Michaël Gadbois, un homme en mission
Boxe mardi, 28 mars 2017. 08:44 mercredi, 11 déc. 2024. 09:35Pleinement rétabli d’une blessure à une épaule et d’une autre à un coude, Michaël Gadbois est enfin prêt à renouer avec l’action, un peu plus de 15 mois après avoir disputé son dernier combat.
Le Maskoutain sera de la carte de la série de boxe Chrono Aviation de Groupe Yvon Michel qui sera présentée jeudi soir au Casino de Montréal, alors qu’il affrontera le Mexicain Cecilio Santos.
Il s’agira en quelque sorte d’un nouveau départ pour Gadbois (14-1-3, 4 K.-O.), étant donné qu’il est maintenant joueur autonome à la suite de la fin de son association avec Eye of the Tiger Management. Évidemment, il espère attirer l’attention d’Yvon Michel et obtenir un contrat.
« Je veux accomplir quelque chose, je ne veux pas laisser de doutes, a expliqué Gadbois en entrevue au RDS.ca en marge de la conférence de presse faisant la promotion du gala de jeudi.
« C’est un six rounds et je n’ai pas de bons souvenirs des six rounds que j’ai livrés dans le passé. C’est un sprint et c’est le premier round qui va dicter l’allure du combat. J’ai l’intention de faire en sorte que Santos (33-31-6, 20 K.-O.) ne puisse pas suivre le rythme après le premier round. »
Ce duel de retour sera l’occasion de tester en situation de combat le ligament interne collatéral du coude gauche qu’il s’est déchiré à sa dernière sortie contre Jesus Kibunde Kakonge. Mais à quelques jours du moment de vérité, la situation ne l’inquiète guère. Bien au contraire, même.
À lire également
« J’ai eu de très bonnes séances de sparring avec Dierry Jean, Mathieu Germain, le champion amateur québécois Zachary Adu Fleurant et Raphaël Courchesne, énumère fièrement Gadbois.
« Mes repères sont là, c’est juste une question de remonter dans le ring avec des gens autour! Cela fait depuis 2011 que je fais ce job-là. En théorie, je ne devrais pas trop en avoir perdu! »
Preuve de sa confiance, « L’Unique » était même prêt à effectuer sa rentrée contre l’Ontarien Steven Wilcox il y a deux semaines. Les deux boxeurs s’étaient livré un verdict nul majoritaire en avril 2015 à Toronto, dans un choc pour un titre mineur vacant des poids légers du WBC.
« Je voulais une revanche, mais je ne sais pas ce qui s’est passé, déplore Gadbois. En octobre, son gérant m’a écrit qu’il organisait un gala en mars en Ontario et qu’il voulait m’avoir. Nous nous étions entendus sur le poids, la bourse et la ceinture, et il a finalement pogné un jambon! »
Peu importe, le gaucher est simplement content d’avoir la chance de renouer avec la victoire, après avoir subi une défaite crève-cœur à sa dernière sortie. Encore aujourd’hui, il n’arrive pas à comprendre comment les juges ont pu unanimement donner la victoire à son adversaire.
« Dire que cela s’enlignait pour être un combat très court avec la chute au tapis au premier round, regrette Gadbois. Mais avec la première gauche que j’ai lancée au deuxième round, mon ligament s’est déchiré. Nous pensions que mon coude était disloqué, je ne comprenais pas ce qui arrivait. Nous avions quand même décidé de continuer parce que le combat allait bien.
« J’ai boxé pendant sept rounds avec un seul bras et nous étions convaincus que nous avions la décision. Je ne veux pas dire que je me suis fait voler, je n’aime pas employer cette expression-là, mais les gens ont vu le combat. Dans le coin, il n’a jamais été question que nous perdions. »
L’importance d’un plan B
Au final, cette défaite est maintenant inscrite à sa fiche, et ultimement, il ne peut absolument rien y changer. Cela dit, elle a peut-être été l’élément déclencheur de plusieurs décisions qui ont suivi, dont celle de mettre un terme à l’entente qui le liait à son promoteur Camille Estephan.
« Nous ne nous entendions pas sur la suite de ma carrière et nous avons décidé de prendre des chemins différents, mentionne Gadbois en prenant soin de ne pas trop entrer dans les détails.
« Entre-temps, j’ai assuré mon avenir. Je suis à l’université en train de faire mon baccalauréat en enseignement préscolaire et primaire. Mes journées sont chargées avec la boxe et l’école à temps plein, et en plus, je vais avoir une petite fille en juillet. Alors oui, la vie a changé… »
À vrai dire, l’étudiant-athlète âgé de 30 ans est extrêmement conscient que les carrières ne sont pas éternelles. Vaut mieux préparer une suite à son goût tandis qu’il en a encore la possibilité, plutôt que de se retrouver devant un fait accompli et ainsi prendre une tangente malheureuse.
« Chaque athlète doit être intelligent et chaque athlète professionnel doit avoir un plan B quelque part, précise Gadbois. Nous ne sommes pas tous des [Floyd] Mayweather, David Lemieux, Adonis Stevenson et Jean Pascal qui gagnent leur vie et qui n’auront pas besoin de travailler. C’est important de penser à quelque chose [d’autre], sans abandonner la boxe.
« Je suis 100 pour cent dédié à la boxe. Je me contente [de notes] de B-moins, même si je pouvais avoir des A. Pendant que les filles du bac étudient, je suis à l’entraînement. Et pendant qu’elles font leurs travaux, je suis encore à l’entraînement. Mais ça va quand même bien!
« Mon ami Marc-André Bourdon a été un exemple pour moi. Il était voué à faire des millions après avoir [fait partie de l’organisation des Flyers de Philadelphie], mais il a eu une carrière écourtée et s’est retrouvé à la retraite à 24 ans en raison des commotions cérébrales. Aujourd’hui, il entraîne, mais il a fallu qu’il pense à un plan B. Il faut vivre nos rêves, mais il faut être intelligent également. J’aurai bientôt une famille et je ne serai plus tout seul dans cette aventure-là. »
Quand il parle de l’après-carrière qu’il est en train de préparer, « L’Unique » affiche la même fougue qui le caractérise dans l’arène. Il est possible de percevoir une réelle volonté de faire une différence chez ceux et celles qui croiseront sa route dans une salle de classe ou ailleurs.
« Les enfants, c’est l’avenir de la population, plaide Gadbois. Si nous voulons quelque chose de bien en tant qu’adulte rendu à 80 ans, il faut qu’ils soient bien éduqués. Tout part de là…
« Si je peux guider les enfants vers le sport, si je peux en sauver un par année, ce sera déjà ça. »
À l’intérieur, comme à l’extérieur du ring, Michaël Gadbois est un homme en mission. Après être allé au bout de son rêve, il a l’intention d’aider la prochaine génération à réaliser les siens.