Certains d’entre vous avaient peut-être besoin d’une bonne raison de croire de nouveau en Lucian Bute. À mon avis, vous en avez maintenant une.

Samedi soir, après sa victoire face à Andrea Di Luisa par arrêt de l’arbitre au 4e round, pratiquement chacune des 4 000 personnes venues assistées à son premier combat en plus d’un an et demi est restée bien en place jusqu’à ce que Bute ne descende du ring et regagne son vestiaire.

Normalement, après un K.-O. comme celui-là, les gens quittent avant même l’annonce officielle de la décision du combat, mais pas cette fois. C’est une bonne indication que les admirateurs du boxeur d’origine roumaine attendaient un tel résultat pour reprendre confiance en l’ancien champion du monde des poids super-moyens de l’IBF.

J’espère que les gens vont comprendre que Bute tente un retour vers le sommet parce qu’il croit en lui et qu’il le fait pour les bonnes raisons. Il mérite tout notre support.

Il s’agissait d’un combat plus qu’important pour Lucian. Non seulement devait-il chasser ses démons et retrouver ses repères, mais il devait aussi mettre à exécution la stratégie de sa nouvelle équipe d’entraîneurs.

Confronté à un adversaire qui a essayé et lancé de bons coups, atteignant solidement la cible en quelques occasions, Lucian a bien réagi. Plusieurs ont affirmé après le combat qu’il semblait perdu lors des deux premiers rounds, mais ce n’était pas le cas. On a simplement vu le Lucian que l’on connaît. Il suffit de jeter un coup d’œil à sa fiche pour constater qu’il n’a obtenu qu’une seule victoire par K.-O. au premier round en carrière.

Il est donc revenu à ses habitudes, c’est-à-dire prendre son temps, comprendre ce qui se passe, bien analyser son adversaire, trouver les solutions et ensuite se mettre en marche.

Là où Lucian a toujours été dangereux lorsqu’il était à son meilleur, c’était entre le quatrième et le huitième round. On a vu que progressivement, il a pris le contrôle de l’action et s’est senti confortable.

Or, j’ai surtout remarqué deux choses dans la prestation de Lucian. D’abord, il semblait avoir un meilleur contrôle de ses mains que ce que j’avais vu dans ses derniers combats. Il était aussi plus à l’aise avec l’esquive. Il bougeait bien d’un côté comme de l’autre, alors qu’auparavant il avait souvent tendance à reculer sa tête en ligne droite.

Lucian était donc en confiance et en contrôle de ses moyens, tout en n’étant pas très loin du niveau de boxe qu’il avait atteint durant la période où il a remporté ses 10 combats de championnat du monde.

Bref, il est au meilleur de ses capacités. À 35 ans et avec 34 combats professionnels à sa fiche , Bute (32-2, 25 K.-O.) n’a pas besoin de trois ou quatre de type tune-up. L’adaptation à son nouvel entraîneur Howard Grant a été faite, il a l’expérience et l’âge. Tout le monde dans son entourage est sur la même longueur d’onde, que ce soit Lucian, son promoteur Jean Bédard, Al Haymon ou nous : il faut sauter sur la plus grande opportunité qui va se présenter à l’automne.

Est-ce que ce sera Badou Jack, qui doit défendre son titre WBC des poids super-moyens le 12 septembre prochain à Las Vegas contre George Groves? Je ne sais pas.

Des combats de championnat du monde, ce n’est pas nécessairement disponibles quand toi tu le veux, mais je pense que Lucian est suffisamment prêt pour se battre contre n’importe qui de la division.

Au moment d'écrire ses lignes, je ne sais donc pas qui pourrait être enclin à affronter Lucian, mais ce que je sais toutefois, c’est que nous tâchons de trouver une date pour qu’il livre un combat majeur au Québec.

* Propos recueillis par Mikaël Filion