La puissante offensive des Leafs n'en fait pas assez
Les Maple Leafs se retrouvent encore une fois dans une position qui leur est beaucoup trop familière. Leur attaque, 2e dans la LNH en buts cette saison, n'a que six buts en trois rencontres alors que Toronto fait face à un déficit de 2-1 face à leurs éternels rivaux, les Bruins de Boston. Auston Matthews et John Tavares n'ont qu'un but chacun, Mitch Marner a pris trois matchs avant d'obtenir sa première mention d'aide, et William Nylander n'a pas encore joué en séries, incommodé par une blessure.
Ce n'est pourtant pas faute d'essayer. Matthews et Tavares se classent 2e et 3e en chances de marquer par match en séries, avec au moins cinq chacun par rencontre. Parmi les équipes en séries, les moyennes par match de Toronto sont 4e en buts attendus, 2e en tirs de l'enclave, 1re pour les passes complétées vers la zone payante. Malgré tout, leurs 2,00 buts par match sont à égalité au dernier rang parmi les 16 clubs en séries, et les Leafs sont les seuls à avoir déjà disputé trois rencontres.
Ils se sont simplement butés à pas un, mais deux gardiens au sommet de leur forme. Jeremy Swayman et Linus Ullmark forment l'un des duos de gardien les plus uniques que l'on a vu dans la LNH. Ils ont alterné les départs pour pratiquement toute la saison et leur entraîneur Jim Montgomery a décidé de continuer ce système d'alternance en séries. C'est une décision qui a fait beaucoup jaser, avec l'importance d'être dans la zone en séries et de gagner en rythme avec chaque départ. Après trois matchs, je doute que les Bruins regrettent cette décision.
Dans une année avec plusieurs équipes qui ont décidé de rouler les dés avec des gardiens assez ordinaires (je parle de toi, Cam Talbot), Swayman et Ullmark continuent d'exceller en alternance. Ils combinent pour trois des quatre meilleurs départs en séries jusqu'à présent, incluant de loin le meilleur départ avec plus de trois buts sauvés par Swayman lors du premier match. Même la performance de Ullmark dans la défaite a gardé le match serré jusqu'à la fin. Les Bruins sont d'ailleurs passés bien près d'échanger ce dernier à la date limite des transactions.
Bien que, sur papier, échanger un gardien pour ajouter un centre de 1er ou 2e trio ou autre renfort serait la chose à faire, briser la camaraderie entre les deux gardiens pourrait facilement faire plus de mal que de bien. Ce sont des aspects plus difficiles à quantifier, mais je n'ai aucun doute que garder cette magnifique chimie intacte a un impact positif non seulement sur les deux gardiens, mais sur le vestiaire entier.
Du côté de Toronto et Ilya Samsonov, une tendance très évidente commence à se dessiner. Des neuf buts accordés par Samsonov jusqu'à présent, sept l'ont battu du côté du bouclier. C'est encore trop tôt pour dire que c'est véritablement une faiblesse, surtout qu'en saison régulière il était en ligne avec les moyennes de la ligue pour les buts accordés côté bouclier. Aussi, sur plusieurs de ces sept buts, des jeux de passes parfaits ne lui ont pas vraiment laissé la chance de faire l'arrêt, mais certains de ces tirs se doivent d'être repoussés. Le but de Trent Frederic hier soir est un exemple flagrant.
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Le but est venu tout juste après du jeu douteux entre Brad Marchand et Tyler Bertuzzi au centre de la glace, ou Marchand a fait trébucher Bertuzzi a deux reprises, ce qui a pu distraire Samsonov, mais ça n'excuse pas ce but. Décoché en périphérie, sans écran, avec plusieurs défenseurs autour de lui et aucune option de passe, c'est simplement un genre de but que tu ne peux pas te permettre d'accorder dans un match de séries. Gardez un oeil sur les tirs des Bruins au prochain match, il ne serait pas surprenant qu'ils cherchent à attaquer le bouclier de Samsonov encore une fois.
Unités spéciales
En séries, les unités spéciales sont plus importantes que jamais. Le jeu devient plus serré et les arbitres peuvent décider d'avaler leur sifflet à tout moment. Chaque punition peut faire chavirer un match. Une pénalité écoulée peut donner un second souffle à une équipe, et un but en avantage numérique peut venir clouer le cercueil de ton adversaire. Jusqu'à présent, les Bruins dominent le duel des unités spéciales.
Avec cinq buts en avantage numérique (dont un dans un filet désert), les Bruins ont un taux d'efficacité absurde de 50% sur l'attaque massive. De l'autre côté, Toronto n'a qu'un maigre but et un taux d'efficacité de 9,1%. On est loin de l'unité dominante de saison régulière. L'absence de William Nylander, qui a mené l'équipe avec 35 points, vient évidemment faire mal, mais, et j'ai l'impression de me répéter, les gardiens jouent un énorme rôle après trois matchs.
Swayman et Ullmark ont été presque parfaits contre l'avantage numérique des Leafs avec un taux d'arrêt combiné de ,952, une performance qui serait incroyable peu importe la situation. En fait, ce serait le 2e meilleur taux chez un gardien en séries cette année, derrière seulement... Jeremy Swayman, qui a un ,955 à ses deux départs. Mais repousser plus de 95% des tirs que tu affrontes en désavantage numérique contre une des attaques les plus puissantes de la LNH, c'est tout un exploit. Ça vient non seulement frustrer les meilleurs effectifs des Leafs, mais ça vient aussi les fatiguer, forçant les 3e et 4e trios à sauter sur la glace après un deux minutes intense pour les gros canons.
Bref, encore une fois, comme c'est le cas presque chaque année, la puissance offensive des Leafs n'arrive pas à en faire assez pour être la différence en séries. C'est quelque chose qui est malheureusement trop commun pour la formation ontarienne. Il n'y a pas de solution miracle ou de statistique magique. Tes étoiles doivent faire la différence en séries et ce n'est tout simplement pas le cas à Toronto, un refrain beaucoup trop commun pour leurs partisans. Un match dominant de deux ou trois buts d'Auston Matthews ferait des merveilles pour le moral, et ils en ont besoin au plus vite, parce qu'ils ne sont déjà qu'à une défaite de faire face à l'élimination.