MONTRÉAL - À sa première finale d’un gala de boxe professionnelle au Québec, Shakeel Phinn aurait probablement désiré un rival plus volontaire pour ce moment charnière dans sa carrière.

Le Brossardois a tenté tout ce qu’il a pu pour rendre les choses intéressantes avant que l’arbitre ne disqualifie Josue Aguilar au 10e et dernier round, jeudi soir au Cabaret du Casino de Montréal, en finale d’un événement de la série Chrono Aviation de Groupe Yvon Michel (GYM).

Phinn (13-1) avait pourtant réussi un coup d’éclat dès le deuxième assaut en envoyant Aguilar (12-2-3) au plancher à l’aide d’une puissante gauche lancée en contre-attaque, mais le Mexicain a ensuite continuellement accroché pour ralentir le rythme, ce qui a mené à sa disqualification.

« Je suis un peu déçu, car après la chute au tapis au deuxième round, je n’ai pas sauté sur lui tout de suite et c’est ce que j’aurais dû faire. Je regrette de ne pas l’avoir fait. Des adversaires comme ceux-là, je dois les mettre knock-out », a dit Phinn à sa sortie du ring après sa victoire.

Au moins, le boxeur d’origine jamaïcaine a eu la chance de démontrer toute l’étendue de son potentiel en malmenant son adversaire avec son jab pendant la totalité du combat. Il s’est ainsi servi à bon escient de sa main avant pour préparer ses lourdes frappes provenant de sa droite.

« À un certain moment, j’avais l’impression qu’il voulait juste abandonner. Je l’ai trop frappé, il était très fatigué, a analysé Phinn. Je suis déçu de la tournure des événements, mais j’ai bien fait dans l’ensemble. Je m’améliore à chaque combat et je suis certain que je vais apprendre de ça. »

Aguilar a d’ailleurs commencé à montrer des signes d’inconfort à compter du troisième round, se servant de ses deux bras pour barrer ceux de Phinn chaque fois qu’il en avait l’occasion. Ce dernier est néanmoins parvenu à marquer plusieurs points grâce aux uppercuts qu’il a lancés.

Le Mexicain a perdu un premier point pour avoir accroché au septième assaut avant d’atteindre le Québécois sous la ceinture. Le rythme a ensuite considérablement ralenti au huitième round, puis Aguilar a encore perdu un point aux neuvième et dixième assauts avant d’être disqualifié.

Évoluant sans promoteur, Phinn espérait que le fait de boxer en finale allait lui permettre de décrocher le contrat qu’il recherche tant. Déjà, Yvon Michel s’était dit prêt à discuter avec lui s’il livrait une bonne prestation ce soir afin de l’aider à donner un véritable élan à sa carrière.

Dan maître chez lui

Effectuant une rare présence en sol québécois, Jo Jo Dan a renoué avec la victoire en disposant de Jesus Gurrola par knock-out technique à la conclusion du cinquième round. Le Montréalais d’origine roumaine a envoyé son adversaire au plancher à trois reprises pendant le combat.

Défait par l’éventuel champion des poids super-mi-moyens de l’IBF Jarrett Hurd à sa dernière sortie, Dan (36-4, 19 K.-O.) a commencé le duel sur les chapeaux de roue en expédiant Gurrola (23-11-3) au tapis dès le premier round à la suite d’une succession de puissants coups au corps.

Dan a ensuite étonnamment ralenti la cadence, si bien que Gurrola est parvenu à le toucher à la tête à de nombreuses reprises dans les premiers instants du cinquième round. Sentant peut-être la soupe chaude, le Roumain a ouvert la machine pour achever le Mexicain par la suite.

Ex-aspirant mondial chez les mi-moyens, Dan se battait au Québec pour la première fois depuis sa deuxième victoire sur Kevin Bizier en décembre 2014 au Colisée Pepsi. Il avait ensuite perdu contre le champion des mi-moyens de l’IBF Kell Brook en Angleterre et gagné face à Rafal Jackiewicz en Ontario avant de s’incliner devant Hurd en Pennsylvanie en novembre dernier.

Gadbois célèbre son retour avec une victoire

De retour dans le ring après une absence de plus de 15 mois, Michael Gadbois s’est senti rouillé par moments, mais cela ne l’a pas empêché de s’imposer et de battre l’ancien aspirant mondial chez les super-mouches et les coqs Cecilio Santos par décision unanime (60-54, 60-54 et 58-56).

Blessé au coude gauche à sa dernière sortie, Gadbois (15-1-3) appréhendait ce duel prévu pour seulement six rounds, mais il l’a commencé en force en se ruant son adversaire. Expérimenté, ce dernier a roulé avec les coups, forçant le Maskoutain à attaquer davantage le corps par la suite.

Santos (33-32-6) est parvenu à placer quelques uppercuts au visage de Gadbois tout au long du combat, mais également quelques coups bas que le Québécois n’a pas laissés sans réplique, au grand déplaisir de l’arbitre. Le Mexicain a ultimement ralenti dans la deuxième moitié du choc.

Dans les autres combats présentés en sous-carte, Bruno Bredicean (8-0) a encaissé sa part de coups avant de l’emporter par décision majoritaire (59-55, 58-56 et 57-57) sur Jose Manuel Mares (17-12). Le Montréalais d’origine roumaine a paru ébranlé à un certain moment dans le duel, mais il est parvenu à reprendre ses esprits, alors que son adversaire mexicain le pressait.

La Montréalaise Jessica Camara (1-0) a réussi ses débuts professionnels en prenant la mesure de la Mexicaine Heidy Martinez (2-2) par décision unanime (40-36, 39-37 et 39-37). Plus tôt cette semaine, Michel a dit qu’il pourrait offrir un contrat à la boxeuse originaire de l’Ontario et ancienne championne amateur canadienne si elle parvient à se distinguer dans le ring.

En ouverture, Roodsy Vincent (3-1) a battu Aaron Lazcano (2-2) par décision unanime (40-34, 40-36 et 40-36), dans un combat où la défense n’était pas du tout à l’honneur. Le Mexicain a rapidement été coupé à l’œil gauche au début du deuxième round et n’a jamais été dans le coup par la suite. Vincent a enregistré une troisième victoire de suite après avoir perdu à ses débuts.