MONTRÉAL - L'entraîneur de boxe Russ Anber a côtoyé l'Être suprême sur Terre et pas seulement une fois, mais en trois occasions. Et lors de l'une de ces rencontres, il lui a remis son passeport pour qu'il y signe son autographe!

C'est en rigolant que Anber a raconté cette anecdote quelques instants avant que ne s'amorce le gala du Groupe Yvon Michel samedi soir au Centre Bell. Et l'homme dont il parlait était Muhammad Ali, qui a rendu l'âme vendredi soir à l'âge de 74 ans.

« On était dans un lobby d'un hôtel en Caroline du Nord, en 1990. Il était un invité. Il est entré dans le lobby et il n'y avait que moi, un employé de CBC et deux femmes derrière la réception. Soudainement, des gens sont surgis par des portes que je ne savais même pas qui existaient. En quelques minutes, le lobby était plein et j'ai vu des gens qui ont tenté de faufiler leurs mains entre quelqu'un pour essayer de lui toucher la main. Je n'avais que mon passeport, je l'ai sorti et je lui ai demandé d'y signer son autographe. »

Anber n'oubliera jamais ces trois moments où Ali et lui ont partagé le même espace.

« Chaque fois, j'ai eu l'impression de me trouver à côté d'un être spécial qui s'approchait de Dieu. Ce qu'il dégageait était super naturel. Je n'ai jamais senti ça avec Guy Lafleur, avec le Rocket, ou tous les grands athlètes que j'ai rencontrés. Il est plus grand être humain à avoir marché sur la Terre. »

L'ex-champion québécois Fernand Marcotte a passé encore plus de temps auprès d'Ali quand il a commencé à gravir les échelons dans le monde de la boxe.

« Je me suis entraîné dans le même gymnase que lui, celui des frères Dundee en Floride, et j'ai eu la chance de me faire photographier avec lui et de lui parler. C'était tout un spécimen. Il savait se faire aimer, mais aussi se faire détester. Il pouvait être haïssable quand il prédisait à quel round il allait gagner ou quand il pointait au sol vers son rival. Mais il accomplissait ce qu'il prédisait. C'était tout un spécimen. »

Bien que Marcotte avait un style fondamentalement différent, le boxeur de Québec a été un fan d'Ali, le pugiliste, mais aussi l'être humain.

« Il était tout un gentleman et il était très facile de lui parler. »

Le journaliste sportif montréalais Daniel Cloutier, qui suit la boxe depuis plus de 40 ans, a couvert 240 combats de championnat du monde en carrière, dont trois mettant en vedette Ali.

« La première fois que j'ai couvert un combat de championnat du monde, c'était le premier entre Ali et Leon Spinks, en février 1978 à Las Vegas. J'étais emballé d'abord parce que Ali a été l'une de mes idoles de jeunesse et aussi parce que j'avais la chance d'aller à Las Vegas pour la première fois. J'étais excité de voir Ali en personne pour la première fois, à un point tel que je le fixais pendant la pesée. Ça ne s'oublie pas. »

Bien qu'Ali ait perdu deux des trois affrontements qu'il a couverts, Cloutier affirme sans hésiter que Ali a été le plus grand boxeur de tous les temps.

« Quand on me pose la question, je réponds toujours Muhammad Ali. Il mérite ce titre non seulement pour son impact sur le plan social, mais aussi pour sa carrière dans l'ensemble, les performances qu'il nous donnait. Aucun poids lourd ne donnait des performances aussi éblouissantes. »

Lors du gala de samedi soir, diffusé sur les ondes d'ESPN aux États-Unis, les dirigeants du Groupe Yvon Michel ont tenu un moment de recueillement en l'honneur d'Ali en faisant sonner la cloche dix fois.