Ça fait plus de 50 ans que je travaille dans le monde de la boxe et croyez-moi… j’en ai vu des vertes et des pas mûres. 

J’ai survécu à la moumoute de Gaétan Hart dans un combat, à l’accident de voiture mortel de Stewart Hilton, à la mort de Cleveland Denny, l’affreuse blessure à la tête de Ralph Racine, à l’entrée en scène percutante d’Eddie Melo à Montréal et son assassinat à Toronto, à la victoire de Roberto Duran au Stade olympique en 1980.  J’ai connu des tricheurs comme Antonio Margarito, qui avait enrobé ses bandages de plâtre, devenus dur comme du ciment, dans un match contre Manny Pacquiao. 

J’ai vu et décrit la rencontre où Mike Tyson a mordu l’oreille d’Evander Holyfield. J’ai aussi visionné le match où Shane Mosley avait été découvert après avoir fait usage de stéroïdes à l’issue de son match contre Oscar De La Hoya. 

J’ai aussi passé au travers les durs moments de Lucian Bute, il y a près de cinq ans, quand il a été accusé d’avoir fait usage d’un produit dopant, de l’ostarine. 

Maintenant c’est au tour de Jean Pascal de prendre la vedette, mais du mauvais côté de la clôture. Lui qui a toujours défendu la force brute des athlètes, sans apport de stéroïdes anabolisants. 

Pascal est embarrassé et je le serais à moins. Il ne comprend toujours pas comment tout cela s’est passé. Pas plus que son entraîneur Stéphan Larouche, qui a supervisé son camp d’entraînement à Porto Rico. 

Je veux bien donner le bénéfice du doute à Pascal, mais il faudra qu’il explique comment il a pu consommer des stéroïdes comme de l’épitrenbolone, de la drostanolone et de la dostranolone métabolite sans s’en rendre compte. Au moins deux de ces drogues sont injectables. 

La fameuse vitamine B12 

Ce qui arrive souvent, c’est que les boxeurs comme plusieurs autres athlètes utilisent la vitamine B12 injectable, une sorte de complément alimentaire et c’est le préparateur physique qui fait l’injection. Il y a aussi des gens comme vous et moi qui en avalent en pilule tous les jours. Il paraît que cela les stimule. 

Dans le monde de la boxe, il y a toujours un doute sur les intentions du préparateur physique. D’ailleurs, Pascal l’a immédiatement congédié dès qu’il a été informé de ses résultats positifs. 

Un peu comme Lucian Bute, Pascal aura de la difficulté à éclaircir la situation. Il y aura toujours des gens qui diront : « Je le savais… » 

Monétairement, c’est une catastrophe. Maintenant que son combat contre Badou Jack a été annulé, il peut dire qu’il a perdu pas loin de deux millions de dollars.

On ne l’avait pas vu sur le ring depuis le 28 décembre 2019, soit depuis 18 mois alors qu’il avait défait Badou Jack par décision partagée et ainsi coiffé la couronne mondiale des mi-lourds. J’ai lu que son camp d’entraînement lui avait coûté environ 250 000 $. 

Mais ce n’est pas tout. C’est la suite de cette accusation qui me préoccupe. 

À 38 ans, il se fait tard 

Pascal était reconnu comme un de nos meilleurs boxeurs au Québec. À 38 ans, il se pourrait qu’on ne le revoie plus jamais sur un ring car s’il est jugé coupable, il y aura une suspension et une amende comme ce fut le cas pour Lucian Bute. 

N’allez pas croire que Pascal est le seul à avoir fait usage de stéroïdes anabolisants dans la boxe. Il est en très bonne compagnie. C’est presque devenu la marque des champions. 

Tyson Fury, le champion WBC des lourds, a admis lui-même qu’il avait fait usage de nandrolone. 

On a détecté du clenbutérol dans l’urine de Canelo Alvarez, le darling latino des Américains. Il paraît que la viande de bœuf mexicaine est remplie de cette substance, donc le beau Canelo ne savait pas qu’il avalait une substance défendue. 

Voici une liste qui vous donnera une bien meilleure idée de quelques utilisateurs de produits dopants dans le monde de la boxe. 

Cette liste ne contient qu’une infime partie des consommateurs. 

Les tricheurs 

Billy Joe Saunders : Oxilofrine 

Alexander Povetkin: Meldonium 

Dillian Whyte: Méthylhexanéamine

Roy Jones : Androstènedione 

Julio Cesar Chavez fils: Diurétiques 

Frans Botha : Nandrolone 

Erik Morales : Clenbutérol 

Andre Fonfara : Stéroïdes 

Yuriorkis Gamboa : hGH

Tony Yoka : a raté trois tests en ne se présentant pas. 

Antonio Tarver : Drostanolone 

Sadam Ali : Cathine 

Shannon Briggs : Testostérone 

Bermane Stiverne : Méthylhexanéamine

Luis Ortiz : Hydrochlorothiazide

Andre Berto : Androstérone 

Willie Monroe : Testostérone 

James Toney : Nandrolone, boldénone, stanozolol. 

Vitaly Klitschko : Stéroïdes

Shane Mosley : EPO 

Fernando Vargas : Stanozolol 

Ricardo Mayorga : Furosémide 

Evander Holyfield : Testostérone/Saizen (hGH)/Glukor 

Tommy Morrison : Stéroïdes

Pernell Whitaker : Cocaïne

Je pourrais continuer ainsi pendant des pages et des pages. Pourtant, les utilisateurs savent qu’un jour ils devront payer le prix. La médecine est claire sur les effets néfastes des stéroïdes anabolisants. 

Malheureusement, nous sommes tous bombardés de réclames publicitaires mettant en vedettes de beaux jeunes hommes et de jolies femmes. Tous et toutes ont des visages angéliques. 

Les réclames publicitaires 

En se promenant en voiture on peut voir des panneaux réclames montrant de jeunes hommes aux épaules larges, aux biceps bien arrondis et des cuisses musclées. Comment un adolescent et même un adulte peuvent-ils résister à la tentation de ressembler à cet apollon. 

Chez les femmes, on nous dévoile un large sourire, une peau parfaite, sans tache, une taille de guêpe et des jambes à faire rêver. 

Je suis certain qu’il n’y a pas que dans le monde de la boxe que l’on fait usage de produits dopants. On les utilise aussi dans le cyclisme, le football, le soccer, le hockey (pas chez le Canadien… Jamais?)… bref tous les sports. 

Prenez le cas des lutteurs. Croyez-vous vraiment que Dieu les a tous créés avec ces corps d’adonis?  

Et les culturistes? 

C’est vrai que ces athlètes ont trimé dur tout le temps de leur vie pour en arriver où ils sont présentement.  Mais une petite piqûre, ou bien encore une pilule ici et là et le tour est joué.  L’athlète devient plus fort, plus sûr de lui-même et il ne fait qu’imiter ce qui se passe ailleurs. 

Souvenez-vous du nombre d’athlètes qui ont été démasqués lors des Jeux olympiques, surtout dans les pays de l’ancien bloc de l’Est. Et cela se produit encore. 

Tant et aussi longtemps que nous n’aurons pas tous les détails sur cet incident, Jean Pascal a le droit d’être présumé innocent. Naturellement, les preuves le font mal paraître présentement, mais il a le droit de se défendre. 

Tout comme vous, j’attends et j’espère. 

Bonne boxe!