« Quand un boxeur embauche un intervenant, il devrait avoir la possibilité de le mettre sous contrat avec des avertissements et la possibilité de recours contre ce dernier si jamais il y a un problème. Ça n’enlèverait pas les suspensions et les dégâts aux carrières, mais il y en a une bonne gang qui marcheraient les fesses un peu plus serrées à partir de ce moment-là. »

Étant donné que Ramsay avoue lui-même ne pas être un expert de la question, il reconnaît que les boxeurs n’ont souvent pas le choix de se tourner vers un spécialiste lorsqu’une diète spéciale ou encore la prise de suppléments alimentaires entrent dans l’équation.

Mais à la lumière de ce qu’il a lu ces derniers jours, il se demande pourquoi Bute aurait pu prendre de l’ostarine, puisqu’il ne « voit pas ce que ça pouvait apporter à la performance ». Sauf qu’ultimement, c’est l’athlète qui est le responsable de ce qu’il décide de consommer.