MONTRÉAL - Après avoir porté les chapeaux de promoteur, auteur et tutti quanti, Alexandre Choko est de retour avec un nouveau projet : disputer un combat de boxe professionnelle.

À 42 ans, Choko montera sur le ring du Casino de Montréal ce soir alors qu’il affrontera le Beauceron Mike Breton en sous-carte d’un gala organisé par Groupe Yvon Michel (GYM).

Ancien kickboxeur, Choko se consacre depuis deux décennies à des activités en périphérie du sport, mais ses rencontres avec 55 ex-champions du monde pour son livre « The Future of Boxing » ont rallumé une flamme qui ne s’était jamais véritablement éteinte avec le temps.

« C’est arrivé à plusieurs reprises où je me suis senti un peu comme un imposteur parce qu’il y avait une chimie avec ces anciens champions, a raconté Choko après un entraînement public présenté la semaine dernière au Club de Boxe de l’Est à Montréal. Et ça me chicotait… »

Son projet de livre lui a permis de se lier d’amitié avec l’ex-champion poids lourd Mike Tyson au point de produire le one man show que l’Américain a présenté à Toronto en juillet 2014. C’est au cours d’une soirée avec Tyson et plusieurs autres que le déclic s’est véritablement produit.

« J’étais en haut de l’hôtel Trump avec Tyson et Shane Mosley et il y a quelqu’un qui avait apporté des mitaines et des gants. [Tyson et Mosley] en ont fait et finalement ils m’ont proposé d’en faire, explique Choko. Lorsqu’ils m’ont vu, ils ont dit : ‘Wow! On ne savait pas que tu savais faire ça!’ et ils m’ont ensuite demandé pourquoi je n’essaierais pas de disputer un combat.

« Je ne croyais pas que c’était possible parce que je m’étais fait enlever 40 morceaux d’os dans l’épaule, mais après voir vu le film Southpaw avec ma conjointe Sophie, je lui ai dit que ça me manquait et elle m’a demandé pourquoi je ne retournerais pas au gym et c’est ce que j’ai fait.

« Je suis retourné pour voir comment mon corps allait réagir et ça s’est tellement bien passé que ce qui était une ambition de simplement retourner au gym s’est transformée en désir de vouloir faire un combat et tant qu’à faire un combat, aussi bien qu’il soit professionnel. »

Après huit mois d’entraînement, Choko est parvenu à obtenir son permis après de la Régie des alcools, des courses et des jeux, et l’apprenti boxeur a ensuite décidé d’accoler une cause à son retour afin que son incursion dans le ring ne soit pas simplement qu’une aventure d’un soir.

« Mon souhait, c’est d’ensuite aller rencontrer les jeunes et de pouvoir aider leurs parents à leur inculquer des valeurs. Si un jour on leur offre de prendre un raccourci, de ne pas le prendre, continue Choko. Qu’à 42 ans, quand on a une discipline de fer, qu’on se nourrit bien et qu’on écoute nos entraîneurs, il est certainement possible de faire du sport de haut niveau. »

Une présence qui dérange

Mais derrière son militantisme pour un sport propre, la présence de Choko dans le ring du Casino ce soir irrite profondément les membres de la communauté pugilistique québécoise, a constaté RDS.ca en interrogeant plusieurs intervenants du milieu au cours des derniers jours.

Les roulements d’yeux et les soupirs sont instantanés lorsqu’il est question de Choko, la plupart dénonçant son obsession à se mettre à l’avant-scène lors de chacune de ses initiatives. Épaulé par une agence de publicité pour sa campagne « Unis contre le dopage dans le sport », il a obtenu des entrevues dans plusieurs médias généralistes, une visibilité sans précédent pour un combattant qui effectue ses débuts professionnels. Et fait particulièrement inusité, un caméraman suivait ses moindres faits et gestes pendant son entraînement public et à la pesée.

La recherche de son adversaire pour le gala de ce soir s’est également avérée un exercice long et fastidieux pour GYM, ont mentionné deux sources bien au fait de la situation à RDS.ca. Choko ne voulait pas affronter de rival mesurant plus de 5 pieds 10 pouces et pesant plus de 154 livres et l’adversaire ne devait surtout pas être québécois. Choko n’a finalement pas eu le choix de consentir à croiser le fer avec Breton, l’adversaire ciblé dès le départ par la promotion.

« Pendant le processus, j’ai accepté cinq différents adversaires, se défend Choko. Le premier, un gars de Winnipeg ne voulait pas se battre à 154 livres. J’ai accepté un Cubain, il s’est désisté. J’ai accepté un Hongrois et il n’a pas eu son congé à son travail. Et j’ai finalement accepté un autre Hongrois, mais son passeport était roumain, donc les délais n’étaient pas bons.

« Mais on ne fait pas un an d’entraînement pour avoir quelqu’un qui ne serait pas de calibre en face. Avec des gants de 10 onces à 154 livres, même quelqu’un qui fait le moulin à vent, c’est très dangereux. Les entraînements ont été durs et je m’attends à un combat tout aussi difficile. »

Au final, un protagoniste qui jouit d’une réputation extrêmement envieuse dans le milieu a comparé la démarche de Choko à celle d’« un joueur de hockey du dimanche qui se paierait une place pour disputer un match de la Ligue nationale dans l’uniforme des Canadiens ».

Malgré les critiques acerbes, Choko a le mérite de braquer un projecteur de plus vers la problématique du dopage dans le sport et personne ne peut être fondamentalement contre la vertu.