« Je veux gagner, rien d’autre »

Une intention claire, nette et précise.

Elle émane d’un Johny Hendricks qui, à une semaine de son deuxième combat de championnat du monde consécutif chez les mi-moyens du UFC, ne cache pas son jeu. En fait, le coloré Texan d’adoption la laisse entendre à qui lui prête l’oreille le temps d’une question. Abondamment et sans détour, à l’image de sa dévastatrice main gauche à l’intérieur de l’octogone.

« La dernière fois contre Georges St-Pierre, la ceinture était à ma portée », renchérit-il lors d’un entretien téléphonique avec le RDS.ca. « Mais je l’ai perdu aux mains des juges. Je dois m’assurer que ça ne se reproduise pas. »

En novembre dernier, Hendricks et St-Pierre ont croisé le fer dans ce qui a été le dernier combat avant une pause indéterminée du Québécois d’un sport auquel il doit sa renommée. Deux des trois juges à Las Vegas ont favorisé St-Pierre, mais plusieurs observateurs donnaient le combat à l’aspirant, plus incisif lors des cinq rounds de l’affrontement. Dana White, président peu réservé de l’organisation, abondait également en ce sens que l’aspirant américain aurait dû quitter la capitale du jeu avec la taille alourdie du titre des mi-moyens du UFC.

« Georges St-Pierre appartient à mon passé, » explique Hendricks, plus calme que lors des quelques jours suivants le controversé affrontement. « De toute façon, plusieurs personnes croient que j’ai remporté ce combat, c’est de là que je pars dans ma préparation pour samedi prochain. St-Pierre a délaissé le sport, maintenant, c’est à mon tour de réclamer mon dû. »

« Maintenant qu’il n’est plus dans le portrait, je vais pouvoir prouver aux gens que dans ma tête ce n’était jamais à propos de St-Pierre, mais plutôt à propos de la ceinture. »

Des intentions claires, doublées d’une motivation alimentée par la certitude que son temps est venu de trôner sur la division associée à l’excellence de St-Pierre au cours des six dernières années.

Première collision de l’après-GSP

Afin de couronner le nouveau monarque de la division, Johny Hendricks (15-2-0) fera les frais de l’évènement principal de l’UFC 171 contre le Californien Robbie Lawler (22-9-0).

Affichant trois victoires consécutives au compteur depuis son retour dans l’organisation qu’il a déserté pendant huit ans, Lawler a obtenu la chance d’agripper l’objet de la convoitise d’Hendricks qui, de son côté, ne se fait pas d’illusion par rapport à son adversaire.

« Je crois que Lawler est une plus grande menace pour moi que St-Pierre ne l’était. »

Une sortie surprenante considérant le dominant règne de l’ancien champion de Saint-Isidore, mais Hendricks croit que la force de frappe dévastatrice de Lawler pourrait faire basculer le duel en sa faveur à tout moment.

« On ne peut jamais le compter comme battu durant le combat », précise Hendricks. « Il faut toujours se méfier de sa puissance, contrairement à St-Pierre. »

Avec le recul, Hendricks souligne sans subtilité que la stratégie de St-Pierre était prévisible et, surtout, peu menaçante. Lawler, avec une main arrière lui ayant procuré 19 victoires par KO ou TKO en carrière, gardera Hendricks sur ses talons. Position certainement inhabituelle pour l’ancien lutteur émérite convertie en cogneur forcené depuis sa transition aux arts martiaux mixtes.

« Je dois m’assurer d’éviter sa puissance, » explique-t-il en survolant son plan de match. « Je dois m’assurer d’avoir une meilleure défensive que lui, c’est la chose la plus importante pour moi. »

hendricks.jpgUne deuxième chance dans sa cour

Originaire d’Ada, petite ville ouvrière de l’Oklahoma, Hendricks a établi résidence dans l’état voisin du Texas depuis plusieurs années déjà et il pourra compter sur l’appui des partisans de Dallas le 15 mars, ou du moins il l’espère.

« J’habite à 45 minutes de l’amphithéâtre où aura lieu le combat », souligne-t-il, visiblement attendri à l’idée de passer la folle semaine promotionnelle d’avant-combat près de sa famille et de ses amis.

« Je vais pouvoir aller à la chasse cette fin de semaine pour me détendre. Ça va m’aider à rester motivé. Je vais aussi pouvoir passer du temps avec mes enfants. Quand je vais réclamer la ceinture, samedi, je vais pouvoir rentrer à la maison, me reposer et savourer le moment chez moi. »

Hendricks ne s’est pas battu au Texas depuis décembre 2009, à l’époque pour la défunte WEC. Dans ce qui sera peut-être, après coup, le présage d’un triomphe annoncé, Hendricks s’était mérité les honneurs du combat de la soirée en disposant d’Alex Serdyukov lors de l’évènement WEC 39 à Corpus Christi, à plusieurs centaines de kilomètres au sud de Dallas et à quelques jets de pierre à peine du golfe du Mexique.

« Pour moi, c’est toute une opportunité que de me battre à Dallas. »

Père de deux jeunes filles en bas âge, Hendricks est un homme de famille d’abord et avant tout.

On présume que l’idée de border ses enfants après avoir déposé une ceinture qui lui a filé entre les doigts un peu avant Noël lui a traversé l’esprit à plusieurs occasions et, à l’entendre parler de sa deuxième chance, on ne peut pas douter du fait qu’il puisera une motivation supplémentaire dans le fait de se battre dans sa zone de confort, à la maison, pour ce qui pourrait être sa consécration ultime dans le milieu.

« Si tout se passe bien, je sors de la cage en tant que champion. Si je pense à une autre possibilité, j’ai déjà perdu le combat dans ma tête. »

UFC 171 : place à l'après GSP

Illuminer l’ombre projetée par GSP

Qu’il gagne ou qu’il perde son combat contre Robbie Lawler, Johny Hendricks fait déjà partie de la courte liste personnifiant l’élite et l’avenir de la division des mi-lourds du UFC.

Outre lui et Lawler, Carlos Condit et Tyron Woodley, qui s’affronteront juste avant le combat de championnat de l’UFC 171, espèrent aussi recevoir une chance d’accéder au trône dans un avenir rapproché. Le Canadien Rory MacDonald, tout comme le turbulent Nick Diaz, traine pas trop loin derrière dans l’attente d’une opportunité en or.

« C’est excitant ce renouveau de la division », s’exclame Hendricks, conscient de l’ampleur de la tâche de remplir les gros sabots de St-Pierre. « Il y a plein de combats à venir et plein de combattants prêts à saisir l’occasion. Beaucoup de ces gars-là sont spectaculaires et peuvent rapidement finir un combat. Ça va faire beaucoup de chances au titre à distribuer. »

De plus, l’organisation de Dana White est en transition vers une réalité où les thérapies de remplacement de la testostérone (TRT) ne seront plus autorisées à la suite d’un jugement de la Commission athlétique du Nevada contre la pratique, en février.

« Pour notre sport, c’est une bonne chose », souligne Hendricks à propos de cette nouvelle. « Les athlètes comme moi, qui ne s’inquiètent pas d’échouer un test, n’ont pas à s’en faire avec ce genre de distraction. Au quotidien, ça ne me dérange pas du tout de savoir qui en prend et qui n’en prend pas, mais maintenant, c’est le règlement et tout le monde doit le respecter. »

Éclaboussé au passage par Georges St-Pierre lors de sa croisade pour des tests antidopages accrus avant leur affrontement en 2013, Hendricks ne souhaite pas revenir sur un sujet qui, à quelques occasions, lui a fait hausser le ton au cours des derniers mois.

« Je ne sais pas si la pratique est répandue autour de moi, » réplique-t-il, évasif. « Je ne sais pas trop quoi dire sur le sujet. »

Si Georges St-Pierre appartient au passé d’Hendricks, comme il le souligne assez fréquemment, on le comprend d’éviter des remises en question qui, jusqu’à preuve du contraire, n’ont aucun fondement.

À une semaine de sa deuxième chance de changer le reste de sa carrière, Johny Hendricks est plus confiant que jamais et il ne se laisse pas distraire par le fantôme de St-Pierre.

« Johny est la prochaine grosse attraction. »

Avec sa force de frappe et son petit côté bon enfant particulièrement vendeur chez nos voisins du sud, on peut difficilement contredire l’aspirant au titre qui, à une semaine du UFC 171, entame sa marche sur une route l’éloignant définitivement du spectre de Georges St-Pierre et des doutes entourant la seule tache à son dossier depuis 2010 dans l’octogone du UFC.