Je n'ai pas livré mon meilleur combat contre Omar Pittman, vendredi en Floride, et je ne sais pas pourquoi. Ça a été mon affrontement le plus difficile de ma carrière et un excellent test en vue d'un éventuel combat contre Edison Miranda, qui voulait me couper la tête après son combat.

J'avais besoin d'un combat comme celui-là pour entrer dans les ligues majeures. Pittman a démontré qu'il n'était pas un faire-valoir et qu'il était là pour gagner. Il faut lui donner crédit parce qu'il s'est relevé après avoir visité le plancher au deuxième round, mais je sentais qu'il ne voulait pas toujours se battre. Je le sentais parfois inactif sur le ring. Dans les circonstances, difficile de lui passer le KO.

J'étais en forme mais j'ai manqué un peu de jus pendant le combat. J'ai senti mon rythme cardiaque s'accélérer et j'ai parfois eu du mal à respirer, mais j'ignore pourquoi. J'aime mieux apprendre ces choses dans la victoire que dans la défaite. J'ai gagné et c'est tout ce qui compte. J'ai beaucoup boxé au cours des six derniers mois. J'ai notamment livré 20 rounds au cours des quatre dernières semaines et j'ai besoin de repos. J'ai encore des choses à améliorer avant de devenir champion du monde, mais je pense que j'ai les aptitudes pour le devenir.

Un doigt dans l'oeil

Tout baignait dans l'huile pour moi au cours des six premiers rounds mais au septième assaut, j'ai reçu le pouce de Pittman dans un oeil et j'ai été incommodé pendant deux ou trois rounds. Par moments, je voyais Pittman en triple et je ne savais plus lequel je devais frapper. Il en a profité pour m'atteindre solidement.

J'ai eu une petite peur mais je pense que j'ai bien réagi car je n'ai pas paniqué. J'ai réussi à garder ma concentration et j'ai fait ce que je devais faire pour terminer l'assaut. J'ai acquis beaucoup d'expérience vendredi car plusieurs choses me sont arrivées pour la première fois de ma carrière. Si ça se produit à nouveau, je saurai comment réagir.

Et l'épaule droite ...

Mon épaule droite était correcte mais j'ai eu mal vers le cinquième ou sixième round. Rien de grave toutefois. Si j'ai frappé plus souvent de la gauche, c'était peut-être par crainte de me blesser. Mon physiothérapeute et mon masothérapeute m'ont dit que mon épaule était bien, mais peut-être pas à 200%.

Maintenant, je vais me donner le temps nécessaire pour que mon épaule droite ne vienne plus me hanter. Je me suis battu quatre fois au cours des six derniers mois. C'est vraiment exigeant.

Si le combat n'avait pas été présenté à la télévision américaine (ESPN), je ne me serais pas battu. Pour la suite de ma carrière, c'était important d'y être. Je voulais que les grands réseaux comme HBO et Showtime me connaissent. Ils savent maintenant qui est Jean Pascal et ce, même si je n'ai pas livré la meilleure performance de ma carrière. Je pense que les téléspectateurs ont eu droit à un combat excitant.

Je n'ai pas peur d'Edison Miranda

Le Colombien Edison Miranda sera probablement mon prochain adversaire en juin au Stade Uniprix à Montréal. On l'a vu passer le KO à David Banks au troisième round. Lors de son combat, j'étais aux premières loges puisque j'étais en entrevue à la télévision. J'ai donc tout vu.

Miranda a été impressionnant. Comme on dit en anglais, il a fait un statement mais moi, je ne suis pas David Banks. Ce dernier n'a pas mes habilités et s'il pense qu'il aura un combat facile contre moi, il se trompe royalement. Quand je vais monter sur le ring contre Miranda, j'aurai fait la meilleure préparation de ma carrière et je crois que je vais livrer ma meilleure performance à vie.

Après le combat, Miranda m'a lancé qu'il allait me couper la tête. Je me suis immédiatement levé et je lui ai dit qu'on pouvait régler cela dès maintenant s'il le voulait. Je n'ai pas peur de lui, même s'il a mis Banks à l'extérieur du ring très rapidement. Je sais ce que je vaux et c'était important pour moi de lui faire savoir que je n'ai pas peur.

En raison de son KO spectaculaire, il mène peut-être la game psychologique mais il ne fait pas peur. Je vais le laisser parler et me concentrer sur mon entraînement

Je vais prendre au moins un mois de vacances. Ce sera la première fois depuis que je boxe professionnellement. Ma tête et mon corps sont fatigués. Cet arrêt va me permettre de reprendre l'entraînement encore plus fort pour me préparer pour Miranda. J'ai besoin de décompresser pour revenir plus fort et au mois de juin, les Québécois seront fiers de moi.

*propos recueillis par Robert Latendresse