Avec toutes ces confrontations rêvées qui ne se sont jamais matérialisées ces dernières années, les amateurs restent parfois pantois quand deux boxeurs dans la fleur de l’âge croisent le fer.

Si des affrontements entre Adonis Stevenson et Sergey Kovalev ou Gennady Golovkin et Saul « Canelo » Alvarez relèvent davantage du fantasme plus qu’autre chose, il y a parfois un Terence Crawford qui décide de se mesurer à Viktor Postol comme ce sera le cas ce soir à Las Vegas.

Les deux meilleurs boxeurs chez les poids super-légers. Le champion de la WBO contre celui du WBC. Deux pugilistes avec des fiches identiques de 28 victoires et 0 défaite en finale d’un gala qui s’annonce plutôt intéressant et qui sera présenté à la télévision à la carte aux États-Unis.

Aussi contradictoire que cela puisse paraître, le duel opposant Crawford (28-0, 20 K.-O.) à Postol (28-0, 12 K.-O.) est devenu réalité en raison de l’absence de véritable alternative pour Top Rank. Avec l’importante réduction des budgets consacrés à la boxe de HBO, l’entreprise menée de main de maître par le vétéran promoteur Bob Arum n’a pas eu le choix de provoquer les choses.

Considéré comme le sixième meilleur boxeur « livre pour livre » de la planète, Crawford a tout ce qu’il faut pour devenir l’un des prochaines grandes vedettes de l’industrie. Il possède une importante base de partisans dans sa ville natale d’Omaha au Nebraska où il a déjà disputé trois combats de championnat et plus important encore, ses duels sont généralement très enlevants.

Sa victoire aux dépens d’Yuriorkis Gamboa alors qu’il défendait son titre des légers de la WBO en juin 2014 restera longtemps gravée dans les mémoires, puisque « Bud » était revenu de l’arrière pour l’emporter par arrêt de l’arbitre au neuvième round après être passé gaucher.

Crawford commence souvent ses combats de façon nonchalante, mais lorsqu’il décide d’ouvrir la machine : attention! Il domine alors ses adversaires avec une facilité déconcertante comme cela a été le cas à sa dernière sortie face au vétéran Hank Lundy en février plus tôt cette année.

Après avoir fait le ménage chez les 135 livres, Crawford pourrait réaliser le même exploit chez les 140, mais Postol représente assurément son plus important défi sportif depuis le début de sa carrière. Sans rien enlever à Thomas Dulorme, Dierry Jean et Lundy, les limites de ces aspirants étaient déjà archiconnues et la manière avec laquelle Crawford s’est débarrassé d’eux dit tout.

Postol s’est révélé lors de son combat éliminatoire du WBC contre Selçuk Aydin - qui a battu Jo Jo Dan deux fois dans le passé - en lui passant le knock-out au 11e round d’un combat présenté en demi-finale de celui soporifique entre Juan Manuel Marquez et Mike Alvarado en mai 2014.

Ce duel marquait le début de son association avec le réputé entraîneur Freddie Roach, Postol ayant précédemment signé ses victoires les plus significatives sur DeMarcus Corley et Lundy.

Mais c’est véritablement en passant le knock-out à Lucas Martin Matthysse dans un combat pour le titre vacant du WBC que Postol a démontré qu’il était à prendre au sérieux. Matthysse était un combattant aguerri dont la force de frappe était reconnue, sauf que Postol a profité du temps passé aux côtés de Manny Pacquiao à l’entraînement pour causer toute une surprise.

C’est pourquoi il ne faut pas prendre Postol à la légère, lui qui a prouvé sa capacité à encaisser et celle de saisir toutes les occasions pour faire payer ses rivaux. Certains n’ont d’ailleurs pas manqué de souligner qu’il possède un avantage au chapitre de la grandeur et de la portée.

Ultimement, un passage chez les mi-moyens est envisageable pour le gagnant. Cependant, la plupart des étoiles de cette division sont représentées par l’influent gérant américain Al Haymon et les amateurs ne pourraient que rêver à des combats contre Keith Thurman ou Errol Spence fils. Reste Pacquiao (pour Crawford) et il pourrait s’agir d’une occasion de passer le flambeau.