Si le combat de Manny Pacquiao contre Timothy Bradley disputé samedi soir était le dernier de la carrière du Philippin, on pourra alors dire que « Pacman » aura quitté la boxe la tête haute, peut-être pas au sommet, mais tout près.

Sauf que peu de gens croient Manny Pacquiao, 37 ans, lorsqu’il affirme que sa carrière est terminée.

« J’ai pris cet engagement envers ma famille, mais on ne sait pas...», a affirmé Pacquiao au micro de HBO après sa victoire par décision unanime. Son entraîneur Freddie Roach n’y croit pas non plus. Il estime que le plus illustre de ses boxeurs se mesurera dans un avenir prochain à Saul « Canelo » Alvarez et Floyd Mayweather, lui aussi à la retraite.

Le Québécois Ghislain Maduma a passé les deux derniers mois à l’entraînement, quotidiennement avec Manny Pacquiao. Selon lui, la passion anime encore le boxeur philippin.

« Je ne pense pas que sa carrière soit terminée. Il a encore le goût de s’entraîner, c’est lui qui nous pousse à l’entraînement, il a du fun. Lors de la dernière semaine, on s’amusait tellement que les journalistes se demandaient si Manny était prêt », a mentionné Maduma dans une entrevue accordée à RDS dimanche matin, en provenance de Las Vegas.

Un camp impeccable

On a pu constater que Manny Pacquiao était effectivement bien préparé pour ce troisième duel, un faux « bris d’égalité » (rubber match) après les victoires acquises par chacun des boxeurs lors des deux premiers duels. Si je parle d’un faux bris d’égalité, c’est qu’il est évident que Pacquiao avait dominé le premier combat, malgré l’opinion des juges qui avaient accordé la victoire à l’Américain Bradley.

Le rôle de Ghislain « Mani » Maduma était celui de partenaire d’entraînement du légendaire boxeur. On a demandé au Montréalais d’origine congolaise d’imiter les styles de Timothy Bradley et de Floyd Mayweather, qui avait neutralisé Pacquiao pendant 12 rounds en 2015.

« On savait qu’il allait bouger comme Mayweather en gardant la distance et en maintenant un rythme peu élevé tout au long du combat et essayer de contre-attaquer avec les meilleurs coups. » 

Selon Maduma, le Tim Bradley qui était sur le ring samedi en compagnie de l’entraîneur Teddy Atlas n’était pas le même que lors des 24 rounds précédents.

« C’était un combat de haut niveau, les deux stratégies étaient belles à voir. Bradley a complètement changé, il était prêt. Son coach Teddy Atlas l’a bien préparé. Il est venu avec la même stratégie que Floyd Mayweather a utilisée pour battre Pacquiao l’an dernier. Bradley faisait très bien, et pendant que je regardais le combat, je constatais aussi que Pacquiao avait bien été préparé à tout ce que Bradley pouvait lui offrir. On savait aussi que lorsqu’il se ferait brasser solidement, Bradley redeviendrait le même type qui se bat, et on comptait là-dessus. Mais à la fin, Teddy Atlas l’a remis sur le bon chemin. Bradley a recommencé à boxer et c’est pourquoi Pacquiao n’a pas pu le knocker. Devant le résultat, j’étais vraiment content et Manny aussi. Après le combat on en a parlé et il m’a remercié. C’est gratifiant. »

La suite avec Roach

Une invitation à participer à un camp d’entraînement avec un boxeur aussi redoutable que Manny Pacquaio peut représenter un couteau à double tranchant. Maduma aurait pu être totalement dominé, avec les conséquences négatives que cela aurait entraîné sur la suite de sa carrière. Mais c’est plutôt le contraire qui s’est produit pour celui qui, à l’origine, n’avait été invité que pour une période de deux semaines.

« Si ça ne marchait après le premier sparring, je quittais. Dès que tu arrives, tu dois faire le travail sinon tu reviens à la maison. Je devais faire travailler Pacquiao et le pousser. Ils m’ont vu et ils ont décidé que j’allais rester. Ensuite, ils m’ont proposé de revenir avec eux à Los Angeles. Au début j’étais nerveux, car Manny est une légende. La pression est partie car j’avais un travail à faire. Et j’ai mon orgueil, je voulais bien faire. Ç'a été un bon test tellement encourageant. Parfois il me disait "Tu me fais vraiment travailler, donc ce matin je n’irai pas courir car je sais que je vais mettre les gants contre toi". C’était vraiment le fun. J’ai appris des trucs à boxer contre Pacquiao. J’ai travaillé beaucoup de choses avec lui, plusieurs techniques, plusieurs tactiques d’attaque et de contre-attaque. J’étais à fond avec lui. Juste d’être avec lui, tu apprends énormément. Et j’ai constaté que ce qui fait de lui un aussi bon boxeur, c’est sa capacité de concentration. C’est un autre niveau. »

Ghislain Maduma (17-2) a également profité de l’occasion pour demander à Freddie Roach de devenir son entraîneur, ce que l’Américain a accepté. Depuis le début de sa carrière, Maduma était entraîné par Mike Moffa.

« Après les sparrings il a vu que j’avais un potentiel et quand je lui ai demandé de devenir mon entraîneur il a accepté immédiatement. C’est un passionné de boxe. »

Le sympathique boxeur ne reviendra donc pas au Québec avant encore quatre semaines, puisqu’il poursuivra sa préparation avec Roach au Wild Card Boxing Club de Los Angeles en vue de son combat du 13 mai qui sera présenté au Métropolis de Montréal contre un adversaire à être déterminé. Maduma, qui a subi deux défaites lors de ses trois derniers combats, sera de retour dans le ring après sa défaite controversée face à Maurice Hooker en octobre dernier au Madison Square Garden. Sauf que Freddie Roach ne sera pas dans son coin au Métropolis, puisqu’il avait déjà un engagement auprès du champion IBF des lourds-légers Denis Lebedev en Russie le 21 mai.

Ce camp d’entraînement de Mani Maduma avec Manny Pacquiao pourrait bien changer le cours de la carrière du boxeur québécois.

« Je savais que j’étais de classe de mondiale et j’en ai la preuve. Je dois juste unir les opportunités pour aller obtenir un combat de championnat du monde. Je le sais et j’ai eu la confirmation que j’ai les aptitudes pour devenir un bon champion, et toutes les personnes au camp s’en sont rendus compte, même Manny. C’est bon pour la confiance! »