MONTRÉAL - Le groupe Eye of the Tiger Management (EOTTM) a annoncé jeudi que le poids léger Dierry Jean devait mettre sa carrière en veilleuse afin de lutter contre des dépendance à l'alcool et au jeu.

« Dierry a été admis à la Maison Jean Lapointe », a indiqué son promoteur Camille Estephan.

«Ça me déprime. Il est l’un de mes premiers poulains. Mais sa santé nous préoccupe. Nous sommes une famille et Dierry doit prendre tout le temps nécessaire pour venir à bout de ces dépendances.»

Dierry Jean, qui est actuellement classé huitième aspirant au titre mondial WBC des poids légers, doit du même coup faire une croix sur une belle opportunité de combat, selon M. Estephan.

Jean (27-1, 19 K.-O.) a subi sa seule défaite en carrière par décision unanime face à l'Américain Lamont Petterson le 25 janvier dernier, dans un combat pour le titre IBF des super légers.

Estephan a commencé à remarquer des changements chez Jean à la suite de cette défaite.

«C'était sa première défaite, ça a été difficile. On a vu Dierry changer. Peut-être pas du jour au lendemain, mais c'était perceptible, a raconté Estephan. Même avec sa dernière prestation au Centre Bell, on a vu une différence. Il a stoppé son adversaire, mais ça a été loin d'être sa plus belle performance. Je dirais même que ça a été sa pire.»

«On a vu après ce combat qu'il fallait faire autre chose, qu'il n'allait pas s'en sortir par lui-même. Mais c'est difficile, car les gens ont honte de cela et tentent de le cacher. Même moi, j'ai dû me documenter à fond, car c'est une maladie que je ne connais pas.»

Le Québécois s'est battu pour la dernière fois le 27 septembre dernier. Il avait alors remporté par K.-O. au cinquième round un combat contre Daniel Ruiz pour le titre NABF des légers. Estephan n'avait toutefois pas été impressionné par le combat de son poulain, qualifiant celui-ci de « décevant ».

«Je pense que tout était 'sous contrôle' jusqu'à ce qu'il perde ce combat, a avancé Estephan. On a alors vu un changement constant dans son attitude, des promesses qui n'étaient plus tenues, etc. Après son dernier combat, c'était rendu vraiment grave. Ce n'était plus acceptable et il a fallu passer à la prochaine étape.»

«Ce n'est pas juste sa carrière: Dierry a une petite fille de 4 ans. C'est sa vie. Ça finit très mal quand on ne reçoit pas d'aide. On espère sincèrement que ça servira aussi de message à tous les gens qui souffrent du même mal, qu'il ne faut pas garder le silence. Parfois, ce sont aussi les proches qui ont honte, qui ne veulent pas que ça sorte. Mais nous sommes une grande famille et nous allons l'appuyer là-dedans. Nous n'avons jamais pris un combat que nous ne croyions pas pouvoir gagner et celui-là, c'est le plus important combat que nous entreprenons. Il faut le gagner et on a mis toutes les chances de notre côté en allant chercher l'aide qu'il faut.»

Son prochain combat n'avait pas encore été annoncé, mais dans un entretien accordé à La Presse Canadienne le 10 octobre dernier, Estephan disait espérer que Jean livre un autre combat de championnat du monde en 2015. Ces plans ont maintenant changé.

«Honnêtement, c'est difficile à accepter, mais on n'y pense même pas. C'est vraiment loin de mes pensées, a dit Estephan, visiblement très touché par cette épreuve. Après le dernier combat, on a reçu une offre vraiment intéressante pour Dierry, vraiment un combat d'envergure. Je n'y ai même pas songé, car il n'était pas prêt.»

«Parfois, la pression énorme entourant un tel combat devient négative au lieu d'être une motivation. Alors on met ça en veilleuse. Les athlètes professionnels, ce ne sont pas des super héros. Ce sont des gens comme tous les autres.»

Si Jean décide de reprendre sa carrière à la suite de sa cure, EOTTM mettra tout en oeuvre pour l'aider à demeurer sobre.

«Ça prend des professionnels, une aide continue, a expliqué Estephan. Il a maintenant admis qu'il avait ce problème, c'est le plus important. On va écouter les conseils de ces professionnels et appliquer à la lettre ce qu'ils vont nous recommander et aider Dierry à avoir la discipline de suivre leurs recommandations.»