MONTRÉAL – À l’époque, le message semblait laisser peu de place à l’équivoque.

C’était en mai dernier. Le dos collé à son lit d’hôpital, la bouche immobilisée par une série de fils métalliques, John Makdessi avait publié un déchirant message sur sa page Facebook.

« J’ai subi beaucoup de dommage pendant ce combat, plus qu’à n’importe quel autre moment de ma vie. Je dois prendre du temps pour réfléchir, guérir et voir ce que je ferai à partir de maintenant. »  

La veille, Makdessi avait subi une fracture de la mâchoire en encaissant un violent coup de pied de Donald Cerrone. Sa performance courageuse contre un adversaire beaucoup mieux classé, dans un combat qu’il avait accepté à quelques semaines d’avis, lui avait valu des éloges de milliers d’amateurs conquis et d’un grand pan de sa confrérie.

Aux yeux de plusieurs, il venait de briller comme jamais. Mais dans sa tête, ce n’était que noirceur.

« Je suis descendu très bas, se remémorait le combattant montréalais mercredi soir. Je n’aurais pas dû écrire tout ça, mais j’étais complètement perdu dans mes pensées et mes émotions. La fracture et tout le reste, ce n’était pas comme ça que j’avais visualisé le combat et de me voir dans cet état, ça m’est monté à la tête. »

On a cru pendant quelques jours qu’on ne reverrait jamais le « Bull » dans l’arène. À 30 ans, cet authentique gladiateur des temps modernes semblait résigné à rendre son épée.

« Il y a eu confusion, j’ai été mal compris, clarifie aujourd’hui l’élève du Tristar Gym. J’en avais surtout contre la façon dont sont divisées les catégories de poids dans mon sport. Depuis toujours, je me bats contre des monstres à 155 livres et j’ai l’impression d’être constamment désavantagé. J’étais frustré et en colère. »

Mais Makdessi a rapidement retrouvé le moral. Après son opération, le chirurgien auquel l’avait confié l’UFC lui a fait comprendre qu’il avait vu bien pire et qu’il serait rapidement de retour sur pieds. Le doc avait vu juste, puisqu’une semaine après son départ de Las Vegas, son patient était de retour dans le gymnase.

« Même avec la bouche fermée, je devais y retourner pour reconstruire mon corps et mon esprit. Pour moi, ça s’est toujours passé entre les deux oreilles. Je dois constamment vaincre mes propres démons, mettre de l’ordre dans mes idées qui se bousculent. J’ai complètement réinitialisé mon cerveau. Dans la vie, on n’a pas le choix. Quand on tombe, on doit se relever et continuer à avancer. »

Avant même de pouvoir manger du solide, Makdessi a retrouvé l’appétit du combat. Pas question pour ce vétéran de dix combats à l’UFC de rester associé à cette défaite contre Cerrone, d’être reconnu comme le « perdant courageux ».

« J’ai pris un risque en acceptant d’affronter Donald. Plusieurs gars au sein de ma propre équipe me le déconseillaient, mais je l’ai fait et je n’ai aucun regret. Je veux toutefois oublier ce qui s’est passé et cultiver des pensées positives. On dirait que les gens oublient qu’avant ce combat, j’ai passé le K.-O. à un excellent cogneur », rappelle le détenteur d’une fiche de 13-4 en faisant référence à sa victoire face à Shane Campbell au Centre Bell.

« C’est cette version de John Makdessi que je veux être et dont je veux qu’on se souvienne », souhaite-t-il.

Makdessi renouera avec l’action face à l’Américain Yancy Medeiros, un combattant issu du même moule que ses célèbres partenaires d’entraînement, les frères Nick et Nate Diaz. Le natif d’Hawaii aime se battre aux poings, mais c’est par soumission qu’il a enregistré ses deux plus récentes victoires.

À sa dernière apparition, Medeiros (11-3) est tombé sous les coups de Dustin Poirier en moins de trois minutes. Lui aussi aura des choses à se faire pardonner quand la porte de l’octogone se refermera derrière lui samedi soir.

« Je ne sous-estime jamais mes adversaires, assure Makdessi. J’ai bûché fort à l’entraînement et toute ma préparation s’est bien déroulée. C’est là que je puise toute ma confiance. »

Après avoir brillé sous les projecteurs de la carte principale à ses deux dernières sorties, Makdessi devrait se battre devant des gradins presque déserts samedi. Son combat, le deuxième de la carte, est bien loin de susciter l’intérêt des attractions principales du très solide UFC 194, mais ça ne l’embête pas outre mesure.

« J’ai déjà prouvé à l’UFC qu’à chaque fois que je me bats, je donne un bon spectacle. Je crois que c’est pour ça qu’ils m’ont fait une place sur ce gala d’envergure. Pour le reste, c’est hors de mon contrôle et je n’y accorde pas d’importance. »  

RDS2 : Vendredi

18h30 : GSP : L’ADN d’un champion
20h : UFC : L’ultime combattant – Finale TUF 22

RDS2 : Samedi

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15h : UFC : L’ultime combattant – Finale TUF 22
19h : UFC 194 : Le décompte
20h : UFC 194 : Les combats préliminaires

18 décembre sur RDS2

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