TORONTO – Alors que des combattants des quatre coins du monde débarquent sur la rue Ferrier, à Montréal, pour venir cogner à la porte du Tristar Gym, John Makdessi a décidé de prendre le chemin inverse et d’aller chercher des réponses à une autre adresse.

Depuis six mois, Makdessi ne fait plus partie de l’équipe de l’entraîneur Firas Zahabi. Pour le bien de sa carrière, le cogneur de 31 ans a jugé qu’il était temps pour lui de s’entourer de nouveaux visages, d’aller s’inspirer de nouvelles idées.

« Je n’ai pas fait ces changements parce que mon passé était mauvais ou parce que mon présent est meilleur. Les comparaisons ne sont pas pertinentes, justifie Makdessi. C’est juste que dans la vie, les choses changent. On frappe des murs, on tente d’évoluer et j’avais l’impression de ne plus être heureux où j’étais. Je voulais brasser les cartes, retrouver l’étincelle. »

Makdessi n’a rien de mal à dire contre son ancien camp. Le Tristar, dit-il, occupera toujours une place spéciale dans son cœur et fera toujours partie de sa vie. « Mais ma vie a toujours gravité autour des arts martiaux et je sais quand j’ai besoin d’un changement », ajoute-t-il. Clairement, le « Bull » ne croyait plus que sa philosophie concordait avec la vision de son ancien entourage.

« J’avais besoin de m’entourer de personnes qui sont là pour l’amour du sport et qui partagent la même passion que moi. C’est très important d’être épaulé par des gens qui ont la même vision, la même mentalité, des gens qui peuvent soutirer le meilleur de moi. »

Ce n’est pas d’hier que Makdessi tente de trouver les bonnes combinaisons afin d’élever l’aspect mental de son jeu au niveau de ses qualités athlétiques. Une simple petite recherche dans les archives de RDS le confirme.

- En 2012, le kickboxeur avait admis qu’il s’était laissé déconcentrer par la coupe de poids ratée de Dennis Hallman et qu’il avait perdu la bataille psychologique avant même de lancer un premier coup à l’UFC 140.

- Quelques mois plus tard, avant d’affronter Sam Stout à l’UFC 154, Makdessi affirmait avoir apporté de nombreuses modifications à ses méthodes d’entraînement. « Pour la première fois, je peux dire que je me suis entraîné de façon complète », jugeait-il à l’époque.

- En mai 2015, il mettait fin à une pause d’un an pour affronter le dangereux Donald Cerrone. Déjà, à cette époque, il disait avoir fait le ménage dans ses fréquentations. « J’avais des problèmes personnels, je n’étais pas heureux et j’avais perdu la flamme pour mon sport », avait-il déclaré.

- Après sa douloureuse défaite contre Cerrone, Makdessi avait publié une photo de sa mâchoire fracturée en laissant sous-entendre qu’il envisageait la retraite. Il allait plus tard clarifier sa pensée en disant qu’il avait laissé ses émotions prendre le dessus, qu’il avait parlé sous le coup de la colère et la frustration. « Pour moi, ça s’est toujours passé entre les deux oreilles, reconnaissait-il en toute honnêteté. Je dois constamment vaincre mes propres démons et mettre de l’ordre dans mes idées. »

Cette semaine, à quelques jours de son combat contre Lando Vannata (8-1) à l’UFC 206, Makdessi réitère sans se défiler que son plus gros enjeu demeure de trouver la paix d’esprit et de solidifier les bases de sa confiance.

« Pour moi, l’aspect mental a toujours été la clé. Physiquement, en tant qu’être humain, on est tous très limité. C’est ce qui se passe dans notre tête qui peut nous permettre d’avancer et je travaille constamment là-dessus. Au bout du compte, je n’ai jamais d’autre adversaire que moi-même. »

Fort d’une victoire quelque peu controversée contre Mehdi Baghdad acquise en juillet, Makdessi s’apprête à disputer son deuxième combat avec sa nouvelle équipe. Celle-ci est principalement composée d’Alan Yu, de Thai Long Muay Thai, et de Richard Ho, de H2O MMA. Le vétéran de douze combats à l’UFC est aussi entouré de l’homme d’affaires Maz Mas. Ces trois hommes, qui seront tous dans son coin samedi soir au Air Canada Centre, ont réussi à donner à leur protégé un nouveau sens à sa carrière.

« La vie est une succession de réussites et d’échecs destinés à nous rendre meilleur. Présentement, je me sens très fort mentalement », jure Makdessi.