MONTRÉAL – Le contraste avait sauté aux yeux dès que l’identité de l’adversaire de Marc-André Barriault pour ses débuts à l’UFC avait été annoncée. Andrew Sanchez s’était déjà battu sept fois pour la prestigieuse organisation lorsqu’il a été désigné pour baptiser la recrue québécoise.

 

Le soir du combat, l’écart d’expérience entre les deux hommes avait pesé dans la balance. Barriault s’était bien débrouillé, menaçant même de passer le K.-O. à son adversaire au deuxième round, mais Sanchez avait eu la sagesse d’adapter son approche et avait repris l’ascendant avant la cloche finale. Barriault s’était incliné par décision unanime. Comme prix de consolation, il avait dû se contenter d’une tape dans le dos de Mick Maynard, le matchmaker de l’UFC, qui l’avait rassuré sur l’impression qu’il avait laissée.

 

« J’avais bien perdu. C’est ce qu’on m’a dit », récapitule-t-il deux mois et demi plus tard.

 

Pour son retour dans l’octogone, le 27 juillet à Edmonton, Barriault devra négocier avec un adversaire encore plus aguerri. Krzysztof Jotko est arrivé à l’UFC à l'époque où Barriault était encore chez les amateurs. Il s’est battu onze fois sous la prestigieuse bannière américaine, y a connu une séquence de cinq victoires et a compilé une fiche de 7-4. Il a fait la limite contre des vétérans comme Thales Leites et David Branch, a fait vivre l’enfer à Uriah Hall, a déjà goûté au top-10 de la division des poids moyens. On ne parle peut-être pas d’un futur membre du Temple de la renommée, mais le Polonais a déjà vu neiger. Au total, Jotko (20-4) a presque deux fois plus de combats à son actif que Barriault (11-2).

 

Au premier regard, le choix d’adversaire est douteux pour un gars qui en est encore à ses premiers pas dans les grandes ligues.

 

« Il y a beaucoup de personnes qui se demandent un peu ce que je fais là ou ce que l’UFC essaie de faire avec moi, réalise Barriault. J’en parlais avec Olivier Aubin-Mercier dernièrement. Quand il est rentré dans la compagnie, ça ne marchait pas comme ça. C’était étape par étape, les gars se montaient un peu une fiche contre des gars qui avaient sensiblement la même expérience. »

 

« Mais je n’ai pas de problème avec ça parce que ça cadre avec le style de combattant que je suis, enchaîne-t-il. Mon parcours chez TKO a toujours été un peu comme ça, j’ai toujours eu les plus gros défis devant moi. J’étais souvent le négligé. C’est comme ça que j’élève ma game. C’est sûr que maintenant que je suis rendu avec l’élite de mon sport, il faut que ça soit calculé. On ne veut pas non plus se garocher dans la gueule du loup. Mais quand on a eu le nom de Jotko, je le connaissais un peu, j’ai regardé ses derniers combats et je pense que c’est un gars qui va me permettre de bien m’exprimer. »

 

Contrairement à Sanchez, dont les habiletés de lutteur entraient en pure contradiction avec les faiblesses de Barriault, Jotko semble effectivement moins équipé pour emmener le Québécois très loin de sa zone de confort. Il est un pugiliste accompli, certes, mais sans grande puissance, et son menton commence peut-être à montrer des signes d’érosion.

 

En 2017 et 2018, il a subi les deux premières défaites par K.-O. de sa carrière contre Hall et Brad Tavares. À son retour à la compétition, il a opté pour un plan de match ultra-prudent en tentant et réussissant quatre amenées au sol dans une victoire par décision unanime contre Alen Amedovski.

 

Testera-t-il de nouveau l’efficacité de cette formule gagnante ou sera-t-il tenté de revenir aux sources contre un adversaire qui a encore tout à prouver? Barriault s’attend à tout, mais ne craint aucun scénario.

 

« J’ai regardé ses patterns, assure l’élève de Dany Laflamme et François Duguay. Son takedown avec la petite jambette qu’il fait pour entrer à l’intérieur, c’est quelque chose que moi-même je travaillais déjà. Je sais c’est quoi l’entrée, donc je connais bien la défense qui va avec. S’il essaie de se rendre à moi, il va comprendre que j’ai une bonne structure. Pour m’amener au sol, Sanchez avait travaillé fort, il y allait avec de la puissance, il prenait mes deux jambes. Lui, étant donné qu’il va peut-être juste vouloir ralentir l’action, dès qu’il va s’approcher, je vais le faire payer à chaque fois. À distance, c’est un gars qui aime se déplacer en volume. Il rentre, il sort, il rentre, il sort. Je pense qu’il va aller se placer dans mes coups sans même que j’aille le chercher. Et là il va comprendre assez rapidement pourquoi on m’appelle ‘Power Bar’. »

 

À sa première saucette dans l’octogone, Barriault a touché la cible avec 69 frappes significatives, dont 46 au deuxième round seulement, sans pouvoir envoyer son adversaire au tapis. Le sentiment est inhabituel pour un gars qui a signé huit de ses onze victoires par K.-O et le cogneur de 29 ans est confiant qu’il ne le revivra pas une deuxième fois.      

 

« C’est un gars qui a énormément de décision dans sa carrière, c’est pas un gars qui finit beaucoup ses combats. Je pense que pour moi, c’est une bonne façon non seulement de pouvoir montrer ce dont je suis capable, mais de pouvoir le montrer contre des gars de ce calibre-là. Pour mon avancement, je pense que ça peut aller plus vite qu’on pense quand on prend les bons défis au bon moment. »