MONTRÉAL - Un pilote québécois pourrait se frotter à Lewis Hamilton, Nico Rosberg et Sebastian Vettel d'ici quelques années seulement.

Lance Stroll, qui a signé une entente afin d'intégrer le programme de développement de l'écurie de Formule Un Williams la semaine dernière, rêve de suivre les pas de Jacques Villeneuve.

Natif de Montréal, mais installé à Genève, en Suisse, Stroll s'est dit très honoré de pouvoir être comparé à un pilote comme Villeneuve, qui a remporté le championnat du monde de F1 avec Williams en 1997.

« J'aime ça être comparé à Jacques, admet d'emblée le jeune homme de 17 ans en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne. C'est bien d'entendre qu'un pilote comme lui, qui a gagné avec Williams, ait donné une bonne réputation aux pilotes canadiens dans une équipe comme celle-là. J'espère pouvoir faire la même chose que lui, c'est certain.

« Évidemment, ce n'est plus le même sport - les voitures ont changé, les équipes ont changé et les pilotes ont changé -, mais Williams a toujours été reconnue pour donner une chance aux jeunes pilotes. On n'a qu'à penser à Nico Rosberg, Jacques, Jenson Button et Valtteri Bottas, par exemple. C'est très positif de savoir qu'ils (Williams) croient aux jeunes pilotes. »

Stroll a indiqué que les négociations avec Williams avaient commencé en juin dernier, et que l'entente a été conclue au mois de septembre. Le principal intéressé a d'ailleurs admis que sa réflexion avait été particulièrement difficile puisqu'il faisait partie de l'académie Ferrari depuis 2010.

« J'ai pratiquement commencé ma carrière avec Ferrari, et donc ça fait cinq ans qu'on est dans la même famille, a-t-il expliqué. C'est sûr que ce n'est pas facile de quitter (Ferrari), mais Williams constitue vraiment une opportunité extraordinaire pour mon avenir. C'était le bon choix à faire. »

Concrètement, le pilote québécois ignore s'il pourra donner quelques coups de roue à bord d'un bolide de l'écurie britannique au cours de la prochaine saison.

« Ça se peut que je fasse des essais à bord d'une Williams, a-t-il admis. Je ne sais pas encore si ce sera possible de rouler dans une vieille voiture, car pour le moment je me concentre sur ma prochaine saison en F3. »

D'ailleurs, après une première saison en F3 avec l'équipe italienne Prema PowerTeam lors de laquelle il s'est démarqué par un pilotage agressif mais aussi par une rapidité certaine, le directeur de l'équipe, René Roisin, a souligné sa progression dans une entrevue accordée au début du mois de novembre au site Internet motorsport.com.

« Débutant dans une compétition aussi exigeante, il a ébloui les autres recrues de sa classe et s'est également battu face à des rivaux bien plus expérimentés, prouvant qu'il est prêt pour l'étape suivante, a mentionné Roisin. Je suis sûr qu'il a tout ce qu'il faut pour obtenir des résultats plus brillants et se battre pour la couronne de F3 la saison prochaine. »

Stroll pourrait donc devenir très bientôt le premier Québécois en F1 depuis Villeneuve, dont la carrière s'est étalée de 1996 à 2006. Bien qu'il refuse d'établir des échéanciers clairs pour son accession à la F1, Stroll admet qu'il ne se contenterait pas de courir dans une série alternative comme la Formule E, dans laquelle évolue présentement Villeneuve.

« Mon objectif, c'est vraiment la F1. Et ça le sera toujours », a-t-il martelé.

L'argent, le nerf de la guerre

On le sait, la F1 est une affaire de gros sous.

Heureusement pour Stroll, son père, Lawrence, est un milliardaire qui a fait fortune dans le textile, notamment en commercialisant la marque Tommy Hilfiger. Il est également le propriétaire du circuit de Mont-Tremblant.

De nombreuses rumeurs ont circulé au cours des dernières années à l'effet que Lawrence Stroll cherchait à investir dans une équipe de F1. Bien qu'il admette que l'appui financier de son père soit essentiel à sa carrière de pilote, Stroll dément toutefois son implication en coulisses dans la conclusion de l'accord avec Williams.

« Mon père n'a rien à voir dans le processus avec Williams, assure-t-il. Ils m'ont choisi après de nombreuses entrevues parce qu'ils croient en moi et que selon eux, je suis un des meilleurs pilotes de mon âge au monde. Cette entente est bonne pour les deux parties.

« Ceci étant dit, c'est sûr que c'est important d'avoir des commanditaires en F1 aujourd'hui, parce que comme on peut le voir, il y a plein de bons pilotes qui se cassent les dents parce qu'ils n'ont pas les reins assez solides, a-t-il reconnu. Ça ne devrait pas être comme ça, mais ça l'est, alors c'est bien d'avoir des connexions. »