Pub F1- texte Ray LalondeSelon Formulamoney.com, Sebastian Vettel, pilote étoile de l’écurie Ferrari, a mérité un salaire de 50 M$ US en 2015. Fernando Alonso, ancien membre de Ferrari maintenant avec McLaren, possède quant à lui un salaire de 40 M$ pour les deux prochaines saisons. Et le champion du monde en titre, Lewis Hamilton, se tire bien d’affaire avec un salaire de 31 M$ et un boni de performance de 10 M$ par année. On peut admettre de façon assez évidente que les pilotes de F1 gagnent bien leur vie!

Cependant, malgré une situation financière enviable à bien des égards, la F1 doit faire face à plusieurs défis et de nombreuses critiques qui peuvent à long terme menacer un modèle d’affaires bien établi.

Le début de la saison 2016 a été marqué par une forte controverse sur le nouveau format des qualifications supporté par la FIA et Bernie Ecclestone mais très critiqué particulièrement par les pilotes. En plus d’un désaccord sur l’aspect technique de ce changement, la manière dont il a été imposé (délai réduit, manque de consultation, etc.) a créé tout un émoi, mettant à jour des problèmes de gouvernance et critiquant indirectement Bernie Ecclestone. Dans une lettre ouverte adressée aux dirigeants de la F1 et diffusée dans les médias, l’Association des pilotes de F1 (GPDA) a ainsi lancé un appel pour « restructurer la gouvernance » de la F1 qu’ils qualifient par ailleurs « d’obsolète et de déficiente ». Cette mini-crise n’a pas entraîné de révolution, car ultimement, tant la majorité des écuries, la Fédération internationale automobile que les actionnaires de la F1 sont encore satisfaits de la manière dont est gérée la F1 et des revenus qu’elle génère. Néanmoins, cette crise a mis au grand jour des interrogations plus profondes sur l’évolution de la F1, de sa gouvernance et de son modèle d’affaires, et surtout de l’après-Ecclestone pour l’ensemble des protagonistes. À 86 ans, le « big boss » de la F1 n’entend pas ralentir ou se retirer mais il ne sera pas éternellement en poste, et la question de la transition se pose de plus en plus et représente un des défis majeurs de la F1 à court terme. 

Une stratégie globale et de gestion d’expansion en question

Pendant des années, la F1 s’est développée autour de circuits phares, principalement en Europe. Avec une stratégie de croissance et de revenus essentiellement basée autour d’une augmentation constante des droits payés par les promoteurs/organisateurs locaux des Grands Prix, la F1 a lentement poussé certains circuits traditionnels vers la sortie en faveur d’emplacements plus exotiques (Bahreïn, Azerbaïdjan, Malaisie, Chine, Abou Dabi, Sotchi). Si les revenus des droits d’organisation sont au rendez-vous (67 millions $ pour Abou Dabi par exemple), il est cependant raisonnable de se poser des questions en terme de stratégie globale de marque de la Formule 1. Quel est l’effet de ces délocalisations sur la perception de la F1 pour le grand public moins nombreux globalement? Y a-t-il une synergie entre ces nouveaux circuits et la marque F1? Où cette stratégie de délocalisation s’arrêtera-t-elle? Autant de questions/défis auxquels la F1 doit faire face dès maintenant. Quelques pistes montrent cependant une compréhension de l’importance stratégique de certains Grands Prix mythiques à qui la F1 réclame des droits réduits (7 millions $ à Monza) ou même nuls (0 $ à Monaco). L’important sera de s’assurer d’une balance critique pour la F1 à long terme.

Une stratégie de fidélisation des amateurs pas évidente

Un autre défi de taille pour la F1 consiste à fidéliser une base de partisans plus importante et à les rassembler autour d’un point durable sur la saison, et pas seulement auprès d’un seul évènement. L’amateur de F1 doit redevenir ce qu’il était lors des duels épiques Prost-Senna, Villeneuve-Schumacher. Il existait autrefois une grande fascination pour un coureur en particulier comme James Hunt ou Ayrton Senna ou pour une marque comme Ferrari. La F1 manque actuellement de ces éléments catalyseurs sur une base continue qui transforme le spectateur en amateur et elle doit travailler à développer et faciliter ces caractéristiques de sa marque. Ces changements viendront peut-être de changements de règles (compétitions plus égales), ou d’une meilleure communication autour des pilotes. Il faudra également considérer une meilleure accessibilité à ces derniers et même une restructuration et une révision géographique du calendrier, mais quelle que soit leur origine, ces changements font partie des nombreux défis à relever pour la F1 dans les années à venir.

Ne ratez pas lundi le troisième article d’une série de cinq sur la business de la F1 : Les baisses d’assistance et d’audience télévisuelle dans la F1.